1989-1991 Des nuages qui s'amoncellent
1989-1991 : Des nuages qui s’amoncellent
Mehdi Ali
Avec l’Amiga qui prend définitivement le pas sur leST, l’année 1989 semble donc de bon augure pour Commodore. Oui mais,car il y a un mais, en Février, Irving Gould change encore la personnequi dirigera la boite. Ce sera le dernier jusqu’à la fermeture de l’entreprise.Il faut dire que Mehdi Ali est un collaborateur proche d’IrvingGould depuis longtemps en tant que consultant pour une autre entreprise. S’ilest une personne détestée de la communauté Amiga, c’estbien Mehdi Ali qui sera considéré comme celui qui a tuéCommodore. D’ailleurs c’est pas difficile, prenez un Ness (coucou Ness ;) )et répétez lui 3 ou 4 fois le nom Mehdi Ali et observez le résultat,vous serez bluffé! :o) Il faut bien dire que dès lors, ceseront une succession de décisions aberrantes qui vont marquer l’histoirede Commodore, tant au niveau du marketing, que de la communication…que tout simplement au niveau de la stratégie… Dès le départ,les crédits alloués au marketing et à la recherche sontdiminués.
L’Amiga 2500, une évolution du 2000
L’année s’achève sur le lancement de l’Amiga2500, qui n’est en fait qu’un Amiga 2000 équipé d’unecarte accélératrice A2620 ou A2630.La première embarque un 68020@14Mhz, la seconde un 68030@25Mhz.La machine, beaucoup plus puissante qu’un 2000 classique se vendra essentiellementsur le continent américain, mais ne sortira pas de l’anonymat. Idem ence qui concerne l’Amiga 1500, sorti exclusivement en Angleterre,un simple Amiga 2000 avec un second lecteur de disquette en lieu et place dudisque dur. L’Amiga 1500 était tellement comparable à son modèlequ’il suffisait généralement d’enlever l’étiquette surla machine pour constater la présence de celle du 2000 en dessous! Cesdeux machines sont bien entendue équipées du chipset ECS et serontsurtout très éphémères.
1990 est marquée par la commercialisation d’une nouvellemachine haut de gamme. L’Amiga 3000 est souvent considérécomme le meilleur modèle d’Amiga et est le premier modèle entièrement32 bits de la gamme.. Remplaçant du 2000 et donc dédiéau marché professionnel, il se démarque par une puissance largementréévaluée : ainsi le 68000 laisse sa place à unpuissant 68030 accompagné d’un coprocesseur mathématique (FPU)et de 1 ou de 2Mo de RAM. Le contrôleur SCSI-II et les nouveaux portsZorro III complètent une machine très puissante.Singularité du 3000, l’acheteur a le choix d’avoir un Kickstarten ROM ou sur disque dur, permettant ainsi indifféremment l’emploi duKickstart 1.4 ou 2.0. Comme l’Amiga 2000, il est également possibled’installer un Unix basé sur System V, bizarrement livré sur bandemagnétique pour streamer et non sur disquettes. Evidemment une tellemachine est chère mais pour une station de travail graphique, elle esttrès compétitive et, comme son papa, fera son nid dans le domainede la vidéo. Il sera largement soutenu cette même annéepar le lancement d’un produit qui fera date : le Video Toasterde Newtek. Cette solution de montage vidéo, d’ailleursle premier produit non dédié au Mac primé à l’AppleExpo, va booster de façon exponentielle la pénétrationde l’Amiga dans ce domaine. Composé de plusieurs modules, il en est unqui est encore largement connu, le logiciel de 3D Lightwavequi deviendra par la suite un des grands logiciels d’image de synthèsesur PC et Silicon Graphics. Le Video Toaster sera utilisé dans de nombreusesproductions plus ou moins connues : outre l’emploi de l’Amiga dans de nombreuseschaînes de télévision (souvenez vous de l’émissionHugo Délire), l’Amiga largement exploité dansdes productions telles que Babylon 5, Robocop 2,Terminator 2 ou Jurassic Park (pour lequelle modelage des sauriens sera effectué sous Lightwave). Pour une trentainede milliers de francs on a une station de travail capable de faire àpeu près ce que fait une Silicon Graphics 10 fois plus cher (faut justeêtre plus patient :p ).
L’Amiga 3000, souvent considéré comme le meilleur ordinateur de Commodore
N’empêche que Commodore va complètement raterle lancement de cette machine, marqué par d’épouvantables cafouillages.Dans les mois qui précèdent la présentation du 3000, Commodoreniera son existence tout en laissant plusieurs fois sous-entendre qu’un nouvelAmiga haut de gamme était en préparation. ¾ d’heure avant saprésentation, Irving Gould niera une dernière fois l’existencede cette machine. Niveau communication… on a vu mieux! N’empêche quemalgré ce cafouillage, l’Amiga 3000 est comme on l’a dit, un grand succès(comparativement à son prix bien sûr) et sera l’objet de désirde bien des fans. Sun Microsystems sera d’ailleurs intéressé dansl’achat d’une licence pour vendre des Amiga 3000 en tant que petites stationsUnix, mais Commodore sera incapable de mener les négociations àbien et le contrat leur échappera. L’Amiga 3000 donnera naissance àun clone l’année plus tard, l’Amiga 3000-T, un Amiga3000 qui en plus d’être dans une tour offre des slots ISA supplémentairesainsi qu’un scan-doubler en standard permettant de brancher la machinesur un écran S-VGA grâce au nouveau chip Amber.
