La Wonderswan

Peu de console ont su inquiéter les Game Boy de Nintendo; la WonderSwan fait partie de cette race. Elle a failli changer la géopolitique du marché et a atteint des ventes records pour une console portable non Nintendo. Pour vous donner tout de suite une idée, il faudra attendre la PSP de Sony pour connaître quelque chose de comparable…


Les contre-attaques

Les contre-attaques

Comme on pourrait s’en douter, Nintendo n’aime pas que l’on touche au marché des consoles portables. Ainsi la firme de Kyoto va tout faire pour enrayer le succès de la WonderSwan qui s’écoule plutôt bien (en particulier grâce au soutien de SquareSoft). Comme nous l’avons déjà vu, Nintendo avait justement anticipé la WonderSwan en lançant en novembre 1998 la Game Boy Color mais Nintendo a encore des cartes à jouer

Game Boy Color

WonderSwan Color

En effet, alors que la WonderSwan parvint encore à se maintenir au niveau de la Game Boy Color (avec beaucoup de mal, certes), Nintendo annonce en 2000 la sortie de la future Game Boy Advance. Bandaï se doit de réagir et vite, la réponse va débarquer le 9 décembre 2000 dans les magasins (soit 15 jours avant Noël) sous la forme de la WonderSwan Color. Cette nouvelle WonderSwan a un design très similaire à celui de l’ancienne, dispose d’une meilleure qualité de son, de 4 fois plus de RAM (soit 512 Ko) ainsi que d’un nouvel écran FSTN permettant l’affichage de 241 couleurs simultanément (sur une palette de 4096 couleurs). Ayant retenu la leçon de la Game Boy Color, la Wonder Swan Color est entièrement rétro-compatible avec les jeux noir et blanc. Pour enfoncer le clou et maximiser les chances de Bandaï, SquareSoft sort rien de moins que leremake de Final Fantasy I sur la console … ainsi qu’un pack collector incluant le jeu et une édition limitée de la WonderSwan Color. Il va sans dire que ce remake a subi un sérieux lifting notamment au niveau des graphismes qui font penser aux épisodes de la Super Nintendo (Super Famicom au Japon). Le succès est naturellement au rendez-vous puisque pas moins de 300000 WonderSwan Color seront écoulées durant les fêtes (à 6800 yens pièces soit 50 euros, elle reste une console peu chère) tandis que Final Fantasy I s’écoulera a à peu près 270000 exemplaire en une dizaine de jours (ce Final Fantasy finira d’ailleurs par être le jeu pour console portable hors Nintendo le plus vendu jusqu’à la venue de la PSP). Malheureusement pour Bandaï, Nintendo avait prévu le coup de Noël et Enix sortit Dragon Quest III durant les fêtes limitant ainsi la casse tout en écoulant encore quelques milliers de Game Boy Color supplémentaires …

WonderSwan ColorPack WonderSwan Color + Final Fantasy

Le combat est loin d’être terminé car à peine 3 mois plus tard, Enix nous sort Dragon Quest Warrior II sur la Game Boy Color. SquareSoft tentera une contre-attaque quelques semaines plus tard avec un remake de Final Fantasy II (résistant ainsi 2 semaines au top des ventes devant Gran Turismo 3 et le Dragon Quest). Plus qu’une lutte Nintendo Bandaï, c’est une véritable lutte Square / Enix à laquelle nous assistons ! Ainsi, en un an et demi, Bandaï va réussir à écouler la bagatelle d’un million et demi de WonderSwan Color, un score tout simplement énorme. Il faudra attendre la PSP de Sony pour renouer avec de tels chiffres de ventes pour une portable non Nintendo. Bandaï va en effet tout faire, parvenant même à faire entrer Sony dans la lutte avec le WonderWave (une connexion entre la WonderSwan et la Playstation utilisée principalement par les jeux Digimon) alors que Square lutte toujours en assurant le portage de nombre de ses hits de la Super Nintendo (Front Mission, Final Fantasy IV, Romancing Saga etc.). Les licences de manga et d’anime sont également lourdement utilisées avec une flopée de Gundam, Hunter X Hunter, One Piece, Inu Yasha, Dragon Ball, Saint Seiya, Shaman King, Naruto … ainsi que d’autres grosse licences comme les Super Robot Taisen et autres Digimon. Et pourtant, rien n’y fait, la WonderSwan Color a du mal à décoller en particulier du fait que les plus gros hits (qui sont made in Square) sont court-circuité par la sortie des jeux d’Enix durant les mêmes périodes. Si cette constante peut surprendre nos têtes blondes d’Occidentaux, il faut garder en tête qu’Enix a toujours connu beaucoup plus de succès dans ses ventes de jeux que son principal concurrent, SquareSoft. Ceci explique cela.

WonderSwan: Inu YashaWonderSwan: Wonder ClassicWonderSwan: Naruto

WonderSwan Crystal

Le 21 mars 2001 débarque la Game Boy Advance qui va sonner le glas de la WonderSwan : en à peine 3 mois, Nintendo écoule plus de consoles que Bandaï en 3 ans ! Bandaï n’a pas le temps de concevoir une nouvelle machine et va donc sortir une version améliorée de la WonderSwan. Le 12 juillet 2002 (premier jour des vacances au Japon) sort donc la WonderSwan Crystal (7800 yens, soit 57 euros). Toujours rétro-compatible avec les anciennes versions, disposant d’un design encore plus soigné et surtout, d’un magnifique écran TFT (non rétro-éclairé malheureusement) qui écrase largement l’écran de la Game Boy Advance. Square est toujours en soutien mais la WonderSwan n’en peut plus, surtout face à une Game Boy Advance supérieure techniquement. Ainsi, à peine 4 mois après son lancement, Bandaï va annoncer en novembre 2002 qu’il ne produira plus de WonderSwan Crystal qu’en fonction des commandes des distributeurs et qu’il se lance dans le développement de jeux sur la console de Nintendo. Il faudra attendre le 18 février 2003 pour que Bandaï annonce publiquement qu’il abandonne et se retire du marché des consoles portables, une quinzaine de jeux sortiront tout de même entre cette annonce et la fin 2004.

WonderSwan CrystalWonderSwan CrystalWonderSwan: Shaman KingWonderSwan: Hunter X Hunter