Metal Gear est un jeu vidéo NES publié par Konamien 1988 .

  • 1988
  • Wargame

Test du jeu vidéo Metal Gear

4/5 — Exceptionnel ! par

The legend begins

Metal Gear est le premier de cordée d’une longue et mythique série, ayant pour personnage central Solid Snake. Celui-ci est régulièrement amené à contrer la menace représentée par Metal Gear, un tank bipède pouvant transporter des charges nucléaires.

Par rapport à d’autres jeux fondateurs comme Zelda, Castlevania ou Final Fantasy, tous nés sur la NES, Metal Gear 1er du nom affirme encore plus son aspect « culte » dans le sens où les opus suivants font tous référence à ce jeu ; Metal Gear proposant une saga avec des personnages faisant partie d’un même univers. L’histoire retiendra que ce jeu a lancé la légende, en faisant apparaître Snake, Grey Fox et Big Boss.

Apparition d’un nouveau style de jeu

Ce qui a fondé le mythe, c’est avant tout l’apparition d’un style de jeu révolutionnaire, baptisé par son créateur Tactical Espionage Action.

On a certes affaire à un jeu de guerre, mais dont l’objet n’est pas de mitrailler à tout va et de dégommer tout ce qui bouge, mais au contraire de s’infiltrer dans un environnement, avec pour objectif de progresser sans se faire remarquer. Une optique de jeu autrement plus réaliste, et qui nécessite de faire appel à une bonne réflexion en plus des toujours indispensables réflexes de combattant, pour s’en sortir.

Qui plus est, l’infiltration permet de palier à certaines limites techniques de la NES (des ralentissements avec trop d’ennemis et de balles à l’écran).

Adaptation du Metal Gear originel

Eh non, Metal Gear NES n’est pas LE Metal Gear originel. Ce dernier a été développé par Hideo Kojima sur la plate forme MSX2, destinée au marché japonais uniquement. Konami a peu de temps après réalisé le portage de Metal Gear sur la NES, et c’est cette version qui est la plus connue.

L’adaptation, à laquelle Kojima n’a pas été associé, reprend dans une très large majorité la version MSX, mais à de notables exceptions près (voir paragraphe de fin de test pour de plus amples détails). Ainsi, le jeu débute sur un parachutage dans la jungle au lieu d’une arrivée sous-marine comme dans Metal Gear Solid.

De manière générale, le portage a un peu saboté le jeu originel, et Kojima considère la version NES comme pourrie. La cohérence du déroulement du jeu a pris un coup, quelques bugs sont apparus, des choix assez bizarres ont été adoptés : par exemple, le combat contre Metal Gear a tout simplement été remplacé par une « confrontation » contre un ordinateur censé alimenter Metal Gear, on ne voit pas la moindre seconde le fameux tank qui est pourtant le centre de l’intrigue, choix étrange…

Cette version est de façon incontestée inférieure à la MSX2, mais reste vraiment chouette à jouer, pour peu qu’on ne se focalise pas sur les défauts.

L’histoire

1995 : 200 km au Nord de Galzburg, Afrique du Sud. Un groupe de mercenaires, avec à leur tête un guerrier légendaire et mystérieux, a bâti une forteresse inexpugnable et puissament armée baptisée Outer Heaven (Le Paradis Intersidéral). La rumeur dit qu’Outer Heaven disposerait de l’arme atomique.

Inquiets de ces agissements et considérant Outer Heaven comme un danger pour le monde libre, l’Ouest charge l’organisation secrète Fox Hound (Forces Spéciales de Haute Technicité) d’enrayer la menace. L’unité Fox Hound, commandée par Big Boss, considéré comme le plus grand soldat du 20e siècle, dépêche sur place son meilleur élément, le seul à avoir obtenu le nom de code Fox, Grey Fox. 6 jours après avoir infiltré la base, le contact avec Fox est brutalement rompu. Son dernier message mentionne « Metal Gear ». Selon les informations transmises, Metal Gear serait un nouveau prototype d’arme, un char mobile pouvant transporter plusieurs têtes nucléaires, permettant ainsi à son possesseur de lancer une attaque de n’importe où dans le monde et depuis n’importe quel type de surface, une arme à même de changer la face de la guerre de façon irréversible.