L’Amiga 500+ ressemble trait pour trait à son grand-frère
L’Amiga 500+ doit prendre la relèvede l’Amiga 500 en 1991. En soit les différences par rapport àson prédécesseur sont loin d’être impressionnantes. Toujoursle même processeur et un chipset ECS qui ne subit aucune modification.La mémoire vive, grâce à la présence de FatAgnus, est montée à 1Mo de Chip en standard et une horlogesauvegardée est incluse. Le Kickstart et le Workbench passent tous deuxà la version 2.0. Cette nouvelle version du système d’exploitationest une grande avancée. Seul défaut, une compatibilitéimparfaite avec le modèle précédent. Ce n’est donc pasune refonte de la machine mais une évolution logique. On aurait pu enattendre plus, mais l’Amiga 500+ supplante avantageusement l’ancien modèle,de manière éphémère comme on le verra plus loin.Comme pour l’Amiga 3000, Commodore foirera en partie le lancement : le modèlen’a même pas été annoncé et est une surprise lorsde son arrivée.
L’écran de démarrage du CD-TV
Mars 91 est marqué par le lancement d’une machine quise voulait révolutionnaire… et qui fut une débâcle totale.Avec le CD-TV (Commodore Dynamic Total Vision),Commodore présente un concept plusieurs mois avant que Philips n’en fassesien avec le CD-i. La machine surnommée parfois Babe(bébé au féminin, parce que sa conception aurait duré9 mois) présente le même hardware qu’un Amiga 500 : 68000 à7,14Mhz, 1Mo de RAM (au lieu de 512Ko), ECS… mais recarrossée avecun superbe design tout de noir qui fait encore envie à l’heure actuelleet équipée d’un lecteur de CD-ROM simple vitesse. Le but de Commodore,faire une machine interactive s’appuyant notamment sur les logiciels culturels.Je pense que rien qu’à penser à cela, vous imaginez déjàle désastre. Jay Miner, interrogé à ce sujet déclaraque si le projet était intéressant et la machine très réussie,il ne se voit pas lire une encyclopédie ou un livre sur son écrande télévision. Par ailleurs, la machine est à peu prèsaussi superbe qu’elle est chère : 5500FF au lancement (sans clavier,souris ni lecteur de disquette qui sont des options permettant de transformerla bête en Amiga 500), soit près de 2000 francs de plus qu’un Amiga…La pilule est dure à avaler! Enfin, on voit culminer une des mauvaiseshabitudes de Commodore : un marketing proprement désastreux.
Le CD-TV avec toutes ces options. Ca en jette quand même!
Pour Commodore, il est en effet important de souligner le faitque le CD-TV est un tout nouveau produit. Hors de question de le rapprocherd’un ordinateur ou d’une console de jeu et d’ailleurs, le CD-TV ne porte mêmepas la mention Amiga sur le boîtier. Interdiction est faite par Commodoreaux grands revendeurs de l’exposer à moins de 5 mètres de leurrayon informatique. Pourtant les publicités mettront la plupart du tempsle CD-TV en rapport avec l’Amiga, en oubliant de mettre le doigt sur le côténovateur de la machine. Interdiction aussi de le mettre dans le rayon Hi-Fiou vidéo : il doit avoir un espace à part, bien en vue, permettantde le démarquer des autres produits. Evidemment cela ne va guèrecontenter les revendeurs mais surtout, ce que le département marketingde Commodore n’a pas prévu, c’est que le grand-public va êtretrès déstabilisé devant cette machine… Ressemblantà un lecteur CD, le CD-TV n’en n’est pas un et pourtant ce n’est pasnon plus un ordinateur… Quand aux logiciels, ils restent peu nombreux : deséducatifs pour la plupart et des jeux qui ne sont que des adaptationsdes versions Amiga (Turrican 2, Wrath of the Demon…) n’apportantstrictement rien de plus, à part éventuellement des musiques CDet encore n’est-ce pas systématique…
Le CD-TV CR, resté austade de prototype. On sait peu de chose sur lui si ce n’est qu’il conservaitun chipset ECS. Un lecteur de disquette et un contrôleur IDE étaientvraisemblablement prévus en built-in.
Le CD-TV fait donc un flop monumental, il n’y a guèrequ’en Angleterre où il fait illusion la première année,avant de voir ses ventes littéralement s’effondrer avant Noël 1991.La production sera arrêtée dans l’année qui suit, et lesrecherche sur la conception du CD-TV CR (ou CD-TV II)seront stoppées. Le CD-TV, s’il démontre encore une fois l’extrêmehabileté des ingénieurs de Commodore, est un échec lourdqui coûte très cher à l’entreprise, d’autant qu’il avaitprofité de la majeure partie des crédits alloués àla recherche. Plus tard, Philips se cassera les dents avec le CD-i, ce qui démontreral’échec patent du concept.
