Annexe 2 : Amiga - de Gateway à l'indépendance
1997-2004 : Amiga - De Gateway à l’indépendance
Durant de longs mois, la destinée d’Amiga reste uneinconnue, handicapant fortement les divers travaux des partenaires en vue dela modernisation de la plate-forme. On se souvient du rôle de Phase5 dans le développement d’une architecture Power PC, il estaussi à signaler l’apparition des premières cartes graphiquesRTG (ReTargetable Graphics) comme les PicassoIVou les Cybervision 64, qui vont booster l’affichage de l’Amiga.Toujours est-il que finalement c’est le constructeur californien dePC Gateway 2000 qui s’avance et qui rachète Amiga en Avril 1997.C’est une surprise et aujourd’hui encore, les motivations de l’entreprise àla vache dans un tel rachat sont source d’interrogations. Les rapports trèsconflictuels entre Gateway et Microsoft à l’époque ont poussécertains à envisager le fait que Gateway cherchait un nouveau créneaupour se passer du géant de Redmond. Même si le changement d’attitudede Gateway à l’égard d’Amiga est simultané à unaccord avec MS, l’explication est douteuse. On a aussi lancé l’hypothèsed’un intérêt pour la technologie Amiga, ce qui n’est pas impossiblemais une telle technologie aurait difficilement été incorporéedans un PC. Autre explication, les nombreux brevets que détient Amiga,notamment sur certaines techniques d’affichage et surtout celui sur la sourisà deux boutons.
Peu de temps après, l’annonce de Lotus Pacificde l’achat des droits sur l’ensemble du continent asiatique laisse perplexe.Gateway nie immédiatement et s’ensuit une bataille juridique àl’issue de laquelle on apprend l’existence d’un accord entre Lotus Pacific etEscom vieux de deux ans concernant une licence d’exploitationen Asie, mais certainement pas l’achat des droits sur l’Amiga.
Amiga change une nouvelle fois de nom et devient AmigaInternational et reste dirigée par Petro Tyschtschenkoqui avait déjà officié durant l’ère Escom. Gatewayse montre des plus bénévolents, au moins au début, laissantà Amiga Internationalune autonomie très importante et semblantprêt à financer les projets nécessaires. Les projets d’AmigaInternational sont présentés au World of Amiga 1997,à l’hôtel Novotel de Londres.
En premier lieu une nouvelle version d’AmigaOS,avec notamment l’ajout d’une pile TCP/IP pour le réseau et du supportnatif de l’USB et de l’affichage RTG. Après des retards consécutifs,AmigaOS 3.5 sortira en 1999 et sera ce qui a étépromis : un Workbench 3.1 avec une surcouche d’utilitaires du domaine public.
En second lieu, Amiga International confirme la volontéd’aller vers le PowerPC, en poursuivant les recherches en ce sens.Amiga fait l’erreur d’annoncer un prototype Power PC créé parlui-même alors que la tâche de développer le hardware PowerPCdevait être délégué à des partenaires extérieurstels que Phase 5. En réalité, c’est une nouvelle entitéqui est créée, Amiga Inc. chargée du développementmatériel et logiciel. Amiga International est désormais chargéedu marketing et de la communication.
Troisièmement, et c’est sans doute le point le pluspositif, la vente de licences à des partenaires.On voitainsi apparaître divers clones, estampillés du « Poweredby Amiga », la plupart sont des Amiga 1200 montés en tour plusou moins accélérés par des cartes montées en standard.Cloanto pour sa part reçoit la licence pour les romset le système d’exploitation en vue de la commercialisation premier packd’émulation Amiga Forever. En soit, c’est un des touspremiers pas de légalisation de l’émulation. Contrairement àce qu’on aurait pu penser au départ, Amiga Forever est un succèset la version 6.0, sortie cette année (2004) s’affirme comme un produitmature. Ces ventes de licence permettent en tout cas des rentrées d’argentbienvenues pour justifier les travaux d’Amiga International.
L’année 97 est donc pleine de promesses, qui se concrétiserontplus ou moins en 1998 et 1999. Le mieux étant le retour, certes discret,des Amiga sur les étalages.
