Une console bien née
Une console bien née
L’échec du Virtual Boy
L’histoire de la WonderSwan commence chez Nintendo en 1996. En effet, le génie de Nintendo, Gunpei Yokoi, fut le responsable du développement de la console 32 bits de la marque, le Virtual Boy. Cette machine en forme de casque devait à fois apporter une nouvelle manière de jouer ainsi que limiter les ventes des Sega Saturn et Sony Playstation en attendant l’arrivée de la très retardataire Nintendo 64. Grâce à ça conception, la machine rend des sensations de profondeur stupéfiante. Néanmoins, la machine n’est pas des plus pratique pour jouer et les jeux ne sont pas spécialement nombreux. Il en résulte un cuisant échec commercial pour Nintendo. Bien qu’il n’y ait officiellement aucun lien avec cet échec, le concepteur du Virtual Boy (Gunpei Yokoi pour rappel) va quitter Nintendo en septembre 1996 pour fonder sa propre société, Koto Laboratories.
Une philosophie différente
A peine quelques mois après la création de sa société, Gunpei entame déjà la conception d’une nouvelle machine en décembre. Néanmoins, lui et son équipe de jeunes ingénieurs vont suivre une philosophie de travail différente des autres acteurs du marché. Ainsi, Gunpei ne cherche pas à avoir la machine la plus puissante. Non, sa philosophie c’est d’avoir une machine unique qui se différenciera par des options insolites et ludiques qui permettront aux joueurs de découvrir le jeu d’une manière unique (un peu comme la Nintendo DS si l’on veut).
Malheureusement un triste évènement va survenir en octobre 1997. Gunpei Yokoi est en effet victime d’un accident de voiture. S’en étant sorti indemne, il descend de son véhicule pour constater les dégâts mais malheureusement, un autre véhicule le fauchera et le tuera. C’est alors son collègue Yoshihiro Taki qui va diriger Koto tout en respectant la philosophie de Gunpei. Il va laisser carte blanche aux ingénieurs dans le développement de la console. Cette politique donne pour résultat une machine unique qui peut aussi bien être utilisée en position horizontale que verticale.
L’arrivée de Bandaï
Concevoir une machine atypique c’est bien, pouvoir la distribuer suffisamment pour concurrencer Nintendo en est une autre. Ca tombe bien, Bandaï a l’intention de venir jouer sur le marché des consoles portables et l’alliance entre Koto et Bandaï se fait donc naturellement. Avec Bandaï, la WonderSwan va s’armer dangereusement face aux Game Boy et Game Boy Color car, outre les juteuses licences dont Bandaï est l’heureux possesseur (Gundam, Digimon, Dragon Ball, Saint Seyia, Inu Yasha etc.), le géant du jouet arrive à attirer des grands noms du jeux tel que Konami, Taito, Namco, Jaleco, Koei et Capcom. Mais Bandaï va également exploiter une situation particulière à son avantage … Revenons quelques année en arrière : alors que la Nintendo 64 ne cesse d’être repoussée, SquareSoft décide de passer dans le camps Sony et y développe ses jeux dont, notamment, la série des Final Fantasy. Nintendo ne supportant pas une telle trahison « punit » SquareSoft en lui interdisant le développement de jeux sur ses Game Boy (Nintendo étant le seul fabriquant de cartouche pour sa console etc.). Bandaï va donc profiter de cette situation électrique et accueille à bras grands ouverts SquareSoft.
Caractéristiques
La WonderSwan jouit donc d’un important soutien de la part des éditeurs tiers et dispose de la puissance financière de Bandaï. Mais à quoi ressemble la dernière console spirituelle de Gunpei ? La console est très petite (il faudra attendre la Game Boy Advance SP pour voir une machine plus petite) et légère (93 grammes sans les piles). Son écran LCD FSTN de 6,3 cm de diagonale (le plus grand de l’époque) possédant une résolution de 224 par 114 pixels desservi par un processeur 16 bits … mais cet écran n’affiche que 8 niveaux de gris ! Oui, vous avez bien lu, alors que la Game Boy Color (8 bits) est disponible depuis déjà plusieurs mois, la WonderSwan reste en noir et blanc. Mais elle ne s’arrête pas là, en effet, la console est conçue pour pouvoir être utilisée aussi bien horizontalement que verticalement et, surtout, dispose d’une autonomie de plus de 30 heures avec seulement 1 pile LR6 !ProcesseurBandai SPGY-1001 à 3.072 MHz (16 bits)RAM128 KoRom1 KoRésolution224 x 114EcranLCD FSTN, 8 niveaux de grisSon4 canaux stéréoDimension74,3 x 121 x 24,3 mm
Cette recette ne vous rappelle rien ? Mais oui, c’est exactement la même que celle de la Game Boy a son commencement : une console « inférieure » techniquement (disons plutôt qu’elle est en noir et blanc face à des concurrents en couleurs) mais disposant d’une plus grande autonomie ainsi que d’un prix inférieur … car oui, la WonderSwan est une console vraiment pas chère : 4800 yens (environ 35 euros) à sa sortie. Et cela va rapidement se ressentir au niveau des ventes. Commercialisée le 4 mars 1999 (une semaine avant les vacances de printemps japonaise), la console de Bandaï est attendue de pied ferme mais à cela s’ajoute l’impossibilité de Nintendo de fournir assez de Game Boy Color … le résultat est sans appel : 200000 WonderSwan trouvent preneur rien que la première semaine (il faudra attendre la PSP pour voir une machine non Nintendo atteindre de nouveau ce chiffre). La console démarre sa carrière sur les chapeaux de roues en accueillant Chocobo Dungeon (SquareSoft, 180000 exemplaires vendus s’il vous plait), Beat Mania, Densha De Go! (la célèbre simulation de train/métro de Taito), Rockman, Makai Mura (Ghouls & Ghost pour les non-initiés) … Rien que durant l’année 1999 ce sera pas moins de 73 jeux qui sortiront sur WonderSwan. A titre de comparaison, il ne sortira que 58 jeux sur la Nintendo 64 lors de cette même année.