1976-1982 Les premiers 8 bits
1976 - 1982 : Les premiers 8 bits
La situation pour Commodore n’est donc guère encourageanteen 1976 : de lourdes dettes, un stock invendable, un marché des machinesà écrire saturé et un concurrent inattaquable en la présencede Texas Instrument sur celui des calculatrices… Il faut non seulementchanger de marché mais aussi de structure.
Plus facile à dire qu’à faire d’autant que l’entreprisemanque d’argent. Encore une fois, c’est Irving Gould qui assurera un prêtgaranti, cette fois-ci de 3 millions de dollars. De son expérience avecTexas Instrument, Jack Tramiel dira plus tard : « J’ai alors senti quele seul moyen de poursuivre dans le marché de l’électronique étaitde contrôler notre propre destinée ». Pour Commodore,il s’agit donc de contrôler le plus possible la chaîne de production,du début à la fin, et de se passer des sous-traitants et des fournisseursautant que faire se peut.
L’argent d’Irving Gould sera donc investi dans plusieurs rachats,devant permettre à Commodore de faire sa place dans le marchédes semi-conducteurs. Tramiel rachète notamment Frontier,une entreprise californienne produisant des CMOS et des semi-conducteursainsi que MDSA, un producteur d’écrans LCD.
Chuck Peddle
L’acquisition la plus significative est néanmoinscelle de MOS Technology en Novembre 1976. MOS Tech, fondée en1975 par un ancien ingénieur de Motorola, Chuck Peddle,est alors au bord de la faillite suite à un procès avec… Motorola.Elle apporte pourtant un énorme savoir-faire et surtout un processeur,un processeur qui n’est autre que le 6502 et qui sera l’unedes « stars » des années 80. On le retrouvera dans de nombreusesmachines sous des formes plus ou moins modifiées : Apple I et][, Atmos, Atari XL/XE, Nintendo NES (6502c),Atari VCS 2600 (6507), Atari Lynx (65c02), NEC PC Engine(Hu6280, basé sur un 6502)… et bien sûr les futurs ordinateursde Commodore. MOS sera durant toute l’Histoire de Commodore un élémentcritique de la boite.
;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandirLe MOS 6502, un des gros succès de MOS
Car Chuck Peddle va réussir à convaincre Tramielque le prochain marché est celui des ordinateurs personnels. Le patronde Commodore sachant qu’il n’y avait guère de possibilité de revenirsur le marché des calculatrices, il lui donne 6 mois pour concevoir unprototype. Six mois c’est peu, mais MOS avait déjà présentédurant l’été 1976 un prototype de carte-mère accueillantle 6502. Si le KIM-1 (le nom de ce prototype) n’existait ensoit que pour faire la démonstration du microprocesseur,il estaussi le premier ordinateur avec une carte-mère d’une seule pièce(singleboard).Le KIM-1;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandirCPU6502@1MhzRAM1KoROM1Ko embarquéeEntrées/Sorties15 ports bidirectionnels I/O, Interface pour lecteur de cassettes, clavier numérique, affichage par LEDsAnnée1976
Jack Tramiel n’était pas enthousiasmé par leKIM-1 et ne souhaitait pas que Commodore le commercialise. Mais il servira debase au futur ordinateur que doit concevoir Chuck Peddle, assisté dusecond fils de Jack, Leonard Tramiel. Cet ordinateur justement,le moins qu’on puisse dire c’est que l’ingénieur va intensémenttravailler dessus, si bien qu’un prototype ne tarde pas à pointer lebout de son nez : le PET (Personal Electronic Translator)était né. Le nom n’est pas choisi par hasard, car peten anglais signifie animal domestique (chien, chat…). A une époqueoù les ordinateurs personnels étaient vendus en kit, obligeantl’utilisateur à jouer du fer à souder, et très complexes,le PET est vendu complet et joue sur sa simplicité d’utilisation.
Pendant ce temps, Commodore se restructure de façonprofonde, adoptant une hiérarchie verticale beaucoup plus organisée.Si le siège reste à Toronto, les unités de production sontbasées à Palo Alto, dans les anciens locaux de Frontier. Quandau siège financier, il est installé aux Bahamas.
Tramiel va d’abord présenter le PET à Tandy quiétait alors une compagnie majeure (notamment grâce à sajoint-venture avec Radio Shack, spécialisée dans l’équipementmétéorologique), espérant qu’ils le distribuent. Tandyobserve et se montre intéressé… tellement en fait qu’ils décidentde construire leur propre ordinateur, le TRS-80! Déçus, Tramielet Peddle ne perdent pas courage et le PET 2001 est présentéin extremis au CES de Chicago de 1977. Le moins que l’on puissedire, c’est qu’avec son écran trapézoïdal, on croirait lebidule sorti de la série Star Trek, un look futuriste qui aujourd’huifait plus que kitsch! ;) Mais les caractéristiques, en regard du prixde la machine, sont franchement alléchantes. La machine est solide, tout-en-enun et dispose de 8Ko de RAM, ce qui est royal. On regrette juste le clavier,peu ergonomique au possible avec ses touches minuscules.