Grey Fox perdu au front, Big Boss décide d’envoyer un second agent, novice dans l’organisation (c’est sa première mission). Nom de code : Solid Snake. L’opération Intrude N313 est lancée.

Snake devra secourir Grey Fox, obtenir un maximum d’informations sur Metal Gear, et tenter de désamorcer la menace nucléaire.

Ne lisez pas le manuel d’instructions pour en savoir plus sur l’histoire : celui-ci raconte un peu n’importe quoi (comme celui de Snake’s Revenge un peu plus tard).

Le manuel nous apprend ainsi que le leader ennemi est un certain Vernon Cataffy (toute ressemblance avec Mouammar Kadhafi, le président de la Lybie de l’époque et… actuel, serait extrêmement probable).

Le jeu ne fait aucune mention à ce personnage, et pour cause, le leader d’Outer Heaven est en fait… bon c’est un coup de théâtre dans le jeu mais je l’écris quand même : Big Boss, le commandant de Fox Hound (le sacripant). Pas très sérieux donc.

En mission solitaire secrète, Snake investit la forteresse avec uniquement… un paquet de cigarettes sur lui. Il aime la difficulté ce serpent. Il devra essayer d’utiliser toutes les armes et objets qu’il pourra dénicher, et obtenir un maximum d’informations de la part des nombreux prisonniers qu’il va libérer. Snake est seul sur le front, mais il dispose du soutien radio de plusieurs contacts : Big Boss, qui lui prodigue de bons conseils stratégiques et lui fixe des directions générales, ainsi que plusieurs membres de la résistance d’Outer Heaven : Schneider, le leader, qui connaît les moindres recoins de la base, Diane, chanteuse punk à ses heures, qui connaît le point faible de tous les bosses, et Jennifer, qui vous procurera certains objets spéciaux.

Après avoir réussi à délivrer Grey Fox (en se faisant astucieusement capturer… ou peut-être sans faire exprès mais ça, la légende ne le dit pas), Snake apprend de lui que Metal Gear est opérationnel, et que seul son inventeur, le Docteur Petrovich, est capable de le désamorcer. Snake fouille alors les entrepôts et finit par retrouver celui-ci, ainsi que sa fille Ellen. Petrovich lui indique où trouver Metal Gear. A mesure que Snake se rapproche du 100e sous-sol, de nombreux pièges se déclenchent, les soldats semblent l’attendre, au courant de ses moindres faits et gestes, et notre héros manque plusieurs fois de succomber. Kyle Schneider est démasqué et capturé, au moment où il allait révéler à Snake l’identité du leader ennemi. Alors qu’il est proche du but, Big Boss, dont les derniers conseils ont failli lui être fatals, ordonne à Snake d’annuler la mission et de retourner à la base. Celui-ci finit par découvrir de la bouche d’un ultime prisonnier que le leader d’Outer Heaven n’est autre que Big Boss lui-même, et que ce dernier a utilisé Snake pour transmettre de fausses informations à l’Ouest. Solid Snake finit par détruire le Super Ordinateur relié à Metal Gear, ce qui déclenche le compte à rebours d’explosion de la base. Alors qu’il est en train de fuir, il se retrouve confronté à sa némésis, dont il parvient à triompher après une bordée de roquettes, et à quitter les lieux in extremis. Solid Snake annonce le succès de l’opération Intrude 313 sur la fréquence de Big Boss, alors que les actualités reportent un important séisme dans la région de Galzburg.

Gameplay

Le jeu consiste donc à infiltrer Outer Heaven, et à retrouver Metal Gear, ce qui implique de délivrer Grey Fox et le Docteur Petrovich au préalable. La base ennemie se compose de 5 buildings, situés dans une jungle, et d’un désert. Il faudra fouiller les bâtiments, emprunter des ascenseurs pour visiter les étages et le toit, explorer les moindres recoins de façon à glaner des informations auprès des prisonniers et étoffer son arsenal et son équipement. Snake pourra occasionnellement se dissimuler dans des camions en partance pour une nouvelle zone de jeu.

