1985-1987 Les débuts difficiles de l'Amiga

1985 - 1987 : Les débuts difficiles de l’Amiga

L’Amiga 1000 finit par être commercialiséen Octobre 1985 aux Etats-Unis puis en Europe en Janvier 1986. La machine sembleavoir tout pour être un succès immédiat, d’ailleurs on sesouvient de l’accueil plus qu’enthousiaste par la presse lors de sa présentation.Pourtant les ventes peinent à décoller. Plusieurs facteurs vontexpliquer ceci :

  • **La sortie précoce du ST **: depuis le rachat d’Ataripar Tramiel et l’acquisition d’Amiga par Commodore, c’est la guerre entreles deux entreprises. Atari se débrouille pour créer une machine16/32 bit très rapidement et dame le pion à Commodore : le520 ST sort quelques mois avant l’Amiga et prend une confortable avance.Basé comme l’Amiga sur un 68000@8Mhz, le ST est néanmoinsinférieur tant au niveau technique qu’au niveau de l’OS (le GEM,conçu par Digital Research, basé sur CP/M). La qualitéde fabrication des premiers ST est également assez mauvaise et lemodèle sera rapidement remplacé par le STf, nettement plussolide. C’est que le pugnace Tramiel a réussi non seulement àavoir l’avantage du temps mais aussi celui du prix.
  • Le prix. L’Amiga 1000 est trop cher à sa sortie,presque deux fois plus que le ST. En réalité, Commodore nesait pas comment promouvoir cette machine. Par ses capacités, l’Amigaavait de quoi faire sa place dans le domaine professionnel mais Commodorecherche plus à imiter Atari, qui impose son ST dans le grand publictout en le présentant comme une alternative au Mac (cela vaudra d’ailleursau ST son surnom de Jackintosh), qu’autre chose et échoue àdémontrer l’intérêt de débourser plus dans unAmiga que dans un ST. Les années à venir montreront toutel’inaptitude du staff marketing de Commodore à soutenir proprementles machines de la marque.
  • Le soutien des éditeurs. Atari n’a que peu depeine, par son renom et par la capacité de Tramiel à négocier,à avoir le soutien des éditeurs. Le prix égalementtrop élevé de l’Amiga et sa sortie tardive n’incitent pasnon plus les développeurs à créer des jeux spécifiquespour lui. Enfin, la machine de Commodore, si elle est plus puissante, estégalement réputée pour être plus difficile àprogrammer.

Ceci fera que l’Amiga devra pendant longtemps se contenterd’adaptations en provenance du ST n’exploitant pas ses capacités supérieures.Il faudra attendre 1987 pour qu’il comble enfin son retard,le temps aussi pour que le marché des 16/32 bits prenne le pas sur celuides 8 bits.

Electronic Arts sort cependant en fin 85 l’unedes premières applications marquante de l’Amiga : Prism,en fait l’adaptation d’un de leur logiciel sur stations Xerox (Doodle). Prismest en fait l’ancêtre de ce qui sera l’un des plus gros hits du logicielde graphisme des années 90, Deluxe Paint. De nombreusesversions sortiront sur Amiga (la dernière en date étant la 5.5),le logiciel marquera son domaine et fera une partie de la réputationde la plate-forme dans le domaine du traitement d’image.

Après la calamiteuse année 1985 et ses 240 millionsde pertes, Marshall Smith est logiquement congédiéen Mars 1986 par Irving Gould (probablement la meilleure décision qu’ilait pris) et est remplacé par Thomas Rattigan, auparavantPrésident de Commodore Nord-Amérique. Son but, restabiliser Commodore,lui faire reprendre le chemin des bénéfices et promouvoir l’Amigaavec cependant un mot d’ordre d’Irving Gould : réduire les frais au maximum.En cinq mois, une nouvelle vague de licenciement et la fermeture de trois usinesfont subir une cure d’amaigrissement forcée à Commodore. Parmiles fermetures d’usines, celle de Los Gatos où était préparéun des deux prototypes de l’Amiga 2000, envoit une bonne partiede l’équipe originelle d’Amiga au chômage, ce qui entraînele départ de Jay Miner qui va travailler sur les défibrillateursdans une compagnie de matériel médical, VentriTex. Les annéesqui suivent, il restera très présent dans les divers colloquessur l’Amiga. Enfin, ordre est donné de laisser filtrer le moins de chiffrespossibles quand à la réelle situation financière de l’entreprise.