- de coups de fils de revendeurs recherchant à obtenir le droit de distribution
- le montant des pré-commandes monte à 3 millions de dollars.Le succès, tant recherché, est enfin à portée demain!PET 2001CPU6502@1MhzRAM4Ko (prototype), 8 à 32Ko (modèles commerciaux)ROM14KoGraphismesMode texte 40x25 monochromeSonBeeper intégréMédiasLecteur de cassette intégréAnnée1977
prototype), 8 à 32Ko (modèles commerciaux)ROM14KoGraphismesMode texte 40x25 monochromeSonBeeper intégréMédiasLecteur de cassette intégréAnnée1977
Et le succès est bien là, même si on voitdéjà les premiers couacs dans la politique commerciale de Commodore.Le département marketing de Commodore a en effet été unpeu optimiste quand aux frais de production et l’ordinateur, annoncéd’abord à 495$, passe rapidement à 595$. Une offre à 795$avec 4Ko de RAM supplémentaire est également disponible. Celan’empêche pas le succès et Commodore peut se permettre d’imposerses conditions aux revendeurs, qui doivent présenter entre autres unexcellent passif au niveau des paiements, disposer d’un technicien agrééet joindre une avance de 200$ à toute commande.
Tramiel va cependant prendre une décision lourdede conséquences sur les rapports entre son entreprise et les petits revendeursen négociant avec les grands distributeurs. En leur accordantle droit distribuer le PET, il neutralise tous les efforts déployésles petits revendeurs, les mettant en concurrence directe avec les grands etce, dans des conditions déplorables. Ceux-ci s’en souviendront toujourset Commodore devra en payer le prix plus tard. En attendant, cela permet auxPET de toucher un vaste public.
Le marché où le PET a le plus de succèsest incontestablement l’éducatif. Le PET est en effet l’ordinateur leplus couramment rencontré dans les écoles nord-américaineset tient à lui seul 60% du marché des écoles publiquescanadiennes. La principale raison? La solidité. Casser un PET est extrêmementdifficile tant la machine est robuste (même si d’après une légende,il est possible de cramer le lecteur de cassette en forçant le démarrage/arrêtdu moteur dans une boucle infinie, après avoir poké une IRQ).Autre marché à succès pour le PET, la bureautique.
De nombreux modèles de PET vont succéder au 2001et la machine commence à s’exporter en Europe. Néanmoins la politiquede Commodore va forcer un tassement des ventes. En effet, dans l’espoir d’empêchertoute upgrade sur ses machines, les nouveaux matériels et logiciels disponiblesne sont pas compatibles avec les anciens modèles de PET. On imagine combienl’utilisateur a pu être frustré, d’autant que le concurrent directRadio Shack, n’a pas commis la même erreur avec son TRS-80, moins cherqui plus est. Après un départ en fanfare, les ventes de PET s’essoufflentrapidement et en 1979, il est derrière l’Apple ][ et le TRS-80 Model1 malgré la sortie d’un PET 2001 amélioré, le split entreun modèle personnel et un modèle professionnel et la sortie despremières imprimantes estampillée du C=. Cela n’empêchepas Commodore de rélocaliser ses unités de production de PaloAlto à Santa Clara, dans des locaux plus grands. La même année,une page se tourne avec le départ de Chuck Peddle qui, en désaccordavec la vision de Tramiel, rejoint Victor avant de participer à la fondationde Sirius.
;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandirLe SuperPET
Les modèles suivants du PET n’auront pas le mêmesuccès que le 2001, que ce soient les PET 40xx ou les**PET 80xx **mais ils seront bien placés dans le domainede la bureautique où ils se vendent bien. L’annonce du SuperPET(également appelé Micro-Mainframe 9000) en 1980,développé avec l’Université de Waterloo (Ontario, Canada)permet néanmoins un premier essai réussi dans le domaine scientifiqueet est le premier ordinateur à associer deux processeurs(même si on ne peut pas parler de multi-processoring). Basésur un PET 8000, la bête n’arbore pas moins de deux microprocesseurs(un MOS 6502 et un Motorola 6809 tous deux à 1 Mhz) travaillant ensemblesur la même tâche, 96Ko de RAM et 48Ko de ROM embarquant le CommodoreBASIC 4.0. Pour 2000$ c’est une machine destinée aux scientifiques etaux universités à un prix attrayant. La gamme PET s’éteindraen 1984, après une longue carrière.
