1984-1985 Le grand tournant
1984-85 : Le grand tournant
Allez savoir pourquoi, certaines années sont décisivesdans certains secteurs, et c’est le cas de 1984 dans le monde de l’informatiquegrand public et du jeu vidéo. Et peut-être plus encore pour Commodore,cette période étant riche d’événements. Bien entendue,l’année est marquée par le fameux krach du jeu-vidéo quientraînera la disparition de nombreuses machines (Coleco, Excelvision,Dragon32…) et le retrait de nombreuses entreprises du monde vidéo-ludique(Philips, Texas Instrument, Mattel…). Peu nombreux sont les survivants, mêmesi certains arrivent à bien s’en sortir (Amstrad notamment, la valeurmontante, qui parvient à absorber Sinclair). Dans un scénarioapocalyptique, certains y virent la fin pure et simple des consoles de jeu-vidéo,souvent encore considérées comme une mode qui passerait. Il estvrai qu’en Europe, il faut attendre 1988-89 avec l’introduction de la NES pourvoir un véritable retour des consoles. Cela dit, Commodore souffre moinsque les autres de cette crise, grâce notamment à la diversitéde sa gamme.
1984 est une année très contrastée pourCommodore. La hausse du chiffre d’affaire va lui permettre de franchir le capdu milliard de dollars et la firme peut faire étalage de sa puissancelors du premier World of Commodore à Toronto qui commémoreles 25 premières années de son existence et qui est lepremier salon informatique dédié à un constructeur.Les exposants viennent de Suède, de Turquie, du Japon… La grand messede Commodore se déroulera tous les ans et sera un vrai événement.Il est aussi fait état de l’annonce d’un robot et un module de synthèsevocale connaissant 235 mots au départ sort pour le C64 : Commodore necache pas son intérêt pour tout ce qui concerne l’IntelligenceArtificielle et la robotique. Enfin, le VIC-20 prend définitivement saretraite.
- nouvelles. Elle commence avec une annonce qui en a stupéfait plus d’un
- en Janvier, Jack Tramiel annonce dans un communiqué de presselaconique son départ de Commodore. Ainsi, il écrit « personalreasons prevent my continuing on a full-time basis with Commodore« (des raisons personnelles m’empêchent de continuer à pleintemps avec Commodore). Des interviews ultérieures dévoilerontde nombreux conflits avec Irving Gould. On peut imaginer que la forte personnalitéde Tramiel n’appréciait guère de ne pas avoir pleine libertéface au Conseil d’Administration dirigé par l’homme d’affaire canadien,mais la tournure que prendra la politique commerciale de Commodore dans lesannées qui suivent laisse à penser que les divergences àce propos étaient profondes.
divergences àce propos étaient profondes.
Le conflit ne date pas d’hier, on se souvient que Jack Tramielavait déjà claqué la porte en 1982, pour revenir quelquessemaines plus tard et on sait aujourd’hui qu’il a préparé sondépart… En Juillet, Jack Tramiel prend position à la têted’Atari dont il a racheté les départements d’ordinateurs et dejeux vidéos à Time Warner pour 240 millions de dollars. Time Warnerne conserve que la division arcade et la division communications (c’est le fameuxsplit d’Atari). La boîte fondée par Nolan Bushnell estalors dans un état calamiteux, rongée par une crise qu’elle acontribué à générer. La firme a en effet perdu 536millions de dollars en 1983 et des rumeurs prétendent que 2 millionsde dollars s’évaporent chaque jour. Avec 51% des parts, Jack Tramielcontrôlera Atari avec ses fils d’une main de fer. On parle alors du « clanTramiel ».
Pour Commodore en tout cas, c’est plus que le fondateur quis’en va, c’est aussi tout une politique qui va changer et des restructurationstrès importantes. Nommant les dirigeants à sa guise, Irving Gouldsera désormais celui qui aura réel contrôle sur Commodoreet son but est simple : faire de Commodore une entreprise tournée uniquementvers le profit. Mais en vérité, à partir de maintenant,la politique de Commodore sera plus chaotique, essayant de s’imposer dans unpeu tous les domaines sans vraiment s’en donner les moyens.
