Pour ceux qui auraient orbité dans une galaxie lointaine au milieu des années 90, les Power Rangers sont l’un des sentai qui a récolté le plus de succès sur le marché international de toute l’histoire des sentai. Mais qu’est ce qu’un sentai, me demanderez-vous ? A cette pertinente question, je serais ravi de répondre que les sentai sont des séries japonaises, jouées par de véritables acteurs (enfin… acteurs, c’est un bien grand mot…) et tablant sur le filon porteur de la lutte éternelles du Bien contre le Mal (avec le bien qui gagne à la fin, bien entendu). Le Bien est ainsi incarné par un ou plusieurs humains ordinaires qui se transforment en super-héros casqués et habillés de collants colorés (Force rouge étant toujours le chef et Force Rose, toujours la gonzesse), tandis que le Mal est constitué de gros monstres en latex flexible sous les ordres d’un quelconque maître des ténèbres galactiques impatient d’envahir la terre. Autre particularité des sentai : le monstre en latex, quand il sent que l’affaire est mal embarquée , a tendance à grossir démesurément jusqu’à devenir un ersatz de Godzilla qui détruit la moitié d’une ville nippone. Les gentils, eux, appellent à la rescousse leur robot géant qui, dans la mêlée, pulvérise l’autre moitié de la ville nippone (mais c’est pas grave puisque le Bien gagne à la fin).
Parmi les plus célèbres représentants du genre, on peut citer Sankukai, X-Or, Bioman, Jiban…et enfin, les Power Rangers, diffusés en France à partir de 1994. La particularité de cette dernière série est qu’il s’agit d’un pur produit américain, réalisé sous franchise et inspiré de la série Jû Rangers, restée inédite en Occident. En pratique, cela ne change pas grand chose si ce n’est que les cinq héros sont à présent des collégiens américains, vivant dans une petite ville américaine et roulant en Buick au lieu de collégiens japonais vivant dans une petite ville japonaise et roulant en Toyota. Dans le domaine qui nous intéresse, il faut aussi préciser que les sentai donnent souvent lieu à des softs bien pourraves quand Bandai ou Toei Animation se décident à les adapter sur l’une ou l’autre console. Ultraman, l’un des jeux les plus involontairement comiques de l’histoire, en est un brûlant témoignage. Et avec les Power Rangers, ça me semblait encore plus mal embarqué au départ. Faut dire que les décors en carton et les « Mouahahaha, je vais conquérir le monde et te terrasser avec mon attaque secrète qui tue la vie », ça impressionne plus à 5 ans qu’à 18.
Le jeu se déroule en tout cas de manière fort classique : après avoir choisi son Power Ranger pour le stage, on avance, habillé en simple humain, et on latte la piétaille du Mal (autre constante : il s’agit systématiquement d’une sous-variété de mimes galactiques qui s’effondrent en faisant de grands gestes théâtraux) avec ses petits poings et ses petits pieds. Puis, le boss se pointe, histoire de voir où en sont ses hommes, et on peut alors revêtir cette fameuse tenue moulante qui fait fureur aux dîners de l’ambassadeur. Le héros continue alors à avancer en butant les mimes mais il est alors beaucoup plus fort, puisqu’il dispose d’une arme (variable selon les Power Rangers) et qu’il peut invoquer à une ou deux reprises le zord, une sorte d’esprit-totem préhistorique propre à chaque Power Ranger. Puis, on règle son compte au boss et on passe à un autre stage. Une belle daube en perspective à se mettre sous la dent ? Ben, pas tant que ça, en fait…
Réalisation technique :
Entendons nous bien : Power Rangers est loin d’être un hit ou un monstre de technique. Les graphismes, musiques et bruitages sont corrects, sans plus. L’animation est réussie, avec une sensation de réelle violence lorsqu’on bourre un adversaire de coups, et les personnages possèdent une lourdeur bien ajustée qui permet à la jouabilité d’être particulièrement agréable.
En bref :13,5/20
D’accord, il s’agit des Power Rangers. D’accord, il s’agit d’un bête beat them up sur un seul plan, avec cinq personnages grotesques, peu d’armes à ramasser, peu d’adversaires différents et même pas de possibilité de jouer à deux. Mais allez savoir pourquoi, je lui trouve un côté plutôt attachant et défoulant, à ce Power Rangers. En fait, qu’il s’agisse du gameplay, des combats contre les adversaires ou de la progression dans son ensemble, je lui trouve un petit air de famille avec le grandiose Ninja Warriors Again (en version abatardie bien sûr). Vu l’excellence de celui-ci, Might Morphin Power Rangers reste quand même plutôt agréable, même si on n’y passera pas non plus des jours entiers.