Pocahontas fut l’un des derniers jeux à faire briller la Megadrive au firmament des consoles 16-bits et à prouver que, bien exploitée, cette console n’avait pas grand chose à envier à sa rivale de chez Nintendo. Il est bien évidemment inspiré du célèbre dessin-animé de Disney qui présentait une version quelque peu édulcorée de la réalité historique. Ainsi, à en croire l’oncle Walt, Pocahontas, fille d’un grand chef indien, tombe éperdument amoureuse de John Smith, un beau capitaine anglais débarqué avec la première vague de colons du Nouveau-monde. Leur amour permettra de triompher du mariage arrangé promis à Pocahontas et des manigances de Radcliffe, un autre capitaine désireux de s’emparer des richesses indiennes par la violence. Dans la réalité, Pocahontas fut ramenée en Europe par son soudard de mari, promenée un peu partout comme un animal curieux et mourut lors d’une épidémie quelques années plus tard. Quant aux Indiens, ils furent bien entendu tous exterminés en peu de temps. Désolé les enfants, c’est pas beau la vie réelle, mais si on ne vous recadre pas un peu les choses, vous finirez par penser que les bébés éléphants peuvent réellement voler, et qu’un lion peut rester pote avec un suricate et un phacochère sans jamais avoir envie de les boulotter
Le principal intérêt de Pocahontas tient au fait qu’on devra diriger alternativement Pocahontas et Meeko, son fidèle raton-laveur. Seule une utilisation optimale des capacités de chacun d’entre eux permettra d’avancer à travers le jeu. Par exemple, lorsque Pocahontas se retrouve bloqué par une falaise trop haute pour être escaladée, il y aura toujours une fissure dans la roche dans laquelle Meeko pourra s’infiltrer pour contourner le problème et une fois, arrivé au sommet, il pourra pousser une pierre ou un tronc d’arbre pour que Pocahontas puisse le suivre.
Parfois, c’est l’inverse qui se produit : c’est Meeko qui aura besoin de grimper sur Pocahontas pour arriver à sauter jusqu’à un rebord trop lointain pour lui. Dans le même ordre d’idée, étant donné que Meeko ne sait pas nager, sa maîtresse devra à l’occasion lui amener un tronc d’arbre flottant afin qu’il puisse franchir un cours d’eau sans se mouiller les pattes. Pocahontas tient à vrai dire davantage d’une progression constante parsemée de petites énigmes que d’un jeu classique nécessitant de bons réflexes. Ici, il ne faut pas courir, sauter, combattre et éviter des projectiles, mais réfléchir à la meilleure manière d’aborder les différents problèmes qui se pose au duo de héros. Un petit aspect réflexion loin d’être déplaisant, même si on ne peut pas dire qu’on ait besoin de cogiter furieusement pour découvrir la meilleure synergie fille/raton laveur pour chaque obstacle.
Pocahontas rencontrera et aidera également de nombreux animaux en difficulté sur sa route. En récompense, chaque animal lui laissera une partie de son essence totémique, ce qui permettra à la jolie amérindienne de gagner de nouvelles caractéristiques. Ainsi, l’esprit du cerf lui permettra de courir plus vite et de sauter plus haut. L’esprit du loup lui donnera des capacités de furtivité. En sauvant un oisillon, Pocahontas pourra flotter doucement jusqu’au sol en cas de chute imprévue (pour autant qu’elle possède des plumes sur elles). Elle pourra aussi s’accrocher aux branches grâce à l’écureuil et nager sous l’eau grâce à la loutre. Le jeu suit la trame de dessin animé. On se balade en forêt en délivrant les animaux blessés. Puis, on part à la recherche de John Smith dans une autre partie de la forêt. Le troisième niveau vous demande d’aller foutre le souk au campement des colons, et le quatrième, de traverser la forêt à toute allure avant le lever du soleil pour empêcher que Smith ne soit exécuté par votre père.
Graphismes : Un niveau incroyable pour une megadrive, des décors sublimes, des personnages aussi réussis que dans le film, des couleurs mirifiques, j’arrête là, je vais manquer de superlatifs !
Certes, les jeux estampillés Disney ont toujours été d’un très bon niveau graphique, mais avec Pocahontas, on atteint des sommets de finesse et de talent. La megadrive, alors plus que moribonde, montrait clairement avec ce jeu tout ce qu’elle avait dans les tripes. Sans doute l’un des 5 plus beaux jeux de la console !
Animation : Pocahontas et Meeko bénéficient d’une panoplie de mouvements d’une beauté et d’un réalisme à couper le souffle. Je ne me remets toujours pas de l’attitude hilarante du petit raton laveur en train de patauger pitoyablement pour rejoindre le rivage lorsqu’il tombe à l’eau. On n’est pas loin de la perfection jadis atteinte avec Aladdin. Les décors fourmillent de détails amusants, et l’apparition progressive de certains paysages (quand on grimpe sur un promontoire par exemple) est d’une beauté surprenante. La perfection, on vous dit !
Jouabilité : La jouabilité est très particulière et rappelle un peu Prince of Persia en moins souple. Il importe moins de réagir au quart de tour que de bien calibrer ses sauts afin de pouvoir se rattraper à quelque chose en cas de mauvaise estimation de la distance. Ce n’est pas vraiment évident au départ quand on est habitué à la manière de procéder dans les jeux de plates-formes plus classiques. Heureusement, il est assez difficile de mourir (les gouffres ne sont pas légion) et mis à part le dernier niveau, le jeu ne nécessite pas des réflexes d’acier pour être dominé..
Son : : De belles musiques dans le style « Indian sacred spirit » dont on ne se lasse pas, et des bruitages corrects.
Intérêt : 18/20 Pocahontas est un jeu difficilement classable. Trop reposant pour être un jeu de plates-formes ou d’action, trop simple pour être un véritable jeu de réflexion, il demeure assez unique en son genre. On pourrait dès lors s’attendre à ce que Pocahontas soit un jeu ennuyeux, bancal, au challenge pas vraiment excitant, mais c’est très loin d’être le cas. Ce jeu dégage une telle magie, une telle beauté, une telle atmosphère de sérénité, qu’on ne s’ennuie pas une minute en y jouant. On n’est jamais pressé par le temps ou stressé par la profusion d’adversaires, et on a tout le temps d’admirer les mille et un détails des décors, et de réfléchir posément à la meilleure manière de franchir un obstacle. A croire que les programmeurs étaient tous des adeptes de feng-shui ! Le seul réel reproche qu’on puisse lui faire est que le plaisir est de très courte durée, et qu’il soit relativement simple à terminer pour un joueur moyen. Mais après tout, il était clairement destiné à un jeune public. Hormis cela, Pocahontas est une expérience unique à essayer d’urgence.