La Megadrive / Genesis

La Megadrive fut sans aucun doute le plus grand succès de Sega. Découvrez dans ce dossier l’histoire de cette formidable machine, ses meilleurs jeux et les nombreuses variantes de la console.


Des choix hasardeux

Comme nous l’avons vu, Sega est devenu en très peu de temps le leader du marché des consoles de salon.Malheureusement, ce succès est visiblement monté a la tête de certains dirigeants et Sega enchaînerales échecs. Les plus graves furent le Mega CD, puis la 32X et pour finir l’élimination prématuréede la Megadrive.

Erreur fatale n°1: Le Mega CD

En 1992, Sega lança le Mega CD, dans un premier temps sur le marché japonais. Ce lecteur CD-ROM qui vientse connecter sur le port d’extension de la Megadrive fut annoncé comme une véritable révolution.En effet la capacité de stockage d’un CD-ROM est sans commune mesure avec celle d’une cartouche et leMega CD, grâce à ses processeurs secondaires, autorisait la création de jeux d’une qualitéinégalée, notamment au niveau des cinématiques et un son de la qualité d’un CD audio.Le Mega CD dans sa version originale

Première erreur, le prix de vente du Mega CD lors de son lancement était bien trop élevé,49800¥ (400€). Le Mega CD n’eut qu’un succès très relatif dans cette contréeet passé l’effet de nouveauté, le Mega CD est assez vite tombé dans l’oubli malgréla qualité de certains jeux, notamment Lunar qui révolutionna le genre

Les joueurs occidentaux devront quant à eux attendre le début 1993 pour voir le Mega CD débarquerchez eux. Là aussi le prix de lancement (299$ aux états unis) le réservait à une élite.Quant à l’Europe, de nombreux pays devront attendre pratiquement un an de plus avant de voir le Mega CD chez eux.

Le support CD n’a pas pour autant stoppé la production de jeux cartouches et la Megadrive continue sonbonhomme de chemin avec une logithèque qui s’améliore avec le temps et l’arrivéed’éditeurs prestigieux tels que Capcom ou Konami. Les développeurs maîtrisent de mieux enmieux la machine et l’on est alors très loin des premiers titres. Quand on compare un jeu sorti en 1990 telqu’Alien Storm et Street of Rage 3 en 1994, on peut franchement se demander s’ils tournent bien sur la même plateforme.


Et pendant ce temps, le Mega Cd coule à pic

Parallèlement, si les succès de la console de base ne se dément pas, le Mega CD ne parvint pas às’imposer, que ce soit au Japon comme en occident, l’extension reste minoritaire, moins de 10% des possesseurs deMegadrive feront l’acquisition d’un Mega CD. Il faut dire que si le support CD est une grande innovation,l’ensemble est fortement bridé par la Megadrive dont la limite de 64 couleurs simultanés subsiste.La différence entre les jeux cartouche et Cd n’est donc pas si énorme. Les mauvais choix des éditeurs,qui sortiront essentiellement des jeux FMV (Full Motion Video) largement boudés par le public contribueront largement à ternirla réputation du Mega CD. Seulune petite dizaine de jeux, parmi lesquels Lunar, Sonic CD ou Robot Aleste sortentdu lot mais c’est largement insuffisant pour assurer le succès de la machine.

En 1993, la Megadrive fut remplacée par un nouveau modèle, en même temps que le Mega CDpremière génération qui souffrait de problèmes mécaniques et coûtait trop cherà fabriquer. Si le Mega CD 2 fonctionne bien mieux que son prédesseur, la nouvelle version de la Megadrives’avère bien moins fiable et pratique que sa grande sœur. Au passage le package des jeux Megadrivechangera aussi de couleur, passant du noir au bleu clair pour l’Europe; rouge pour les USA.La Megadrive 2 combinée Mega CD 2, toujours en version japonaise

Malgré toutes les tentatives de Sega pour le sauver de l’échec, le Mega CD sombra à partirde 1994, entraînant avec lui la réputation de Sega vers le bas. Ne voyant venir aucun jeu digne de cenom, les possesseurs de Mega CD eurent l’impression d’avoir été floués par Sega qui leur promettaitune véritable révolution et n’offrit qu’un florilège de jeux sans grand intérêt.


