Nintendo : de la Super NES au GameCube

On va faire un résumé de chez résumé. Dans la première partie du dossier, on a vu l’ascension de Nintendo jusqu’à son apogée dans les années 80. Qui dit apogée, dit indubitablement descente. Et voilà, c’est deuxième partie, nous contera la prise de pouvoir du géant Sony et la survivance de Nintendo. Chose vite dite car le compère Mario n’est pas du tout en situation financière difficile. Oh, que non!


Les projets abandonnés

Une Super Famicom portable :

Bandaï avait en projet de mettre sur le marché japonais une Super Famicom portable mais un peu spéciale. Cette machine ne devait pas être uniquement destinée au jeu mais servir également d’outil de travail. Elle ressemblait à un ordinateur portable et était prévue pour recevoir plusieurs extensions telles qu’un CD-Rom, une imprimante ou encore un modem pour envoyer des Fax. Le Home Entertainment Terminal (HET) ainsi nommé ne devait pas du tout être en concurrence avec la Gameboy car le public visé n’était pas le même. Le HET se destinait plutôt à des hommes d’affaires n’ayant pas froid aux yeux. Avec son prix de 4000F (600€), le HET avait de quoi rebuter surtout en vue de ses capacités qu’il offraient pour le jeu. Son écran LCD couleur de 8 cm et son alimentation par piles d’une durée de 45 minutes faisaient grise mine face au prix de l’engin. Finalement Bandaï ne commercialisa jamais cette console et la laissa au stade de prototype car il jugea l’affaire trop risquée.

Super Famicom portable

Un lecteur CD-Rom tant attendu :

Le périphérique qui a fait couler le plus d’encre est bien entendu le fameux lecteur de CD-Rom pour la Super NES. Il devait concurrencer le MegaCD de Sega sorti en décembre 91 au Japon. Nintendo dans un premier temps fait appel à Sony pour réaliser cet addon. Lors du CES de juin 91, le périphérique CD-Rom pour la Super Nes est présent. Le Super Nintendo Play Station ainsi nommé est prévu pour faire fonctionner des jeux normaux de 680Mo. Par jeux normaux, il faut entendre jeux sans chipset spécial. Le produit ne sera jamais mis en vente car Nintendo est en désaccord avec Sony. Un ancien contrat signé entre ces 2 compagnies, lors du développement de la Super Famicom, stipulait que si Sony devait fabriquer un nouveau support pour la Super Nes, il aurait le contrôle des logiciels utilisant ledit support. Nintendo, voulant garder la main mise sur ses jeux, rompt le contrat avec Sony et se tourne vers Philips qui est le co-inventeur du CD-Rom (avec Sony).

Playstation

Philips est beaucoup plus conciliant. Il laisse le contrôle des jeux à Nintendo mais demande en échange de pouvoir créer des jeux avec l’univers de Mario et Zelda pour son support CDI. Lors du CES de janvier 92, Nintendo annonce qu’un lecteur de CD-Rom développé en partenariat avec Philips sera prêt pour les fêtes de fin d’année. Malheureusement au CES du juin, Nintendo revient sur sa position et espère que l’extension CD-Rom sortira au mieux en début 1993. Pourquoi ce retard ? Yamauchi ne veut pas d’un simple lecteur de CD-Rom, il veut que cette extension booste les capacités de la console et tienne compte des améliorations faites sur les cartouches et notamment du nouveau processeur Super FX. Il aimerait aussi que les jeux CD-I soient compatibles avec l’addon Super NES.

Nintendo Disk

Au CES d’été de 93 à Chicago, Nintendo montre les caractéristiques finales que devrait avoir ce fameux lecteur de CD-Rom appelé pour l’occasion Super Nintendo ND (Nintendo Disk). La machine comprendra un co-processeur 32bit cadencé à 21MHz et une Ram de 8Mbit permettant l’affichage de 16,7 millions de couleurs. Les jeux seront stockés sur CD ayant une capacité de 540Mo et une cartouche spéciale assurera la communication entre la console et l’extension CD-Rom. Le ND sera compatible avec les jeux CD-I et sera vendu à 200$ vers le début de l’année 94. Les quelques jeux annoncées sont en générale des suites de grosses pointures comme un nouveau Mario ou Zelda et un énième Street Fighter. Au grand désespoir des journalistes et fan de Nintendo, il n’est montré aucun prototype et aucune image des prochains jeux sur ce support. A la place, nous avons le droit à une démonstration des possibilités du nouveau chipset Super FX.

CD face avant CD face arrière

Quelques temps plus tard, nous avons droit à un nouveau rebondissement puisque Nintendo annonce qu’il abandonne tout simplement le projet. La décision a sûrement été précipitée à cause des mauvais résultats du Mega-CD de la Megadrive. Les ventes de cette extension sont largement inférieures aux prévisions escomptées. De plus la compatibilité du ND avec le CD-I est plus un inconvénient qu’un avantage vu les énormes bouses qu’on peut trouver sur la machine de Philips. Au final, cette histoire aura porté de gros préjudices à Nintendo. Premièrement Sony a su s’enrichir, non pas en argent mais en savoir, en s’unissant avec Nintendo. En apprenant les méthodes et les choix à faire pour sortir une console viable, il a réussi à s’implanter dans le milieu des éditeurs de consoles de jeux. C’est peut-être à cause de cette raison que Sony n’a pas intenté de procès contre Nintendo. Au lieu de perdre son temps et son argent vers une issue incertaine, il a préféré mettre à profit tout le savoir fraîchement gagné pour fabriquer une nouvelle console 32bit. Et deuxièmement, Nintendo a perdu la confiance de la majorité de ses fidèles. Les espoirs trop longtemps entretenus et soudainement balayés ont totalement modifié la vision que les gens ont de l’entreprise. Maintenant, il serait bon de se méfier des dires de ses dirigeants.