En début 1998 sont annoncés par des acteurs tiersplusieurs machines embarquant des Power PC en standard. C’est notamment le casdu Boxer, projet conjoint entre Phase 5 et Blittersoft,mais surtout du Pre/Box, machine très puissante devantembarquer un processeur de la famille 68x et pas moins de 4 Power PC! AmigaInternational se désolidarise de ce projet qui ne verra jamais le jour,de même que d’un nouveau projet d’adaptation d’AmigaOS pour stations Alpha.
Autre espoir en 1998, l’annonce de plusieurs jeux et notammentdeux particulièrement attendus : Myst, adaptépar ClickBoom et Quake, en phase de finition.Un premier build très imparfait de Quake avait été réalisépar des pirates quelques temps auparavant, mais celui-ci est officiel.
Mais des déclarations contradictoires et des annoncesmaladroites vont faire de 1998 une année assez chaotique. Ainsi, aprèsavoir déclaré être plus intéressé dans ledéveloppement logiciel que matériel, Amiga Inc. fait l’annonced’un nouveau processeur ultra-secret devant équiperles futures machines Amiga. Annonce contradictoire avec la précédente,mais qui semble qui plus est laisser de côté les partenaires travaillantsur le Power PC. Cette annonce fait aussi état d’un OS exploitant unkernel tiers (on saura plus tard que le choix se portait vraisemblablement surBeOS). Pire que tout, la première version de cet OS,maladroitement nommé AmigaOS 4.0 devait tourner surplates-forme x86 (sur PC quoi), devant précéder un AmigaOS5.0 qui serait la véritable forme finale. Résultat, unemassive contestation des utilisateurs et un mécontentement certain despartenaires, Phase 5 en premier lieu.
Amiga Inc. s’explique durant l’été : poureux, les Amiga 68k et PPC, qu’ils appellent Amiga Classic pour fairela distinction, doivent disparaître au profit d’une nouvelle architecture,destinée vraisemblablement à l’embarqué. Mais les accordsavec Be tombent à l’eau et in extremis, c’est le kernel de QNX,Neutrino, qui est choisi : d’un coup ça passe mieuxcar pour la première fois, un projet vraiment ambitieux est annoncéet le kernel de QNX est reconnu pour sa très grande qualité. L’annonceest suivie du licenciement de Fleecy Moss, qui étaiten charge de plusieurs projets mais Amiga estompe les craintes en confirmantla sortie d’OS 3.5, qui serait distribué par Haage & Partners.
Gateway n’étant pas très content de la mauvaisepublicité engendrée par tout ce bazar, tout ceci va forcer unchangement à la tête d’Amiga en la personne de Jim Collas.Amiga Inc et Amiga Technologies seront fusionnées durant le Printemps1999 sous le nom d’Amiga. Mes les rumeurs et les erreurs decommunication vont saper l’embellie et de plus en plus, l’action de Gatewayest contestée. En Juillet 1999 est annoncé à la surprisegénérale que QNX n’est plus partenaire et que finalement c’estun kernel Linux qui va être utilisé. Larupture du contrat avec QNX va sceller une alliance entre lui et Phase 5,l’autre grand lésé. La présentation d’un prototype peude mois après (le MCC) vont confirmer le chemin engagévers les ordinateurs se branchant directement sur une télé.
Le départ simultannée de Bill McEwenet de Jim Collas va révéler ce qui se passe réellementen arrière-plan et pourquoi la politique suivie par Amiga estsi anarchique. Gateway, qui jusqu’il y a quelques mois laissait tranquillementAmiga prendre son indépendance semble avoir changé d’avis en voyantl’avancée de ces projets : hors de question de laisser partir Amiga avecses set-top boxes! De chez Gateway, on aura des rapports estimant que Collasest incapable de tenir son équipe, en majorité opposéeà l’interventionnisme de Gateway. D’autres rapports laisseraient àpenser que Collas a essayé de rendre Amiga totalement indépendantde la maison-mère… Difficile de faire la part des choses.