Erreur fatale n°2 : la 32X

Réalisant tardivement son erreur avec le Mega CD, Sega en dévoilera le 8 janvier 1994 la 32x, qui vientse connecter sur le port cartouche et qui transforme la Megadrive en une pseudo console 32bits.La 32X, ou la console de la honte pour Sega

Désormais la palette disponible est de 32000 couleurs et la bête est capable de manipuler de la 3Dpolygonale sans le moindre problème. Ceux qui possèdent un Mega CD auront accès à la gamme dejeux Mega CD 32X dont les possibilités techniques étaient énormes. Peu de temps après, cetteanonce, la Saturn était elle aussi dévoilée au public et présentée comme plus performanteque la 32X.

Entre la 32x, le Mega CD, le Mega CD 32X, la Saturn et les projets Neptune et Jupiter (qui ne furent jamaisconcrétisés), la gamme Sega devenait véritablement très complexe et beaucoup de joueursne s’y retrouvaient plus. Les spécialistes se demandaient quant a eux quelle mouche avait piquéSega pour multiplier les projets à ce rythme. Bien que cette machine fasse double emploi avec la Saturn dont lasortie était imminente, la 32X fut lancée en novembre 1994


La série noire

Là aussi ce fut un flop retentissant, la 32x fut carrément descendue en flèche par les spécialistesavant même sa sortie et la console n’est restée dans les rayons que quelques mois avant de disparaître,certaines chaînes de distribution ne l’ayant carrément jamais commercialisé.

Le début de la fin

Les échecs cuisants du Mega CD et de la 32X ont laissé Sega dans une très mauvaise situation,financière, la marque au hérisson bleu affichant ses premières pertes de son histoire en 1993.A la fin 1994, la firme au hérisson bleu vit les parts de marché de sa console s’effondrer de 65%à moins de 35% et ceci en quelques mois. L’année 1995 fut une véritable traversée dudésert, seul Star wars Arcade sur 32x sauvera la mise, mais qui irait acheter une console pour un seul et unique jeu ?Voyant ces résultats catastrophiques, de nombreux investisseurs ont préféré retrouver leur vesteet Sega se retrouve isolé tant sur le plan financier que commercial.

La revanche de Nintendo

Nintendo a eut nettement plus de chance de son coté. Les développeurs maîtrisent de mieux en en mieux laSNES, et enchaînent hit sur hit. Entre Super Metroid, Starfox, Super Street fighter 2, Double Dragon et surtout Donkey KongCountry et la saga Final Fantasy, Nintendo remonte très rapidement la pente et les ventes de SNES repartent de plusbelle. Bien que la génération des consoles 16bits approche de sa fin, le prix de vente raisonnable de la consolede Nintendo (100$ aux Etats-Unis) rendait la console très accessible, rendant la Megadrive ringarde à son tour.

Pourtant si le rythme des sorties sur la Megadrive de base s’est considérablement ralenti, les jeux decette période brillent par leur qualité. Les développeurs restés fidèles à Segafirent des miracles avec la console qui prouva à maintes reprises qu’elle peut aisément rivaliser avec saconcurrente. Des jeux tels que Batman & Robin, Toy Story, Soleil, Story of Thor, Earthworm Jim 1 & 2 et surtout MortalKombat 2 et 3 qui sortiront en version non censurée en sont la preuve.

Seulement la Megadrive n’a désormais plus aucune exclusivité, pratiquement tous les jeux sortent àla fois sur Megadrive et sur SNES. Et en plus d’avoir perdu le soutient des éditeurs tiers, la majorité desjoueurs sont dégoûtés par la politique de Sega et préférent soit passer à la SNES, soitattendre la prochaine génération de consoles pour se décider à investir. Ce qui fit fortement chuterles ventes de jeux.

Sega, c’est vraiment plus naze que toi !

Après cette humiliation, la firme s’est retrouvée KO debout, criblée de dettes,critiquée de toutes parts et lâchée par quasiment tous les éditeurs tiers. On est désormaistrès loin du Sega dynamique et conquérant que l’on a connu en 1991 et l’image de marque de la compagnie estdevenue peu reluisante, bien pire que celle de Nintendo a l’époque de la NES. Ni la presse spécialisée,ni les joueurs n’ont pardonné le fait le fait d’avoir été trompés à deux reprises,une première fois avec le Mega CD, puis avec la 32X.