Le joueur est libre d’aller où bon lui semble, la progression n’est pas imposée mais encadrée. En effet, les pièces sont reliées par des portes fermées électroniquement ; il faudra donc trouver les 8 cartes magnétiques en donnant l’accès. Ce qui restreint les zones qu’il est possible de visiter. On est complètement dans un jeu d’aventures.

La vue de ¾ arrière est idéalement choisie pour avoir une vision globale de chaque pièce.

Malheureusement, il n’y a pas de scrolling entre les écrans, mais un petit écran noir un peu gênant, mais bon sur la NES difficile de demander mieux. Au moins, le level design est assez bien fait ; lorsque Snake rentre dans un nouvel écran, il a le temps de jauger les ennemis et les pièges avant de passer à l’action. Snake peut aussi se servir des jumelles pour observer l’écran adjacent avant d’y pénétrer.

Les bâtiments et la jungle sont logiquement gardés par des soldats armés et entraînés. Manque de bol, ils ont pour ordre de tirer à vue dès qu’ils découvrent un intrus. 2 possibilités donc : tirer dans le tas, ce qui n’est pas spécialement avisé, ou bien essayer de progresser sans se faire voir, en se faufilant dans un chemin lorsqu’ils ont le dos tourné. Vous l’aurez compris, là réside tout l’intérêt du jeu.

Toutefois, certains combats sont inévitables, et il faudra passer sur le corps des nombreux bosses pour continuer sa route. Les bosses en question sont soit des mercenaires particulièrement coriaces, soit des tanks, soit des soldats cybernétiques. Ils ont chacun leur spécialité : Shootgunner garde la prison à l’aide d’un fusil à pompe, Machine Gun Kid est un as de la mitraillette, les Twin Shots attaquent à 2 en vous canardant avec une mitrailleuse à pied, Fire Trooper utilise un lance-flamme, et Coward Duck se bat au boomerang en se cachant derrière des otages.

Ils sont en général sensibles à presque toutes les armes, mais pour certains une seule sera efficace. Ainsi, les Twin Shots et le Bulltank ne sont atteints que par les grenades, le Tank M6 que par les mines, les Arnold, 2 soldats cybernétiques proches des Terminator, ne peuvent être vaincus que par des roquettes, de même que Big Boss. Enfin, le Super Ordinateur doit être détruit par des explosifs.

En plus des soldats, on affronte aussi dans la jungle des chiens voraces, alors que des scorpions furieux tenteront de vous planter leur dard venimeux si vous vous aventurez dans le désert.

La forteresse est également truffée de dispositifs et de pièges : caméras de surveillance et rayons infrarouges déclenchant l’alerte, caméras laser, pit traps (faux planchers se dérobant sous vos pas), mines explosant sous vos pieds, pièces remplies de gaz mortel, rouleaux compresseurs…

Les ennemis sont correctement animés, même si ça reste perfectible. Ils sont soit immobiles à regarder alternativement dans 2 ou 3 directions, soit ils effectuent lentement une petite ronde. A quelques endroits, on en trouve plusieurs dans le même périmètre restreint ou occupés à regarder les mêmes murs. Leur IA n’est pas très poussée : ils ne voient que dans leur alignement, vous pouvez donc venir vers eux de façon légèrement décalée qu’ils ne vous verront même pas approcher.

Lorsque vous êtes découverts, de visu, par une caméra ou un rayon infrarouge, ou bien lorsque vous utilisez une arme à feu non équipée d’un silencieux, l’alerte se déclenche. Si c’est un soldat qui vous repère, il va se jeter sur vous, ainsi que ses autres camarades présents, il suffira de les tuer pour faire stopper l’alerte. Si vous tardez à en venir à bout, des renforts vont arriver. Si c’est un dispositif qui signale votre présence, une petite escouade va venir vous chauffer les oreilles. Pareil, il faudra soit dégommer tous les ennemis à l’écran, soit tout simplement changer d’écran pour faire cesser le raffut. Assez simpliste et pas du tout réaliste bien sûr. Du coup, il ne devient plus crucial de ne pas se faire voir, c’est une des grandes lacunes du jeu.