Ainsi plusieurs machines sortent en 1984 et 1985, toutes deséchecs. D’abord avec l’incompréhensible gamme C264.On y trouve deux machines :C Plus/4C16;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandir;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandirCPU>MOS 7501 @0.78Mhz ou 1.76MhzRAM64Ko16KoROM32KoAffichage320x200 en 16 couleursSonPCM 3 voies, 4 octavesAnnée1984
Examinons le (seul) point positif de ces machines, le BASICqui dispose désormais de fonctions accédant directement àl’affichage et au son, ce qui n’existait pas dans le C64. Le C Plus/4offre en outre un Assembleur intégré ainsi que quatre faibleslogiciels de bureautique en ROM. Mis à part cela, les machines ressemblentà un C64, mais amputées des sprites et du scrolling câbléet surtout du SID. Cela n’est pas du tout compensé par le 7501, une évolutionmineure du 6502. Le C16 (et le C116, versionéconomique de celui-ci, avec un clavier à gommes plutôtque mécanique) voit même la RAM tomber à 16Ko… Evidemmentce sont des machines orientées vers le bas de gamme, le C16 étantau prix de 100$. C’est d’ailleurs la seule chose qui puisse justifier ce retouren arrière, le marché visé étant celui de l’éducatif.
Mais pourquoi, pourquoi rendre ces deux machines incompatiblesavec le C64???? Car rien, ni les logiciels ni même les périphériquesdu C64 ne fonctionnent dessus! Ainsi, outre l’ordinateur, il faudra investirdans un lecteur de disquette à part etc… On s’en doute, la gamme C264est un bide à vrai dire des plus mérités.
Autre gamme sortie en 1984, la série des CBM500/600/700, destinée à remplacer le PET sur le marchéprofessionnel. Il était temps car le PET datait et avait perdu beaucoupde terrain. Malheureusement, cette nouvelle gamme aura un succès… abyssalet ne se vendra que faiblement en Europe et quasiment pas aux Etats-Unis. Coûtantune fortune à produire, ils ne permettront pas à Commodore derevenir sur ce terrain.CBM 500CBM 600CBM 700;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandir;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandirCPUMOS 6509@1Mhz (Z80 ou i8080 en option)MOS 6509@2Mhz (Z80 ou i8080 en option)MOS 6509@2Mhz (Z80 ou i8080 en option) + co-processeur pour le 730RAM128 Ko (extensible à 896Ko)128 Ko (700) ou 256 Ko (720 et 730) extensible à 896 KoROM28KoAffichage320x200 en 16 couleurs512x512 monochromeSon3 voies, 4 octaves3 voies, 9 octavesAnnée1984
Le C128, sorti en 1985, est de loin la machinela plus intéressante. Destiné à être le successeurdu C64, il embarque un 8502 et un Zilog Z80 ainsi que 128Ko de RAM. Totalementcompatible avec le C64, il dispose évidemment de ses spécificitéspropres ainsi que d’un mode CP/M ce qui en fait une machine très polyvalente.Malheureusement, les éditeurs tiendront peu compte des spécificitésdu C128, préférant continuer à supporter le C64 tout ensachant que leurs jeux tourneraient de toute façon sur celui-ci. La machineaura un succès honorable et connaîtra un successeur, le C128Den 1987.
Le C128 n’a pas eu le succès mérité
1984 et 1985 sont donc des années d’instabilitéchez Commodore et on a franchement l’impression que ses dirigeantsveulent aller dans un peu toutes les directions. Au final, tout cela coûtetrès cher et malgré les rapports très négatifs desanalystes, la majorité des bons bénéfices de 1984 grâceaux ventes de C64 passent dans le remboursement d’un quart de la dette. L’année1985 s’annonce très difficile et le plan de restructuration de MarshallSmith, remplaçant de Jack Tramiel, loin d’assainir les finances,ne fait que déséquilibrer un peu plus l’entreprise. Ainsi, malgréun licenciement massif de 45% des salariés, Commodore clôture l’année1985 avec une perte sèche de 240 millions de dollars et des créditeursqui viennent taper à la porte.
Commodore réussit à négocier un mois derépit, le temps que passent les fêtes de Noël… qui sontexceptionnelles puisqu’elles atteignent presque le niveau de celles de 1983,sa meilleure année. Reste maintenant à reconstruire la boite.Et Commodore a déjà son fer de lance, un rachat en 1984 et quia fait l’événement lors de sa présentation au Lincoln Centerde New York en Juillet 1985. L’ère Amiga est là…
Crédits pour les images :- http://www.mo5.com- http://www.old-computers.com