Nintendo : des cartes à jouer au Game Boy

Ah! Nintendo, un grand nom dans l’univers du jeu vidéo. Certains l’adulent, d’autres l’ignorent et quelques uns ne l’apprécient guère! Mais voilà, sans cette société, les jeux vidéos n’auraient peut-être pas l’engouement qu’on leur connaît. Cette première partie vous conte comment Nintendo, une petite fabrique japonaise, a réussi à être gravir les échelons et devenir ainsi le leader incontesté du marché des consoles dans les années 80.


Les mécontents se manifestent

Une hégémonie de plus en plus contestée

Pour garantir la pérennité de sa console Nintendo avait donné des directives rigides et strictes aux éditeurs tiers. La compagnie voulaitéviter la descente aux enfers qu’avaient connu Atari et Coleco en lassant les éditeurs libres de leurs choix. Cette trop grande libertéavait mené les développeurs à créer de tout, du n’importe quoi et surtout des tonnes de daubes. Avec l’arrivée de la Famicom sur le marché,les choses ont changé. Si une société veut sortir un jeu sur cette console, elle doit respecter un cahier des charges très stricte.

Hiroshi Yamauchi attend de ses partenaires qu’ils conçoivent des jeux de qualités. Ceux-ci doivent accepter que Nintendo ait un droitde regard sur leurs produits et qu’il peut refuser de les distribuer car jugés mauvais. Chaque éditeur doit payer d’avance 10 000exemplaires de leur jeu pour qu’il soit produit. Autant dire que si une société veut se lancer dans l’aventure il faut qu’elle soitsûr de son coup. Bien sûr, ce système limite l’apparition de nullité sur le marché, mais il limite également la création et l’innovation.Nintendo a également instauré une autre contrainte qui lui servira à récompenser les bons élèves. Il s’avèrent que la firme doit soitdisant faire face à une pénurie de puces électroniques. Elle ne peut satisfaire toutes les demandes des éditeurs et distribue les pucesaux sociétés qu’elle juge respecter les règles . De plus elle instaure une règle affirmant qu’un éditeur ne doit pas sortir plus de 5 jeux par an. Mais soncontrôle ne s’arrête pas qu’à la distribution des logiciels, Nintendo contrôle aussi les articles et publicités dans les magazinesspécialisés.

Toutes ces contraintes exacerbent la colère des éditeurs et certaines brebis commencent à ne plus suivre le troupeau, d’autant plusque la concurrence se réveille. Le géant Nec sort en 1987 sa console PC-engine largement supérieur techniquement à la NES, et un anplus tard Sega sort la Megadrive, une console 16 bit encore plus puissante. Certains aimeraient que la compagnie soient plus soupleet qu’elle laisse les éditeurs libres de leurs actes comme les concurrents Nec et Sega. Malheureusement ils ne peuvent passer outrecar Nintendo a placé un système de protection dans ses cartouches NES qui empêche quiconque de vouloir créer un jeu sans l’aval de big N.

La première société qui a réussi à cracker la protection nommée 10NES est Hacker International, grâce à l’élaboration d’un patch etd’une puce reproduisant les caractéristiques de 10NES. Elle produira et commercialisera environ 30 000 jeux à caractère érotique au paysdu soleil levant. La deuxième entreprise à s’essayer dans le piratage est Sachen, aussi connue sous le nom de Thin Chen Enterprise Co.,Ltd. De son pays Taiwan, elle tentera d’inonder le marché asiatique de ces jeux non officiels et plutôt médiocres. Nintendo opère unecontre attaque et change son hardware rendant incompatible ces cartouches non licenciées.

Galatic Crusader, un jeu Sachen de qualité douteuse

Entre temps Atari essaye d’outrepasser l’autorité de big N. Il cherche lui aussi à casser la protection de la console. Tout le travailest à refaire car le programme 10NES n’est plus valide. Il crée un nouveau programme The Rabbit qui débloque la console. De cette manièreAtari est libre de créer et éditer les jeux qu’il désire. Il les commerciale sous la licence de Tengen, une société créé auparavant parAtari et qui est sous contrat avec Nintendo. Les jeux édités par Tengen sont surtout des adaptations arcades de Sega, le principalconcurrent de Nintendo. L’affront est trop grand et Nintendo intente un procès contre Atari pour rupture de contrat. En même temps,elle fait pression sur tous les magasins et distributeurs vendant des jeux Tengen. Ces sociétés plient aux exigence de big N etretirent de la ventes les jeux Tengen. Seuls quelques magasins de petites ampleurs distribuent encore des jeux Atari, mais rien debien conséquent et Atari décide de cesser la fabrication de jeux Tengen. Après moult débats et procès en appel, en 1991 la justice déclare la sociétéTengen coupable. Elle doit stopper la production des puces Rabbit et doit rappeler tous les jeux vendus ou en ventes.

Atari n’en reste pas là et intente cette fois-ci un procès contre Nintendo car il lui reproche le monopole qu’il occupe et notammentd’exercer des actes de concurrence déloyale : par exemple l’existence du Seal of Quality Nintendo. Sentant le vent changer de sens etles problèmes venir Yamauchi modifie sa politique. Il allège les contraintes du contrat qu’a signé tout éditeur voulant travailleravec big N. Il retire la clause d’exclusivité, permet aux éditeurs tiers de produire leurs propres jeux à condition tout de même qu’ilsachètent les puces d’avance et s’interdit de fixer les prix trop élevés de ses consoles et jeux. Les poursuites sont finalementabandonnées et Atari semble content du résultat car il est maintenant possible de fabriquer légalement ses propres jeux.

Alien Syndrome, un jeu sous licence Tengen

Malgré toutes ces attaques envers Nintendo, la notoriété de cette compagnie n’est pas entachée auprès des joueurs. La compagnie restetoujours leader du marché et loin devant les autres. En 1989 la société est classée dans son pays première par ordre de gestion. On peutreprocher à Yamauchi d’être omnipotent et de couper court à toute concurrence mais ne cherche t’il pas à protéger sa société de la faillite ?La multiplication des jeux médiocres avait mener Coleco, Mattel et Atari à jeter l’éponge et conduit au crash des jeux vidéo en 1983. Lasortie de la NES et de ses jeux de qualités avaient redonné confiance aux joueurs et le marcher était reparti de plus bel. MaintenantNintendo n’a plus le contrôle de ses logiciels et voilà qu’apparaissent des jeux à l’intérêt de plus en plus discutable. Alors qui araison ? Peut-être aucun, peut-être tous. Le tout est de trouver le bon compromis entre liberté et contrôle.