Les mouvements de Solid Snake se limitent à frapper avec le poing ou avec l’arme équipée.

Une fois une arme récupérée, elle apparaît dans le sous-écran, prête à être utilisée.

Il y a 2 types d’armes :

1. les armes utilisant les munitions. Elles sont uniques, et vides quand vous les ramassez ; elles nécessitent de les approvisionner en munitions. Chaque caisse de munitions trouvée vient augmenter le contenu de TOUTES vos armes qui en utilisent.

On retrouve : le Handgun (flingue de base), la Machine Gun (mitraillette), le lance-grenade et le lance-roquette.

2. les armes se consommant elles-mêmes. Elles se trouvent en quantité illimitée. Et il faut en récupérer un maximum pour les recharger.

On retrouve : les plastics explosifs (charges explosant 3 secondes après disposition), les mines (explosent quand on marche dessus) et les missiles téléguidés (Snake ne peut bouger quand il les dirige).

On peut aussi trouver un silencieux, dont peuvent être équipés le handgun et le machine gun. A signaler également que le nombre de munitions maximum pour chaque arme est conditionné au nombre d’étoiles que Snake possède. Snake obtient un nouveau galon dès qu’il délivre 5 prisonniers. Il démarre avec une étoile, 4 étant le maximum. En plus d’augmenter la capacité de stockage des armes, obtenir une nouvelle étoile allonge la jauge de vie.

A côté de l’inventaire d’armes, on retrouve celui de l’équipement. Les 2 inventaires sont disponibles dans le sous-écran. S’équiper d’un objet permet de le porter, son utilisation sera automatique.

L’équipement est particulièrement fourni. Il est constitué en premier lieu des 8 cartes d’accès magnétiques. A chaque porte correspond une carte unique, et parfois on doit toutes les essayer pour trouver la bonne, ce qui est assez chiant. Les cartes sont les éléments-clés du jeu, elles servent à encadrer la progression.

L’autre élément de base sont les rations (permettent de redonner de la vie). Tout comme les munitions, la quantité de rations que Snake peut transporter est fonction de son grade.

Reste tous les autres objets, qui ne servent que très ponctuellement. On retrouve pêle-mêle un gilet pare-balles, des jumelles, des lunettes infra-rouge, des cigarettes, ou la mythique boîte en carton permettant de se planquer. Certains objets font très gadget, et servent maximum une fois : l’uniforme donnant accès à un building, une combinaison anti-déflagration, une antenne… mais bon c’est toujours sympa d’en dégoter un nouveau et de comprendre à quoi il peut servir.

Le dernier sous-écran concerne la radio, un transceiver en fait. Snake peut recevoir des appels, ou bien tenter d’appeler ses contacts (il faut se souvenir de la fréquence). Il faut comprendre comment ça marche. Par exemple, dès qu’on vous parle d’un nouvel objet, ou si vous vous trouvez dans une pièce remplie de gaz, il faut appeler Schneider, et celui-ci vous dira où trouver le masque à gaz. Diane doit elle être contactée avant un combat contre un boss (ce qu’il faut deviner finalement).

Forces du jeu : l’esprit Metal Gear

En plus du concept même de Tactical Espionage Action, qui pose les bases du jeu, Metal Gear est novateur sur plusieurs points. De manière globale, le but de Kojima était de créer une interaction, presque une immersion dans le jeu. Cette volonté est notablement marquée dans tous les Metal Gear, et la saga possède sa marque de fabrique articulée autour de 3 points forts et pionniers :

  • le scénario : pour se sentir impliqué dans un jeu, une mission, il faut croire à ce que l’on fait, s’imaginer être dans le jeu et pas simplement sur son fauteuil à appuyer sur les boutons. La qualité et la richesse d’un scénario permet d’accrocher à ce jeu, d’avoir envie de l’explorer et d’en venir à bout. Metal Gear est l’un des premiers jeux à proposer une véritable histoire, avec des rebondissements, notamment dans le final. Je ne vois qu’un jeu sur console 8 bits à proposer une histoire aussi fouillée ; il s’agit d’un autre jeu de guerre, Bionic Commando (à découvrir aussi ;) ). Cela dit, le scénar reste un brin superficiel, assez manichéen, avec les gentils d’un côté, les méchants de l’autre. Il faudra attendre Metal Gear 2 : Solid Snake pour rencontrer une histoire vraiment profonde. Néanmoins, l’effort est très appréciable.

