Virtual Boy
L’état de la situation :
En fin d’année 94 et début 95, le marché des 16 bits est à saturation, les ventes ne cessent de décliner et les bénéfices des 2 géants ont considérablement chuté. En comparant les chiffres avec l’année faste qu’a été celle de 92, on remarque que les bénéfices de Nintendo ont diminué de 40% et ceux de Sega de plus de 50%. Les joueurs se lassent du manque d’imagination que les éditeurs font preuve lors de la création de titres 16 bits. Le renouveau de l’industrie du jeu vidéo doit se faire par l’utilisation de nouvelles machines 32 bits plus puissantes qui certes, ne comblerons pas le manque d’originalité mais permettront la sortie de jeux bourrés d’effets spéciaux qui en jettent. Alors que Sega se lance dans cette aventure grâce à la Saturn et Sony grâce à sa Playstation, Nintendo parle d’un projet lointain, une certaine console 64 bit. Elle semble très prometteuse mais n’est encore qu’un projet et tout le monde sait qu’il faut se méfier des affirmations du Big N.
Durant l’été 94 des rumeurs avaient filtré disant que Nintendo préparaient une console 32 bit révolutionnaire. L’initiateur du projet serait Gunpei Yokoi qui travaillerait avec son équipe R&D1 en collaboration avec Reflection Technology Inc. Cette nouvelle machine permettra de créer des nouveaux effets 3D époustouflants. Les spéculations vont bon train, elles oscillent entre fascination et incrédulité. Certains, voyant que Gunpei est de la partie, fondent d’énormes espoirs sur cette machine tandis que d’autres n’y voient qu’une machination de Yamauchi pour nous faire oublier l’éloignement du projet Ultra 64. En fin d’année 94, lors du salon annuel Shoshinkai au Japon où les éditeurs montrent les jeux qu’ils sortiront sur les consoles Nintendo, est faite une démonstration du Virtual Boy qui met tout le monde d’accord.
Une drôle de console :
La 32 bits de Nintendo a beaucoup surpris d’une part par le simple fait de sa présence et d’autre part à cause de son look particulier. Une sorte de casque enfermant 2 écrans est maintenu sur un bipied et est relié à une manette contenant les piles d’alimentation. La présence de ces piles nous fait penser que la console est portable mais il n’en est pas question. Le casque est beaucoup trop gros pour être considéré comme tel et de plus le bipied doit être posé sur une surface plane et fixe. Il est donc impossible de le trimbaler partout. Le casque n’est pas un casque de réalité virtuelle mais donne des effets 3D plutôt impressionnants. A l’intérieur de ce dernier se trouve 2 écrans LED indépendants, un pour chaque il. Les 2 écrans diffusent la même image mais légèrement décalée pour donner une illusion de profondeur. Avec un processeur RISC 32 bit cadencé à 20MHz, on s’attendait à voir des tonnes de couleurs à l’écran mais malheureusement le Virtual Boy n’affiche que du rouge sur un fond noir. La puissance du processeur est en fait utilisée pour créer des effets 3D d’un réalisme étonnant et jamais vu sur console.Caractéristiques de la machineVirtual BoyProcesseur
Nec v810 32 bits à 20MHz (18 MIPS)RAM
1Mo DRAM
512ko P-SRAM
1Ko cacheCapacités graphiques
écran de RTI
écran LED haute résolution à 50,2Hz
résolution 384x224
4 couleurs avec 32 niveaux de brillanceCapcités sonores
16 bits stéréo
2 haut-parleurs
Durant ce show, la presse n’est pas convaincue par cette machine et à tendance à la descendre. Il faut avouer que le Virtual Boy s’offre de quelques gros défauts. Premièrement, lors du Shoshinkai, Nintendo n’a présenté que 3 jeux qui sont loin d’être révolutionnaires. Les journalistes découvrent Mario Bros VB (qui deviendra Mario Clash) qui est un remake de Mario Bros., Teleroboxer un jeu de combat et enfin Space Pinball ( Galactic Pinball) qui n’est qu’un simple jeu de flipper. Deuxièmement, au bout de quelques minutes de jeux, les yeux commencent à fatiguer sévèrement et les joueurs ont des maux de têtes. C’est sans doute l’effet le plus gênant, comment apprécier un jeu si il nous donne le tournis ? Malgré tout Nintendo espère commercialiser son petit gadget vers avril 95 dans un premier temps au Japon et vendre 3 millions de consoles la première années avec 14 millions de cartouches. Les chiffres peuvent paraître étonnant mais Nintendo s’aventure dans un terrain vierge et loin de toute concurrence. Les futurs Playstation et Saturn seront bien plus chères et n’apportent pas du tout le même plaisir de jeu.
La console sort finalement le 21 juillet au Japon et un mois plus tard aux Etats-Unis. Les ventes sont désastreuses, Nintendo qui pensait en vendre 250 000 en un mois n’en écoule à peine 50 000. Les prix sont même revus nettement à la baisse mais rien n’y fait, les ventes ne décollent pas. Beaucoup trop d’enfants se plaignent d’avoir des nausées après avoir joué au Virtual Boy et de plus une rumeur stipule que la console est dangereuse pour les yeux des enfants de moins de 7 ans. Mais le pire n’est pas là, il se situe au niveau de la ludothèque. Le Virtual Boy ne possède pas de jeux exceptionnels qui permettraient de lancer la console, comme la Super Nintendo avec Street Fighter 2. La diffusion de la console est donc arrêtée en milieu d’année 96 et le Virtual Boy n’atteindra jamais les côtes européennes.
Le Virtual Boy fut le plus gros échec de Nintendo, la console ne se vendit pas du tout et les fonds investis dans le projet sont irrémédiablement perdus. Ce flop arrive au plus mauvais moment pour cette compagnie. Alors que les consoles nouvelle génération débarquent en force, Nintendo est encore loin de sortir la sienne et la jonction Super Nintendo-Ultra 64 risque d’être difficile car le Virtual Boy ne remplira pas ce rôle. Beaucoup de joueurs impatients vont forcément se tourner vers Sega ou Sony. L’image de Nintendo, fleuron des jeux vidéos en prend un sérieux coup et cela se ressent nettement dans les actions boursières de la compagnie. Au début des années 90, une action valait aux alentour de 2000F (300) et en juillet 95, elle ne vaut même pas 300F (45) soit une valeur presque divisée par 10 !! Cette histoire est également un coup dur pour Gunpei Yokoi qui quitte la compagnie mais dément tout liens avec cette énorme échec.
Etre allongé et faire semblant de dormir, avoir les longs cheveux et la main verte, voilà ce qu’il faut pour jouer au Virtual Boy. Un monde à part !!!!!!!