Le Virtual Boy

1995, Nintendo lance une console de jeu à mi-chemin entre la console de salon et le casque de réalité virtuelle. Levons le flou sur ce qui fut un échec alors que derrière se cachait des innovations de jeu jamais égalées depuis.


Un hardware particulier

Avant de s’attaquer aux jeux du Virtual Boy, il faut tout d’abord s’attacher à comprendre comment fonctionnait cette curieuse console. Petit rappel en image de la bête, histoire qu’on soit bien d’accord que l’on parle de la même console :

Virtual Boy

Spécificités techniques

Voici en quelques chiffres et quelques lettres de quoi se faire mal à la tête :

  • CPU : NEC V810 32 bits RISC cadencé à 20MHz, 1Ko de mémoire cache
  • Mémoire : 1Mo de DRAM, 512Ko de P-SRAM
  • GPU : SLA P4 de RTI (Reflection Technology Incorporated) permettant un double affichage simultané
  • Résolution d’affichage : 384 x 224 pixels sur deux écrans 1 » (1 pouce) balayés par deux projecteurs à LED (l’ancêtre de l’écran LCD)
  • Nombre de couleurs : 2 (rouge et noir). Il s’agissait en fait de dégradés de rouge ce qui donne un total de 32 nuances de rouge/noir
  • Alimentation : 6 piles AA (R6) ou adaptateur secteur (10V en courant continu)
  • Audio : processeur 16 bits Stereo + prise casque Stereo également
  • Port série 8 pins, prévu pour relier 2 Virtual Boy entre eux
  • Poids : 760 grammes

Distance interoculaire

Quelque chose vous a surement attiré l’oeil dans les spéficités techniques du Virtual Boy d’autant plus que ce détail concerne les yeux justement. Le GPU (Graphical Processing Unit, processeur de calcul graphique) est en effet plus qu’atypique surtout qu’il est censé supporter 2 écrans. Alors pourquoi diable le Virtual Boy aurait-il 2 écrans ? Réfléchissez : casque, réalité virtuelle, une tête, deux yeux. N’oubliez pas que cette console offre plus que de la 3D : elle offre le relief !

Sur les consoles classiques, de salon comme les portables, il y a toujours eu 1 seul écran ou quand bien même il y en avait plusieurs (certans jeux d’arcade, F355 Challenge pour ne citer que lui), c’est la même image qui est perçue par nos 2 yeux. Le cerveau simule une image « plate ».Sur le Virtual Boy, il y a 1 écran par oeil. Chaque oeil reçoit une image très très légèrement différente. Notre cerveau perçoit donc 2 images différentes alors que l’on regarde dans une même direction : ainsi peut naître artificiellement le relief, la profondeur de l’image, autant dans les jeux en 2D que 3D. Même en 2005 aucune console ne vous apportera cet effet.

On peut résumer cet effet de relief et schématiser le fonctionnement des 2 écrans en une image :

Distance interoculaire : schéma

Une portable pas si portable

Maitenant que l’essentiel est dit, brisons les 2 principaux mythes véhiculés autour du Virtual Boy : ce n’est pas une console portable et pire encore, elle ne se porte pas comme un casque de réalité virtuelle (ou comme une vulgaire paire de lunettes).

Pourquoi ne serait-elle pas portable alors que tout le monde le dit ? Tout simplement car une console n’est pas portable uniquement parce qu’elle dispose d’un compartiment de 6 piles destinées à alimenter la console. Leur durée de vie est particulièrement limitée et dépasse rarement l’heure et demi de jeu. Ce n’est pas pour rien qu’il est plus que recommandé d’utiliser un adaptateur secteur. L’avantage des piles c’est qu’elles limitent le potentiel à devenir aveugle au bout d’une heure de jeu.

S’il n’est pas portable, c’est également parce que le Virtual Boy n’est pas un casque qui se porte mais un casque pesant près d’1 kilogramme qui se place en face des yeux. Dans son utilisation la plus classique qu’il soit, le Virtual Boy se pose sur une table et vous devez porter vos yeux en face des écrans. L’eyeshade est un morceau de mousse faisant office de visière et isole la lumière extérieure, vous plongeant dans une obscurité totale … troublée par la lumière rouge du jeu ;o)Après une utilisation personnelle, j’ai également trouvé qu’en étant couché sur le dos et la console posée sur le torse, la position était largement plus confortable et ne présentait aucune contrainte : plus besoin de se courber sur la table pour s’éclater les yeux.

Virtual Boy couchéPS : femme fournie séparément