Further down the spiral
1992-1994 : Further down the spiral
Depuis le lancement de l’Amiga en 1985, la machine n’a jusqu’alorsjamais vraiment évolué, l’ECS n’étant guère plusqu’une mise à jour, significative certes, mais simplement une mise à jour. Seul le CD-TV innove un peu, avec l’échec qu’on lui connaît.Il faut dire que depuis longtemps déjà l’Amiga s’est démarquéde son rival éternel, sauf dans quelques pays (la France notamment).Et comme du côté d’Atari ça n’a pas bougé beaucoupnon plus (mise à part la sortie des modèles STe, qui bien queplus puissants que les STf, ne rattrapaient pas l’Amiga et qui fut largementinexploité), on ne s’est pas senti obligé de trop se bouger chezCommodore, qui se vante dans ses campagnes publicitaires d’une douteuse secondeplace de constructeur d’ordinateurs. Le CD-TV, malgré son échec,a contribué à donner à Commodore l’image d’une entreprisenovatrice et à la pointe de la technologie, image renforcée avecle bateau Commodore Explorer, qui sera le premier à remporter le Trophée Jules Vernes en 1993 avec l’équipage de BrunoPeyron.
Mais la situation change en 1992. De mauvais rapports financiers,le réveil d’Atari avec le Falcon et la montée des PC qui commenceà se faire sentir en Europe obligent Commodore à se réveiller.Après un long développement est présentéeau public la première machine de la toute nouvelle gamme AGA (AdvancedGraphic Architecture), qui est la refonte tant attendue de la plate-forme.Ainsi, l’architecture est désormais intégralement 32 bits et lescustom chips, toujours présents, sont notablement améliorés.
De gauche à droite, Alice,Lisa et le Kickstart 3.1. Ces troiséléments sont les principales nouveautés du chipsetAGA.
Agnus laisse ainsi place à Alice. Toujoursdestiné au contrôle de la mémoire, le montant de Chip RAMtotal accepté est monté à 2Mo et la gestion de la mémoireest améliorée, de même que le blitter et le copper.
Lisa, qui remplace Denise, est la principalenouveauté (c’est pas pour rien qu’AGA signifie Architecture GraphiqueAvancée :p). Outre de nouvelles résolutions, le nombre de couleursaffichables simultanément passent à 256 sur une palette sur 24bit (16 million de couleurs). Aux modes EHB (64 couleurs) et HAM-6 (4096 couleurssur écran statique) s’ajoute le mode HAM-8 permettant262 144 couleurs affichables, toujours sur des images statiques!
Le chip sonore reste Paula qui semble ne pasavoir été amélioré.
- 68040@25 Mhz couplé à une FPU (Floating Point Unit
- Coprocesseur arithmétique) 68882, la machine embarque 6Mo de RAM (2Mode Chip plus 4Mo de Fast), un lecteur de disquette Haute Densité (1,76Mo)et des ports Zorro III, dont la gestion a été améliorée(le DMA buggait sur le 3000). Nouvelle architecture donc nouveau couple Kickstart/Workbench,le 3.0 - puis 3.1. Station graphique puissante, l’Amiga 4000 provoque un certainenthousiasme dû notamment à l’AGA. Reste toutefois la déceptionde voir la disparition du scan-doubler et la substitution du SCSI-II présentsdans le 3000 par un contrôleur IDE certes moins cher mais aussi moinsperformant (un disque dur Seagate de 120Mo est inclus en standard). C’est qu’enréalité, le 4000 est une version bridée d’un projet avortécar jugé trop coûteux, l’Amiga 3000+. Le hic surtout,c’est que l’Amiga 4000, à près de 25 000FF est jugé beaucouptrop cher.
»teux, l’Amiga 3000+. Le hic surtout,c’est que l’Amiga 4000, à près de 25 000FF est jugé beaucouptrop cher.
L’Amiga 4000, le haut de gamme de l’AGA
Il sortira donc en parallèle, quelques mois aprèsl’Amiga 4000-30, une version économique qui se distinguesur plusieurs points. D’abord, au revoir la FPU qui devient une option. Quandau 68040, il est remplacé par 68ECO30 (version économique du 68030)à 25Mhz. Enfin, chose moins remarquable, la Chip RAM qui étaitmontée sur des slots SIMM est désormais soudée à la carte mère. Il semble que Commodore avait pour projet de permettreà l’Amiga 4000 d’embarquer 8Mo sur ces slots (ceci est visible grâceà un jumper sur la carte-mère), ce qui équivalait à dire que la limite de la Chip RAM allait disparaître ou tout au moinsêtre considérablement repoussée. On peut penserque l’Amiga 4000 devait être le premier ordinateur à accueillirl’AAA, une architecture déjà en développementchez Commodore et devant remplacer à terme l’AGA. Parallèlement,et suivant l’exemple de l’Amiga 3000, sort une version de l’Amiga 4000 en touravec plus de slots et un contrôleur SCSI-II qui refait son apparition,au côté de l’IDE.
Malgré des ventes prometteuses, l’Amiga 1200 ne parviendra pas à relancer la machine
Quelques semaines plus tard sort le modèle grand-publicde la gamme AGA : l’Amiga 1200. Le microprocesseur est cettefois-ci un 68ECO20 (modèle économique du 68020, dénuéde MMU - Memory Management Unit) à un chouillat plus de 14Mhz. Les 2Mode RAM sont extensibles à 10Mo (jusqu’à 8Mo de Fast). Au niveauconnectique, le 1200 dispose d’un contrôleur IDE 2,5 », d’un slotPCMCIA 2.0 sur le côté et d’une trappe 32 bits pour les (nombreuses)cartes d’extension. L’Amiga 1200HD sera vendu avec un disque dur de 40Mo oude 80Mo. Avec tout ça, il fait oublier le 600 et reste de loin la meilleuremachine d’entrée de gamme de tous les Amiga. La principale critique à son encontre sera le choix du processeur, un « vrai » 68020 aurait étéapprécié, pour un surcoût qui aurait été justifié.Mais bon, chez Commodore, on ne démord pas de l’idée de maintenirdes coûts aussi faibles que possible.