Pour compenser les ventes honorables mais pas exceptionnellesdu C128, Commodore sort en 1986 le C64C, dernièreévolution du C64, recarrossé selon le modèle de son grand-frèreet recevant un OS graphique proprement exceptionnel conçu par BerkeleySoftware et basé sur le System du Macintosh : GEOS.Le logiciel aura un tel succès qu’il sera ensuite adapté sur PCpuis sur… Apple ][. Le C64 continuera sa formidable carrière sur unrythme plus tranquille et prendra une carrière plus que méritéeen 1990 quand s’arrête sa production.

au niveau financier depuis 1983. Par ailleurs sortent une nouvelle gamme d’Amiga
l’Amiga 2000 et quelques semaines après, l’Amiga500 qui vont assez rapidement supplanter l’Amiga 1000. Rattigan a eula sagesse de couper la gamme en deux : l’Amiga 2000 est destiné au marchéprofessionnel, l’Amiga 500 devra s’implanter dans les foyers.L’Amiga 500amiga;void(0))Cliquez pour agrandir l’imageCPUMotorola MC68000@7,14Mhz (PAL) ou @7,39Mhz (NTSC)ChipsetOCSRAM512Ko de ChipROM256Ko (Kickstart 1.2 puis 1.3)GraphismesDenise (cf Amiga 1000). EHB et HAM-6 inclus.SonPaula : 4 voix stéréo sur 8 octavesAnnée1987

hz (NTSC)ChipsetOCSRAM512Ko de ChipROM256Ko (Kickstart 1.2 puis 1.3)GraphismesDenise (cf Amiga 1000). EHB et HAM-6 inclus.SonPaula : 4 voix stéréo sur 8 octavesAnnée1987

Plus miniaturisé que l’Amiga 1000, le 500 tient dansun boîtier pizza ressemblant énormément à celui duC128, même s’il nécessite une encombrante alimentation externe.Parmi les différences, on note surtout un nouveau Kickstart, embarquédésormais en ROM. La limite des 512Ko de RAM d’Agnus est toujours présentemais un slot d’extension sous la machine permet de brancher une carte contenantde la Fast-RAM (telle que la fameuse extension de 512Ko A501).Au niveau graphique, Denise n’a pas connu d’évolution non plus, si cen’est la pérennisation des modes EHB et HAM-6, apparus dans les derniersmodèles d’Amiga 1000 européens. L’Amiga 500 dispose égalementd’une trappe d’extension sur le côté. Probablement le modèlequi a eu le plus de succès en terme de ventes dans toute la gamme, l’Amiga500 est aussi le plus connu.

L’Amiga 2000 est, au niveau des caractéristiques techniques,identique à l’Amiga 500. Monté dans un boîtier desktop,il dispose cependant de 3 baies 3,5 » et d’une baie 5,25 » frontales,d’un contrôleur SCSI et de 5 slots Zorro II. Les slotsZorro II permettent d’étendre les fonctionnalités de l’Amiga parl’ajout de carte et représentent une importante innovation : l’Autoconfig.Qu’est ce que cela signifie? C’est simple, vous branchez la carte, vous lancezla machine et y a plus qu’à installer les pilotes! Pas de jumpers àconfigurer comme sur les PC et la carte est détectée par le système.Ca ne vous rappelle rien? Allons, un petit effort… Et oui, en 1987,bien avant le PC, l’Amiga a son Plug & Play!

amigaL’Amiga 2000

L’Amiga 2000 dispose également d’un slot vidéoet de 4 slots ISA, comme sur PC. Ces slots ISA n’avaient d’utilité qu’avecune carte « Bridge » (SideCar par exemple),des cartes d’extension avec un processeur 8086 ou 8088 permettant de transformerl’Amiga en PC. C’était quelque chose que voulait Commodore, afin d’aiderl’Amiga à pénétrer le marché professionnel, mêmesi cela ne plaisait guère à Jay Miner. Un programme côtéAmiga permettait de lire et d’écrire des disquettes formatéesPC, chose qu’il ne peut faire naturellement. Pour le reste, les slots ISA sontpurement et simplement inutiles car aucune carte pour Amiga n’est à ceformat. L’Amiga 2000HD embarque en plus de tout ça un disque dur SCSI.