Le lancement de la Saturn ne fut pas plus brillant. Au japon, Virtua fighter fut le seul jeu disponible au lancement de lamachine et il fallut plusieurs mois pour que d’autres titres sortent. Dans le reste du monde, 5 jeuxétaient certes disponibles mais force est de constater qu’ils sont loin d’être des bombes etle prix de vente nettement trop élevé rebuta beaucoup de monde. Certes la 3Détait impressionnantemais la jouabilité médiocre et l’aspect très « cubique » des premiers jeuxfit très vite regretter la 2D à beaucoup de joueurs. Ceux qui ont gardé leur Megadrive s’éclatent alors surMortal Kombat 2 et 3 ainsi que sur Fifa 94, 3 veritables bombes sur la 16Bits de Sega.

Erreur fatale n°3: l’élimination prématurée de la Megadrive

Dans le courant 1995, Sega prit la décision de tirer un trait sur ses échecs successifs et de se consacreruniquement à la Saturn. Si au Japon la Megadrive était déjà quasiment morte, cette décision arbitrairefut fort mal accueillie en occident. Les fans de la dernière heure ne voyaient pas d’un très bonœil la volonté de Sega d’imposer sa nouvelle console. Non contente d’être plombéepar une logithèque indigente, la nouvelle machine de Sega était hors de prix. Pour beaucoup de possesseursde Megadrive, il était hors de question d’abandonner leur console et les nombreux jeux chèrement acquisau fil des années pour une machine qui ne propose qu’une petite poignée de titres. Les éditeursse retrouvèrent quand à eux littéralement pris au piège avec d’un coté des stocks dejeux invendus et de l’autre la volonté farouche de Sega comme des distributeurs d’en finir avec la Megadrive.Il fallait bien faire de la place pour la Saturn et la Playstation.

En Europe, la Megadrive 2 se retrouve désormais reléguée au rang d’alternative économiqueà la très coûteuse Saturn et les seules nouveautés sont des titres très enfantins . Lavente de la console fut stoppée en 1997 lorsque le prix de la Saturn fut revu à la baisse et sa logithèquesuffisamment garnie.

Le baroud d’honneur

Constatant qu’une partie du public n’était pas séduite par la génération desconsoles 32 bits, une compagnie américaine du nom de Majesco Sales obtint de Sega en 1997 une licence pour fabriquersa propre version de la Megadrive. La Genesis 3 fut vendue uniquement sur le marché américain pour un prixplancher de 50$. En réplique, Nintendo sortit lui aussi une version économique de sa machine, ce qui poussaMajesco Sales à baisser le prix de sa machine et des jeux l’accompagnant, jusqu’à un record établià 30$ pour la console et 10$ pour certains jeux. Lorsque les stocks de cartouches furent entièrementliquidés et les 32bits confortablement installés sur le marché, la console n’avait plusde raisons d’être et quitta définitivement les étalages des magasins. Bien que techniquementdépassée, absente du marché durant 2 ans et que seule une poignée de nouveautés aientété disponibles, cette Genesis se vendit tout de même à 2,5 millions d’exemplaires.Finalement, les derniers jeux Megadrive sous licence sortirent en 1997 pour l’Europe et 1998 pour les Etats-Unis oule dernier jeu edité fut Frogger, l’adaptation à l’identique de la borne d’arcade de 1981. La Genesis 3, dernière héritière de la lignée Megadrive

Durant ses 10 ans de carrière, la Megadrive s’est vendue à 28,5 millions d’exemplairescontre 48 millions pour la SNES et a accueilli plus de 700 jeux dans tout les styles. Ce fut le plus grand succèsde Sega qui n’a jamais réussi de tels scores par la suite.

Cette formidable console n’a pas été tuée ni par la Super Nintendo ni par la Saturn. Non,en fait la Megadrive fut assassinée par les nombreux conflits entre les différentes branches de Sega et surtoutpar la formidable incompétence de certains décideurs dont la calamiteuse politique de fin 1993 jusqu’à1999 a détruit ce que Sega Of Japan avait mis des années à construire. La raison pour laquelle Hayao Nakayama,PDG de l’époque, et une partie de la direction du groupe se sont obstinés à suivre durantplusieurs années une politique qu’ils savaient désastreuse restera probablement un mystère pourtoujours. Sans toutes ces erreurs, Sega serait probablement le plus grand fabricant de consoles du monde à l’heurequ’il est.

Ce qui est sur, c’est que la Megadrive restera dans l’histoire comme l’une des meilleurs consolesjamais crées et que, malgré ses limitations techniques, elle réussit à s’imposer sur le marchégrâce à la qualité de sa logithèque.