Le CD-TV CR, resté austade de prototype. On sait peu de chose sur lui si ce n’est qu’il conservaitun chipset ECS. Un lecteur de disquette et un contrôleur IDE étaientvraisemblablement prévus en built-in.
;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandirL’Amiga 600 est d’une taille on ne peut plus réduite
- bien entendu. Ainsi la qualité de fabrication est largement en retrait
- clavier moins franc, lecteur de disquette moins fiable et surtout retraitdu pavé numérique. Bref l’Amiga 600 passe vraiment pour un ordinateurtrès bas de gamme, ce qui est peu compatible avec l’image de marque dela gamme et l’attente des fans. Il apporte tout de même un certain nombred’améliorations, notamment un contrôleur IDE permettantd’installer un disque dur interne (voir une machine si petite comportant undisque dur est tout de même assez impressionnant à l’époque)ainsi qu’un port PCMCIA sur le côté droit permettantla connexion de périphériques tels que carte réseau, modem,disque dur externe… L’Amiga 600HD embarque en standard undisque dur de 40Mo. Le contrôleur IDE est malheureusement un 2,5 ».Dommage car ce genre de disque est à la fois plus lent et plus cher queles 3,5 » mais il faut bien dire qu’il était difficile de faire tenirun disque de cette taille dans le petit boîtier. Pour le reste, c’estla même chose que le 500+.
est tout de même assez impressionnant à l’époque)ainsi qu’un port PCMCIA sur le côté droit permettantla connexion de périphériques tels que carte réseau, modem,disque dur externe… L’Amiga 600HD embarque en standard undisque dur de 40Mo. Le contrôleur IDE est malheureusement un 2,5 ».Dommage car ce genre de disque est à la fois plus lent et plus cher queles 3,5 » mais il faut bien dire qu’il était difficile de faire tenirun disque de cette taille dans le petit boîtier. Pour le reste, c’estla même chose que le 500+.
On va encore une fois assassiner de département marketingde Commodore (remarquez qu’on ne fait plus quasimment que ça ;) ) quidécide de promouvoir l’Amiga 600 comme une console de jeu avec un clavier,ni plus, ni moins… Tant le ST que l’Amiga souffraient déjà decette réputation aussi fausse que peu flatteuse et cette décisioncontribuera largement à mettre l’Amiga en étau entre les consoles16 bit et les PC quand les choses iront vraiment mal. Durant sa courte carrière,les vente d’Amiga 600 seront bonnes, malgré un accueil assez froid, sonfaible prix et l’indisponibilité des 500+ aidant. Comme d’habitude depuisle lancement de la gamme, les ventes d’Amiga sont en progression constante.Sorti moins d’un an après le 500+ et seulement 6 mois avant le1200, l’Amiga 600 est une boulette dans le plus pur style de la boite.Commodore aura d’ailleurs du mal à cacher son embarras face aux critiques.
La 64-GS
On croyait le C64 définitivement mort avec l’arrêtde la production en 1990 et l’abandon du projet C65 en 1991. Il fait pourtantun come back en catimini à Noël 91 avec la 64-GS,ni plus ni moins qu’un C64 recarrossé sous forme de console (comme laGX4000 d’Amstrad). Manifestement, Commodore espère pouvoir relancer avecprofit la légende qu’elle a si longtemps cherché à tuer.La machine, mise en vente quasimment exclusivement en Angleterre disparaîtrade la même façon qu’elle est arrivée… de manièrediscrète. L’architecture est vraiment trop ancienne et le parc de C64trop important. Quel intérêt pour cette machine inférieureaux NES et autres Master System?
Bref, 1991 rappelle un peu la période 1984-85,marquée par une stratégie calamiteuse, démontrantque pour ses dirigeants, Commodore n’est guère plus qu’une pompe àfric. La contestation se fait d’ailleurs assez vive et nombreux sont ceux quiréclament le départ de Mehdi Ali, soutenu mordicus par IrvingGould. Un Irving Gould critiqué de longue date, notamment par son absolutisme.Avec plus de 20% des parts de Commodore, il est de loin le premier actionnaire.Mehdi Ali lui-même ne dispose qu’à peine plus d’1% des parts! Onvoit réapparaître la fameuse Boing Ball, désormais symbolede contestation contre Commodore dans la communauté des utilisateurs,partagée entre un amour de leur machine préféréeet l’incurie dont fait montre les dirigeants de l’entreprise. Sans compter quemalgré la progression des ventes d’Amiga, les dettes de Commodore sesont largement creusées, et l’inquiétude commence à poindreavec des rapports financiers qui ne sont guère enthousiasmant.
Crédits pour les images :- http://amiga.emugaming.com- http://www.amiga-hardware.com- http://cdtv.amigaupgrades.com- http://www.mo5.com