amigaL’A2386X se branchait dans unslot Zorro II et permettait de transformer l’Amiga en PC 386-SX. Il étaitpossible de lui adjoindre une FPU. Si à la base, la carte ne permetpas d’autre affichage que le MDA (mode texte), l’emploi d’une carte graphiquePC était possible en l’insérant dans un slot ISA de l’Amiga.Elle doit dater de 1990.

A la base conçu en Allemagne (on se souvient que l’autreprototype, conçu à l’usine de Los Gatos avait étéarrêté en raison de la fermeture de l’usine), l’Amiga 2000 connaîtrade nombreuses modifications plus ou moins importantes (au moins 3 versions decarte mère plus des clones). Ainsi, si les premiers Amiga 2000 n’embarquentque 512Ko de Chip, ils seront en suite vendus avec 1Mo de RAM (512Ko de Chip+ 512Ko de Fast). L’Amiga 2000/UX sera pour sa part un Amiga2000HD normal vendu avec Amix, un Unix basé sur SystemV. C’est alors la station de travail disposant d’un « véritable »Unix la moins chère du marché.

Le 22 Avril 1987, on a la surprise d’apprendre de licenciementde Rattigan par Irving Gould. La décision a été un momentincomprise… La politique de restructuration de Rattigan avait étéefficace, les finances de la firme étaient assainies et la gamme de machinessemblait beaucoup plus adaptée au marché, ce que l’avenir démontrerad’ailleurs. Selon Rattigan, la cause en serait des querelles personnelles etsurtout la jalousie de Gould sur le fait que Rattigan reçoive les laurierspour l’assainissement de la firme. Gould pour sa part argumente d’une baissede rentabilité trop forte de Commodore US, dont les revenus, il est vrai,ont baissé de plus de 50% en 1986. Cela dit, depuis l’époque Tramiel,Commodore US a un statut un peu à part, une espèce d’autonomiequi ne plaît guère à celui qui dirige désormais lafirme. Depuis la sortie du C64, le marché où Commodore a le plusde succès est de loin l’Europe et en 1987, les ventes sur le continentNord-Américain ne représentent que 30% de ses revenus totaux.De fait, il est indéniable que l’une des plus grosses erreurs de l’histoirede la boite restera l’échec de l’Amiga aux Etats-Unis. Peu et mal promu,largement défavorisé par rapport à l’Europe (on se rappelleque déjà les Amiga 1000 européens sont meilleurs que lesaméricains – où en passant il est nommé Amiga tout court),les ventes y sont faibles et le PC, malgré son rapport qualité/prixlargement désavantageux, a déjà pénétré les foyers.

La faiblesse de la pénétration de Commodore auxEtats-Unis était-elle rattrapable? Difficile de le dire mais ce qui estsûr, c’est que les premières actions d’Irving Gould, qui cumuledésormais les postes de Président du CA et de PDG de Commodore(de façon intérimaire), ne vont certainement pas arranger leschoses. Pour la troisième fois depuis 1985, un nouveau plan derestructuration par le bas est entamé, et pas n’importe quelplan… 5 usines fermées et 35% des salariés au chômage(la masse salariale tombe à 3100 personnes). Contrairement aux attentes,ce sont les Etats-Unis qui en font le plus les frais, où 50% du staffdirigeant et marketing est licencié. Le but de Gould? Tuer l’autonomiede Commodore US et de la transformer en une simple extension de Commodore avecun seul but : faire du fric. Le marché américain est désormaisdéfinitivement perdu et le déclin de Commodore, qui se profilaitdepuis la démission de Jack Tramiel est inexorablement entamé,même si cela ne se voit pas au premier abord…

Crédit pour les images :- http://www.mo5.com- http://www.amiga-hardware.com- http://www.old-computers.com