Mais qu’importe si le PET est obsolète, Commodore adéjà préparé la relève. Cela fait déjàun moment que Tramiel observe ses principaux concurrents, Apple et TRS. C’estsur le marché domestique que ceux-ci ont le plus de succès, etc’est là que Commodore doit frapper. Et c’est ainsi que naît leprojet The Other Intellect. Projet ambitieux s’il en est caril consiste à proposer un ordinateur couleur pour moins de 300$.
Le projet se concrétise avec le VIC-1001.Le nom VIC provient tout simplement de son chip qui permettait de restituerdes graphismes en 8 couleurs et de générer de la musique sur 3voix. La présence d’un chip dédié à certainestâches est alors une première. Bien entendu pour atteindreun tel prix il fallait faire une concession : les 5Ko de RAM sont largementinsuffisants et la majorité des jeux nécessiteront la coûteuseextension de 16Ko de RAM. La machine est lancée fin 1980 au Japon.Le VIC-20;void(0);)Cliquez sur l’image pour l’agrandirCPU6502@1MhzRAM5Ko (16 pour le SuperVIC)ROM8KoGraphismes167x92 en 8 couleursSon3 voixMédiasCartouches, Cassettes (option), Disquettes (option)Année1980
Pourquoi le Japon? Sans doute pour en faire un « marché-test ».Une autre explication que j’ai pu lire serait une volonté de contrecarrerle projet MSX, un projet lancé par ASCII visant à créerun standard d’ordinateurs familiaux avec des spécifications précises(processeur Zilog Z80, au moins 8Ko de RAM…) et réunissant la majoritédes boîtes qui comptent en Asie. Si telle était vraiment la volontéde Commodore, alors on peut estimer que le coup a réussi car le projetMSX n’a finalement abouti qu’en 1983, Sony et Matsushita préférantattendre avant de se lancer comme prévu en 1981.
La machine, renommée VIC-20, est lancée aux Etats-Unisen Mai 1981 puis dans en Europe au prix de… 299.95$. Pari gagné doncet un succès inimaginable. D’autant que Commodore va largement insistersur le marketing et qu’une guerre des prix et de la pub va commencer. Le premierà attaquer le dernier bébé de Tramiel sera Texas Instrumentqui va largement largement contribuer à la réputation de jouetdont le VIC-20 ne pourra jamais se dépareiller. La réponse nese fera pas attendre, Tramiel faisant en public la comparaison entre le TI/99et le VIC au niveau du rapport performances/prix suivie d’une campagne de publicitécomparative des plus agressives. La guerre entre les divers acteursfait rapidement tomber les prix, le VIC-20 se vendant vers la fin desa carrière pour 55$.
Commodore profitera largement de cette guerre ouverte, sonpatron déployant tout son génie dans ce genre de situation. Auplus fort de la production, 9000 VIC-20 sortent des usines Commodorechaque jour et inondent le marché : en fin 1982, 750 000 machinesse sont vendues dans le monde contre 600 000 Apple ][ et 575 000 TI99/4. L’Apple][, de deux ans son aîné, a été dépassé,et en 1983, le VIC-20 deviendra le premier ordinateur à franchirle cap du million d’unités vendues.
Commodore ne s’arrête pas là et sort en 1982 leSuperVIC, équipé de 16Ko de RAM ainsi qu’un modem1200 bauds. L’année 1982 est fait marquée, plus que par l’évolutiondu VIC, par une gamme de trois machines orientées vers les entreprises:
Le BX 256P128B128BX256CPUMOS 6509MOS 6509MOS 6509 + i8088 (z80 en option)RAM128Ko128Ko256Ko (extensible à 960Ko!)ROM40Ko40Ko40KoGraphismesTexte 80 colonnes320x200, 16 couleursTexte 40 colonnesOSCommodore BASIC 4.0Commodore BASIC 4.0COMMODORE BASIC 4.0 + CP/MAnnée19821982 (resté au stade de prototype)1982Prix1000$prévu à 1700$ (non commercialisé)3000$
Mais ces trois machines n’auront pas de réel impact(le B128 n’a vraisemblablement même pas étécommercialisé) si bien qu’en réalité tous les regards setournent vers un mystérieux VIC-30…
- Le ciel n’est pourtant pas aussi bleu que cela chez Commodore
- toujours en 1982, Jack Tramiel claque la porte de Commodore pour yrevenir quelques semaines plus tard… Prémisse des nuages quis’amoncellent à l’horizon…
Crédits pour les images :- http://www.inode.at/reebok- http://www.commodore.ca- http://www.mo5.com- http://www.old-computers.com- http://www.cpu-museum.com