Des jeux hors normes
Des cartouches boostées :
Dès sa sortie la Super Famicom bénéficiait de cartouches modifiées qui amélioraient ses capacités. Nintendo savait que son processeur principal causait quelques problèmes car manquait de puissance. La machine était pourtant une bête de course mais les développeurs l’utilisaient mal. Un autre point qui obligea Nintendo à gonfler ses cartouches est la concurrence qu’il y avait avec Sega. Ces 2 compagnies rivalisaient d’ingéniosité pour créer les jeux les plus impressionnants.
Comme pour la Nes, les changements commencent d’abord par un gonflement de la capacité des cartouches. Les premières étaient seulement de 128Ko (1Mbit). Au fur et à mesure de l’avancement de la technologie et devant la popularité grandissante de la console, les éditeurs n’hésitèrent pas à commander des cartouches de plus en plus grosses, d’abord 256Ko (2Mbit), puis 512Ko (4Mbit), et ainsi de suite jusqu’à 6Mo (42Mbit) pour la plus grosse. Les plus gros jeux Super Famicom sont : Tales of Phantasia de Namco et Star Ocean d’Enyx.
A côté de ces changements de capacité, certaines cartouches ont en leur sein des puces spéciales qui déchargent le CPU de certaines taches. Yamauchi ayant compris les erreurs du passé et voulant éviter de nombreux procès, autorise les éditeurs tiers à fabriquer leurs propres chips selon leurs besoins. La première puce à être implantée est le DSP1 acronyme de Digital Signal Processor. Il est spécialement créé pour utiliser les fonctionnalités du mode 7 et améliore ainsi le rendu graphique des rotations et des zooms. Le premier jeu qui contient cette puce et qui en abuse est Pilot Wings, zooms et rotations à outrance pour un plaisir de jeu inédit sur console. Les autres jeux utilisant ce chip sont ,par exemple Super Mario Kart, Armored Trooper Votoms, Super 3D Baseball et Ballz 3D, ce sont pour la plupart des jeux en pseudo 3D.
Le chipset DSP se décline en plusieurs versions, chacune d’entre elle possède le même hardware, seul le software est différent. Ainsi on trouve les déclinaisons suivantes qui sont chacune implantée dans un jeu unique, le DSP2 se situe dans Dungeon Master, le DSP3 dans SD Gundam GX et le DSP4 dans Top Gear 3000.
L’autre génération de DSP sort des laboratoires de l’entreprise Seta pour satisfaire les besoins nécessaires dans son prochain jeu F1 Roc II-Race of Champions. A contrario des autres DSP, Seta a non seulement modifié le software mais également le hardware. Ce DSP spécial est une petite merveille qui correspond à un gain en puissance tel que la vitesse du CPU de 3.6 MHz serait accélérée à presque 8 MHz. C’est ce qu’on pourrait appeler de l’overclocking de fou ! Seta a aussi placé ce chipset dans le jeu Hayazashi Nidan Morita Shougi et l’a aussi boosté avec un autre processeur RISC de sa fabrication.
En 1993, Argonaut travaille pour le compte de Nintendo afin de créer un nouveau chip permettant la réalisation de jeux tout en vraie 3D. Le Super FX, ainsi nommé, est un co-presseur 32 bit avec une technologie RISC. Il décharge le processeur principal de la console de tous les calculs fastidieux liés à la 3D, c’est lui qui gère entre autre, la position des éléments, les collisions et les éclairages. On estime qu’avec cette puce, la vitesse du processeur central serait augmentée jusqu’à 10.5MHz. Le premier jeu à utiliser cette technologie est StarFox (ou Starwing) qui donna une grosse claque dans la figure à tous ceux qui l’avaient essayé.
Plus tard une nouvelle version du Super FX est mise sur le marché : le Super FX 2. En fait, il s’agit de 2 Super FX agencés au mieux pour que le résultat soit bien plus que la somme de ces 2 parties. Les softs utilisant ce chip sont en grande partie des jeux 3D, comme par exemple Dirt Trax FX, Street Fighter Alpha 2, Doom . Mais le Super FX réserve bien d’autres surprises, comme un des ses rôles est de gérer les éclairages et le mapping, il est également inséré dans les jeux 2D pour lisser les surfaces et donner un rendu graphique exceptionnel. Yoshi Island, ça ne vous rappelle rien?
Le super FX n’est pas le seul processeur créé par Nintendo, on trouve également les cartouches SA-1 qui sont constituées d’un processeur 8/16 bit cadencé à 10 MHz et de circuit modifié par Nintendo. Elles contiennent de la RAM rapide, une puce DMA (Direct Memory Access) et plusieurs timers en temps réel. Cette cartouche améliore les qualités graphiques du jeu et agrandit artificiellement la capacité de stockage grâce à son nouveau mode de compression. Parmi les jeux possédant cette puce, il y a Super Mario RPG, Kirby’s Dreamland, Parodius III, Dragon Ball Z Hyper Dimension
Le prochain chipset implanté dans une cartouche, le SPC7110 a aussi une fonction de compression des données comme le chipset SA-1. Les opérations de compression et décompression s’opèrent avec une horloge en temps réel intégrée dans la cartouche et une unité de multiplication / démultiplication. Far East of Eden Zero et Super Power league 4 sont quelques jeux se servant de cette puce.
Capcom a fabriqué pour ses propres besoins le chip C4 qui améliore les aptitudes du mode 7 pour créer des effets de transparence inédits. Les jeux qui bénéficient de ces nouvelles possibilités sont Megaman X2 et X3. On y voit notamment un rendu saisissant de l’eau.
La dernière puce utilisée est la SDD-1, on la trouve dans Star Ocean et Street Fighter Alpha 2. Elle permet comme pour la SA-1 d’entrer plus de données dans une cartouche grâce à un système de compression, mais elle a aussi une faculté de protection contre le piratage. Et quand on regarde le temps qu’ont mis les émulateurs à faire tourner correctement Star Ocean, on est en droit de penser que la protection est efficace, d’autant plus que Street Fighter Alpha 2 reste toujours injouable.