Le Workbench 3.1, dernière version du système d’exploitation sous Commodore
Le 1200 se vent bien, un peu trop mêmemalgré une campagne de pub assez faiblarde. En fait, les ventes du 600plongent littéralement alors qu’on souffre de pénurie du nouveaumodèle AGA pendant quelques semaines. 44 000 modèles s’écoulententre Octobre et Décembre 1992 ce qui permet de clôturer l’annéeavec une hausse de 17% du nombre de machines vendues (800 000 au total). Leflop absolu du Falcon d’Atari, beaucoup trop cher et pas assez compatible avecle ST, conforte les dirigeants de Commodore. Pour Irving Gould, Atari est définitivemententerré. Son entreprise est pourtant dans une situation financièredéjà très problématique et l’année 93 verrales choses empirer.
Même si les ventes du 1200 sont bonnes (entre Octobre1992 et Avril 1993 s’écoulent 100 000 machines), la montée enpuissance des PC et l’affermissement des consoles 16 bits de Sega et Nintendole placent dans une position très inconfortable. Moins populaires queles consoles, les Amiga ont aussi la réputation, de ne pas êtredes machines sérieuses et la baisse spectaculaire du prix des PC a fortementérodé la compétitivité des machines Commodore. Leséditeurs s’intéressent de moins en moins à la machine etun journaliste du magazine Amiga Power rapporte une réunion entre lesdifférents éditeurs majeurs durant un salon : la majoritéestiment l’Amiga mort et déclarent arrêter prochainement tout développementsur cette plate-forme. L’action de Commodore, qui culminait à presque18$ en décembre 1990 est tombée à 5$.
Sous exploitée, arrivée tardivement, la CD-32 n’a pas eu le temps de faire ses preuves
En septembre 1993, Commodore lance sadernière carte,la première console 32 bits : la CD-32.Elle partage les même caractéristiques que l’Amiga 1200, en y ajoutantun lecteur de CD-ROM 2x et un nouveau chip, Akiko, ajoutantde nombreuses possibilités graphiques. Accessoirement, il fait égalementoffice de contrôleur CD-ROM. Cette petite avance sur ses concurrents,de l’ordre de quelques courts mois, et un prix largement inférieur vontpermettre la CD-32 de bien se vendre, malgré un accueil assez mitigéde la presse. Sa compatibilité avec l’Amiga va lui permettre de profiterd’une logithèque rapidement fournie, même si au début cesont pour la plupart des jeux en provenance de l’Amiga agrémentésde pistes audios CD. Malheureusement, Commodore n’a déjà plusles moyens de la produire en suffisamment grand nombre et le manque de jeuxprofitant vraiment des capacités de la console va permettre à la concurrence de la rattraper puis de la distancer.
1993 est à plus d’un titre l’année de l’effondrement.Pour la première fois depuis son lancement, les ventes d’Amigachutent, une chute de 20%. Les 110 millions de dollars de perte de1993 ont une conséquence lourde. Commodore s’était déjà retiré du marché des PC qui ne lui avait jamais réussimais l’abandon des projets AAA et Hombre ontune connotation bien plus lourde de sens. Les deux projets allaient de pair,le premier étant ce qui devait remplacer l’AGA alors que Hombre étaitun chipset basé sur un processeur Power PC développéen partenariat avec Hewlett Packard. C’est donc l’avenir del’Amiga qui sombre et avec lui tous les espoirs de remontée de Commodore.
En Mars 1994, alors que les chiffres de l’année précédentesont dévoilés, Commodore est forcée de faire une communication.Les pertes depuis Janvier se montent déjà à plus de 8 millionde dollars. Le communiqué annonce que les difficultés financièresde Commodore pourraient mener à une mise en liquidation. Conséquenceimmédiate, le cours de Commodore à Wall Street s’effondre. Quandl’action tombe à 0,75$, elle est suspendue par les autorités dela Bourse de New York. Le cercle infernal est enclenché : les filialesde Commodore, financièrement indépendantes, tombent les unes aprèsles autres. Commodore Australie est la première, fin Mars.
A la seconde moitié d’Avril 1994 s’arrête la productionet CSG (Commodore Semiconductor Group, nouveaunom de MOS) ferme ses portes le 22. Le 26 Avril, les départements d’ingénierieferment à leur tour. Le centre coordinateur de la production de WestChester en Pennsylvanie, qui ne comporte plus qu’une vingtaine de salariéssur le millier quelques mois auparavant, baisse le rideau dans la foulée.
Un des sites de Commodore Allemagne en vente. La fin d’une époque.
Enfin, le 29 Avril 1994 tombe le communiquéannonçant la mise en liquidation judiciaire de Commodore etde ses filiales. C’est la mort d’un géant, et le début d’une longuebataille judiciaire menant à son démantèlement.
- En 1994, la communauté Amiga est doublement orpheline
- le 20 Juin, suite à des problèmes rénaux s’éteintJay Miner.
Crédits pour les images :- http://www.amiga-hardware.com- http://www.old-computers.com- http://cdtv.amigaupgrades.com- http://amiga.emugaming.com- http://lombard.chez.tiscali.fr