Toujours est-il que dès ce moment, le changementd’attitude de Gateway est clair. Si le nouveau patron d’Amiga,Thomas Schmidt avait pour ambition de continuer le développementde l’Amiga MCC, la coupure des crédits et la réduction du personnelengagé par Gateway lui lie les mains. Début Septembre, Amiga annoncel’arrêt du développement de tout ordinateur : le projet MCC estmort. Simultanément, Gateway annonce un accord avec Microsoft portantsur la distribution d’un futur système destiné au grand publicnommé… X-Box!
Amiga est finalement rachetée par Amino Developments,formée par Fleecy Moss et Bill McEwen (voir plus haut), soutenue financièrementpar le groupe Tao. Le 3 Janvier 2000, Bill McEwen, présidentd’Amino, fait sa première déclaration, annonçant le changementde nom de son entreprise pour celui d’Amiga Inc. Quelques joursplus tard, le groupe britannique Tao, qui développe un langage prochede Java mais avec des capacités multimédias supplémentaires,est présenté comme partenaire concernant le développementdu système d’exploitation.
Le 1 Avril, Amiga Inc dévoile ses plans : AmigaDE, un langage de programmation similaire à Java dans le conceptc’est-à-dire indépendant de l’architecture matérielle.Le but? Pénétrer le marché de l’embarqué. Hyperionet Haage & Partners entres autres seront des partenaires. On cite aussiSun, Corel et Red Hat, bienque leur rôle reste obscur. Un SDK est immédiatement annoncé.La même année est conclu un accord de partenariat avec Matroxet Eyetech. Un espoir pointe son nez en 2001 avec deux contratstrès importants concernant le développement d’Amiga DE pour plates-formesSharp Zaurus et pour les Psion. Mais la mauvaiseconjoncture économique qui voit l’abandon du Zaurus par Sharp et le retraitde Psion font tomber à l’eau ces opportunités.
En Décembre 2000 sort AmigaOS 3.9 quicomporte notamment une meilleure gestion du Power PC, mais reste une simplemise à jour. Il est le dernier AmigaOS à tourner sur plate-forme68x. AmigaOS 4.0, annoncé en 2001, sera exclusivement conçupour plates-formes PowerPC. Il sera notamment développépar Hyperion. Eyetech pour sa part concevra l’architecture matérielle,c’est-à-dire les AmigaOne.
Mais avec la chute en Janvier 2000 de Phase 5, mise en liquidation,va se créer un nouveau camps. MorphOS, conçupar des anciens de Phase 5, est présenté en Avril 2000 et estle premier système d’exploitation compatible Amiga conçu nativementpour les PowerPC. Ceci a permis l’incorporation de contrôle des ressourcesou de la mémoire virtuelle là où cela était virtuellementimpossible dans OS 3.9, en tout cas pas sans une refonte profonde du logiciel.MorphOS trouvera un allié dans la boîte française Thendic,renommée plus tard Genesi, qui concevra les machinesPegasos, dédiée à MorphOS.
La rivalité entre les deux camps se cristallisera avecle temps jusqu’à culminer avec le procès intanté par Genesià l’encontre d’Amiga au sujet d’Amiga DE. Genesi a remporté lapremière phase mais l’appel demandé par Amiga Inc a étéentendu et on attend toujours ce qui doit advenir.
Début 2004 est marqué par la révélationde la vente restée jusqu’alors secrète d’AmigaOS à KMOSen Avril 2003, une entreprise dirigée par Garry Hare,jusqu’alors tout autant inconnue que la vente en question. Pour Amiga Inc, l’avantagede cette cession est multiple. D’abord ce la lui permet sur ce qui est depuistoujours son objectif principal : AmigaDE. Ensuite, cela fait une rentréed’argent plus qu’opportune. On sait que la boite a beaucoup souffert de la crisesdes nouvelles technologies et que ses dettes sont lourdes. La vente de matérielaux enchères durant l’été 2003 ne fait d’ailleurs que pointerce fait. On ne sait pas en tout cas ce que signifie cette vente pour AmigaOS.KMOS a indiqué que la politique de développement ne serait pasmodifiée et que le partenariat avec Eyetech et Hyperion resterait inchangé,ce que semble confirmer la mise sous presse récente d’AmigaOS 4 DeveloperPre-Release. La version finale devant sortir normalement dans le courant del’année, après des retards cumulés.
Crédits pour les images:- http://amiga.emugaming.com