Second jeu de combat de la Neo Geo, conçu clairement comme un rival de Street Fighter II, Fatal Fury engendra une progéniture plus que légendaire, puisqu’il généra pas moins d’une dizaine de jeux qui lui furent directement liés (Real Bout et Garou Mark of the Wolves compris), que la série des Art of Fighting partage un univers commun avec lui, et que nombre de ses plus brillants combattants furent inclus dans les versions successives de King of Fighters.
L’action de ce premier épisode prend place à SouthTown, une ville fictive des USA gangrénée par le crime et dirigée d’une main de fer par le redoutable Geese Howard. Ce dernier avait assassiné jadis le seul homme qui pouvait lui tenir tête, Jeff Bogard. Depuis lors, Geese organise chaque année un grand tournoi d’arts martiaux à SouthTown, ce qui lui permet soit de recruter le vainqueur pour son compte, soit de tuer ce dernier s’il refuse de le servir. Tout change le jour où Terry Bogard, le fils du combattant assassiné, Andy son petit frère et leur pote Joe Higashi, boxeur thaïlandais de son état, décident de s’inscrire eux aussi au tournoi… The Legend begins…
Hormis nos trois combattants de choc, les adversaires eux-mêmes possédaient un charisme assez rare dans les jeux de combat, et nombre d’entre eux furent d’ailleurs repris, ou firent des apparition, dans les épisodes suivants et les King of Fighters. Citons-les pour le plaisir : Richard Meyer le danseur de capoeïra (et maître du brésilien Bob Wilson de FF3) ; le punk Duck King ; le vieux maître Tung-Fu-Rue qui peut se transformer en ersatz barbu de Hulk, le boxeur Michael Max (frère d’Axel Hawk de FF2), Hwa Jaï le kickboxer qui s’alcoolise pour devenir frénétique ; le lutteur de foire Raiden (démasqué, il s’appelle Big Bear dans FF2), ainsi que Billy Kane et Geese Howard qu’on retrouvera souvent par la suite.
Fatal Fury a innové au niveau du mode de combat sur deux plans distincts. En sautant ou en effectuant un rouler-bouler, les deux adversaires pouvaient se retrouver sur un plan différent. Ils ne pouvaient alors plus se toucher à moins de revenir sur le même plan, y compris en attaquant.
Réalisation technique :
Comparé à ce qui allait se concocter sur Neo Geo dans les années suivantes, Fatal Fury fait un peu pâle figure aujourd’hui. Le jeu est beau, c’est certain, mais il ne fait pas étalage de décors monumentaux, de personnages gigantesques ou de coups spéciaux apocalyptiques comme ses successeurs. Reste que Fatal Fury carbure surtout à la nostalgie. C’est toujours attendrissant de voir ces héros bien connus dans leurs premiers pas, d’admirer leur allure un peu gauche, leurs coups spéciaux encore maladroits et pas vraiment violents. Bon, OK, j’arrête ma crise de sénilité. Ce que je veux dire, c’est que s’il est clair que Fatal Fury ne fait pas le poids techniquement face aux jeux de combat qui envahirent le marché à sa suite, il possède toujours un charme et une aura que n’a jamais possédé la série des World Heroes par exemple. Alors oui, l’animation n’est pas très souple. Certes, les rares coups spéciaux sont parfois un peu lourds à réaliser. Certes, la bande sonore est assez terne pour une Neo Geo… (même si ça fait plaisir de retrouver certains thèmes connus de la série avec une instrumentation minimale !) mais je vais vous dire : on s’en fiche un peu !
En bref : 15/20
Oui, il s’agit clairement d’une note de nostalgique. Parce que l’épisode fondateur de Fatal Fury…snif…c’est quand même quelque chose. Pour être plus objectif, on peut affirmer que la réalisation est sympa mais pas top, que la jouabilité est assez lourde mais finalement assez conforme à un jeu de combat de 1991, que les coups spéciaux ne sont pas toujours simples à exécuter, mais que finalement seul le mode versus fournit véritablement de quoi râler. Ce dernier est assez décevant : seuls les trois héros sont jouables. C’est d’autant plus bête que les portages sur console 16-bits autorisaient le VS avec les différents adversaires et boss du jeu. Néanmoins, Fatal Fury incluait une idée originale qui ne fut jamais reprise par après. Si le deuxième joueur entrait dans la compétition durant un combat, il secondait alors le premier joueur dans la bataille. Une fois l’ennemi vaincu, les deux joueurs s’affrontaient à leur tour et le plus fort continuait à l’aventure. Une idée sympathique le temps de quelques matchs mais par après, on regrette de devoir se taper des combats avec les trois éternels mêmes ploucs.
Quoi qu’il en soit, si vous voulez remonter aux sources de la moitié des grands jeux de combat de la Neo Geo, n’hésitez pas à aller dénicher ce premier épisode sur le Web. Et soyez sympa avec ses courbatures et ses rides : il a tout de même plus de 15 ans, le petit père !