  • l’infiltration : on retrouve bien les éléments propices à une simulation d’infiltration : la progression est assez libre et astucieusement encadrée, on progresse lentement mais de façon régulière, en essayant d’éviter soldats, caméras et trappes. Le tout avec un bon level design et une musique d’ambiance sympa. Bien sûr beaucoup d’éléments sont perfectibles, comme la gestion de l’alerte, ou l’IA, (et le jeu est trop facile) mais dans l’ensemble on est vraiment dedans.

  • les personnages : rares sont les personnages secondaires crédités d’une réelle personnalité dans un jeu ancienne génération. Kojima quant à lui s’est attaché à les travailler, à leur conférer une ébauche de personnalité. Ainsi, parmi vos contacts de la résistance, on a un leader organisateur et sûr de lui, une Diane assez fofolle, une Jennifer plutôt guindée mais émotive lorsque son frère est en danger. Pareil pour les bosses. La plupart narguent Solid Snake au début de l’affrontement ; certes ça se cantonne souvent à un sommaire « tu vas mourir Snake ha ha », mais ça jette une intensité, ça ajoute une autre dimension au combat. Parmi eux, on retrouve un Shootgunner tête brûlée et bourrin, alors que Coward Duck vous attaque lâchement en prenant des otages comme bouclier.

Cet aspect de profondeur des personnages n’est pas vraiment développé, mais les intentions sont là. Encore une fois, il faudra attendre l’opus suivant pour le creuser.

Limites

Je vois 2 types de limites ou points négatifs :

1. Kojima a eu vraiment beaucoup d’idées, des éléments qu’il a souhaités faire figurer dans le jeu. Le problème c’est que les intentions se heurtent à la faiblesse des capacités de la plate-forme. Par ailleurs c’est un jeu révolutionnaire, pour un premier jet il est normal que beaucoup de points soient perfectibles, il y a un petit manque de savoir-faire. Ainsi, le scénario est parfois suggéré, l’idée d’une collaboration radio est là mais pas toujours pratique : Snake se contente d’écouter, le joueur doit deviner qu’il faut contacter un personnage à un endroit précis du jeu, tout comme il faut un peu deviner qui sont ces contacts et imaginer leur rôle dans l’histoire (sont ils dans la base ? chez eux en train de donner des renseignements ?). Aussi, les graphismes limitent les possibilités de jeu. On peut certes se cacher vite fait derrière un mur, mais ni s’accroupir, ni ramper.

2. Le portage de Metal Gear de la MSX2 à la Famicom et la NES a vraiment été bâclé.

Plusieurs éléments du jeu originel ont été changés sans raison. Le jeu démarre ainsi sur le parachutage de 4 hommes dans la jungle. L’écran d’après, Snake se retrouve seul et sans arme. On en déduit quoi ? Les 3 autres se sont cassé la gueule et Snake a oublié son flingue dans l’avion ? Toujours est-il qu’on démarre par un petit passage sans arme dans la jungle, là où le jeu MSX commence à l’orée du premier bâtiment.

Autre élément bêtement modifié : 2 buildings ont été rajoutés, alors qu’ils constituaient initialement le sous-sol des 2 bâtiments. Pour y accéder, il faut franchir une zone labyrinthique (maze) en trouvant l’ordre de passage d’un écran se répétant à l’infini (gauche gauche haut gauche), ordre complètement à deviner… qui plus est, à aucun moment on ne nous donne l’instruction de nous diriger vers l’un de ces buildings (qui sont quand même importants puisque Petrovich et sa fille y sont détenus !). En outre, Ellen Petrovich est confinée dans une pièce secrète quasiment introuvable. Elle est au même endroit dans la version MSX, sauf qu’elle appelle à l’aide, ce qui permet de la localiser.

Le fait que le jeu soit moins dirigiste génère aussi des incohérences au niveau des messages radio. Schneider est par exemple capturé ou tué lorsque vous êtes à un certain endroit. Si vous faites ce passage avant d’aller ensuite dans le bâtiment de Petrovich, il va vous contacter en vous disant joyeusement qu’il y a du gaz dans la pièce du dessus.

Mais le pire reste le remplacement de la confrontation contre Metal Gear par un « combat » contre un super computer (forcément immobile) gardé par 4 gardes. Au final on ne voit jamais le fameux tank dont le jeu porte le nom… il suffit juste de parler à Petrovich pour avoir la capacité de détruire l’ordinateur, si on ne le fait pas, il est indestructible. Sur MSX, Petrovich nous livre l’ordre dans lequel disposer les charges explosives sur Metal Gear, rien à voir donc…

Outre ce mauvais portage (réalisé sans Kojima je le rappelle), le jeu présente énormément de défauts, qui heureusement ne nuisent pas trop à la jouabilité mais sont quand même voyants (surtout le dernier) :

  • des erreurs de traduction. Sans raison, plus de 50% des textes ont été réécrits. Résultat de cette belle initiative : des incohérences et énormément de fautes d’anglais.

  • des bugs multiples. Lorsqu’un piège se déclenche, passer en sous-écran et revenir fait disparaître celui-ci. Il paraît (mais chez moi ça le fait pas) qu’il est possible de passer juste à côté du tank sans mourir, et donc le passer sans avoir à le vaincre. Mais le pire du pire, c’est le super bug dans la pièce du super ordinateur. 4 gardes vous foncent dessus dès que vous entrez dans l’avant-dernier écran du jeu, occasionnant un gros ralentissement. S’ils vous touchent et que vous appuyez sur Droite, vous vous retrouvez… dans la pièce à côté (verrouillée), face à Big Boss. Vous n’avez plus qu’à le vaincre tranquillement (pas de compte à rebours, l’ordinateur étant intact), et finir le jeu… sans avoir détruit Metal Gear. Me concernant, j’ai fini le jeu en 1990 pour vaincre Metal Gear pour la 1ère fois en 2002…

  • un jeu beaucoup plus facile. Mis à part le tout début du jeu, où on galère un bon moment jusqu’à trouver la 1ère arme, progresser dans Outer Heaven est assez facile dès lors qu’on connaît un peu les lieux. Les soldats sont vraiment faciles à tuer, même plusieurs à la suite, surtout une fois qu’on obtient la 3e étoile. Avec beaucoup de munitions et une grande jauge de vie, on peut vraiment rentrer dedans sans même chercher à éviter les tirs. C’est le cas contre les bosses, si on ne joue pas le jeu, on peut les tuer en se collant à eux sans chercher à éviter les balles, pas terrible. Il faut dire que Snake est vraiment très maniable pendant le combat ; en plus le handgun, l’arme de base, est redoutable : elle est précise, les balles fusent vite et traversent tout l’écran. Sur MSX, Snake est moins maniable, et le handgun plus lent et de plus faible portée. Ce petit défaut permet de rendre le jeu plus dur et d’obliger à éviter les combats. Enfin, l’alerte cessant dès l’écran suivant, rien de dramatique si on est repérés. Finalement, le mieux est de se fixer des challenges personnels comme ne jamais être vu ni touché.

Récapitulatif des différences apportées par le portage MSX2 vers NES

  • Jeu plus facile sur NES

  • Arrivée en hélico dans la jungle et non en nageant

  • Les Twin Shots remplacent le Hind D.

  • Le Super Computer remplace Metal Gear.

  • 2 nouveaux buildings à atteindre après les maze zones (à la place des 2 sous-sols)

  • Dialogues moins cohérents et avec des fautes

  • Battre un ennemi à mains nues ne rapporte pas d’objet.

  • On casse les murs creux avec le poing et non les explosifs.

  • Apparition de l’iron glove, disparition du parachute

  • La prison est moins vaste.

  • Mode alerte étendu sur un seul écran, sur MSX parfois sur plusieurs

  • Les gardes sont moins bien animés, bougent moins vite, sont moins durs à combattre.

  • Les soldats volants sur le toit… ne volent plus.

  • Le handgun a une portée plus grande et est plus rapide et précis.

  • Snake est un peu plus maniable.

  • On obtient le silencieux sans combattre, alors qu’il faut venir à bout de 5 gardes durs à battre sur MSX.

  • Le tank attaque sur un seul écran, ses tirs ont une portée de 3 sur MSX.

  • Coward Duck et Big Boss sont beaucoup plus faciles à battre.

  • La lampe de poche n’est pas au même endroit.

  • Grey Fox n’est plus différencié des autres prisonniers lambda.

  • Ellen ne fait plus l’effort de crier à l’aide.

  • Big Boss n’annonce plus à la fin du jeu qu’il est vivant et veut se venger, il est laissé pour mort.

  • Les musiques sont différentes, moins variées (mais cool quand même) sur la NES.

  • Schneider donne une mauvaise indication pour trouver la Bomb Blast Suit sur la NES, une mauvaise pour trouver les missiles sur la MSX.

Résumé

Metal Gear reste un jeu pionnier, puisque tout premier véritable jeu d’infiltration. En plus de lancer le genre, le jeu est très riche, contient beaucoup de choses intéressantes, beaucoup d’idées novatrices, mais présente en contrepartie quelques faiblesses, des points perfectibles comme la gestion de l’alerte et un gameplay devant encore progresser pour proposer une infiltration vraiment réaliste.

Il est dommage que la version NES de ce superbe jeu présente autant de bugs et d’incohérences par rapport à la version originelle. Malgré tout, j’ai tendance à considérer ces points négatifs avec indulgence. En gros on remarque les défauts, mais ils ne sont pas vraiment gênants, sauf peut être la nécessité de franchir les maze zones sans indication. Le jeu s’avère également vraiment trop facile, une fois bien équipé et avec un peu d’expérience. Autant Snake se manie facilement et on arrive à faire tout ce qu’on veut à l’écran, autant on y perd au niveau de l’essence du jeu, la furtivité, qui devient accessoire.

Je pense que la version MSX2 peut valoir le coup d’être jouée en complément de ce jeu pour ceux le connaissant ; pour ceux voulant tenter pour la 1ere fois de jouer à Metal Gear, autant lancer le jeu MSX2 tout de suite.

**Notes **

Graphismes : d’assez bonne qualité à l’intérieur des buildings, très pauvres à l’extérieur. Les ennemis sont correctement dessinés et animés, sans plus.

Son : peu de musiques (essentiellement une dehors et une dedans), mais qui confèrent une très bonne ambiance. Les effets sonores des armes sont très réalistes ; enfin semblent réalistes (ça j’ai pas testé lol).

Gameplay : vraiment pas mal dans l’ensemble, assez riche. On apprécie beaucoup la sélection des armes et des objets, même si la plupart d’entre eux sont des gadgets. Bon il est dommage que le joueur ne puisse pas faire plus d’actions, comme ramper, mais on va pas trop en demander tout de suite.

Difficulté : non linéaire. Le jeu est très dur au début, on n’a pas d’armes, une jauge de vie faible, on ne connaît pas le jeu. Plus on avance plus c’est facile en fait. La difficulté réside plus dans les phases d’exploration que dans les combats, même face aux bosses. Les phases de combat sont trop faciles pour un jeu d’infiltration ; on devrait avoir vraiment peur de se faire repérer.

Durée de vie : pas mal mais puisque c’est un jeu à suspense, on est forcément moins pris la 2e fois, mais on a souvent du plaisir à le refaire. Et la première fois, on est dedans jusqu’à la fin.

Verdict

J’aurais mis la note maximale à ce jeu novateur sur bien des points, mais compte tenu des bugs et du mauvais portage de la Msx -le jeu étant clairement moins bon que sur la version de départ- je pense qu’il vaut 8,5 et après grosse hésitation je vais mettre 8/10.

Metal Gear