Dune II : The Battle for Arrakis est un jeu vidéo Megadrive publié par Westwood Studiosen 1993 .

  • 1993
  • Stratégie

Test du jeu vidéo Dune II : The Battle for Arrakis

3.5/5 — Très bien par

Dune II est un jeu d’anthologie, pour le simple fait qu’il a créé un genre appelé aujourd’hui RTS (Real-Time Strategy ou Stratégie en Temps Réel), un des genres les plus appréciés aujourd’hui par les joueurs PC, principalement on-line, avec les MMORPG et les FPS. WarCraft, Command & Conquer, Age of Empires et compagnie n’auraient peut-être jamais vu le jour sans que Dune II ne leur montre la voie à suivre.

Dune II s’inspire donc de l’univers de Frank Herbert, auteur des romans de science-fiction « Dune », dont le premier a été publié en 1965. Vous dirigez au choix les Atréides (les gentils, en bleu), les Ordos (les méchants cupides, en vert) ou les Harkonnens (les très méchants, en rouge), et vous devez tenter de vous emparer de la planète Arrakis.

Comment ça marche ?

Pour les rares personnes qui ne connaissent pas les RTS, mais aussi parce que ce jeu est le premier du genre, je vais expliquer comment cela fonctionne.

Au début, vous choisissez donc votre « maison », Atréides, Ordos ou Harkonnens, et vous aurez alors 9 missions à effectuer avec cette maison.

Le principe est le suivant : vous construisez des bâtiments ; certains vous fournissent de l’énergie, d’autres vous permettent d’engager des troupes ou de construire des véhicules, d’autres encore de voir une carte des lieux. Vous pouvez également construire des tourelles de protection et des murs, etc.

Les véhicules et les troupes sont assez nombreux : jeep, tank, lance-missiles, etc., et certains sont spécifiques à la maison que vous avez choisie au départ. Ces troupes et véhicules vous permettront de disposer d’une puissance de feu afin de donner l’assaut à l’ennemi, pour détruire sa base, et vous permettront également de protéger la vôtre.

L’énergie

L’énergie est une ressource importante du jeu, puisqu’elle vous permet de faire fonctionner vos bâtiments. L’énergie est fournie par - et uniquement par - les pièges à vent. Un bâtiment fournissant de l’énergie est le premier dont vous aurez besoin afin de construire votre « base ». Si vous êtes à court d’énergie, vos bâtiments ne fonctionneront plus ou auront un fonctionnement très limité.

L’épice

L’un des bâtiments les plus importants est la raffinerie : elle vous permet, à l’aide d’un véhicule « récolteur », d’aller récolter de l’épice, qui est le nerf de la guerre, puisque c’est en raffinant cette « épice » que vous pourrez amasser de l’argent, nécessaire à la construction de nouveaux bâtiments, nouveaux véhicules, etc. À chaque mission, quelque part sur la carte, se trouvent des « champs d’épice ». Vos récolteurs devront les atteindre afin de récolter cette épice si précieuse, votre seule source de revenus, et dès qu’ils en seront remplis ils retourneront à la raffinerie, où ils pourront la stocker. La quantité d’épice que vous pouvez stocker est limitée, vous aurez donc à construire des raffineries supplémentaires ou des silos à épice si vous voulez pouvoir en stocker davantage. Si vous ne le faites pas, toute l’épice récoltée une fois votre maximum atteint sera perdue.

Les vers des sables

Une des marques de fabrique de Dune : les fameux « vers des sables ». Ces créatures gigantesques vivent sous le sable et dévorent tout ce qui est à leur portée. Ils sont présents dans certains niveaux du jeu et peuvent engloutir toute unité passant à proximité, que ce soit une unité à vous ou une unité ennemie. Ils sont extrêmement résistants mais ils disparaissent sitôt qu’ils ont englouti trois unités. Un conseil : faites très attention à vos précieux récolteurs, donnez-leur plutôt à manger des petites troupes insignifiantes jusqu’à ce qu’ils s’en aillent…

Au final, ça donne quoi ?

Au final, ça donne des missions relativement longues ; tant mieux puisqu’il n’y en a que neuf par « maison », avec presque toujours le même but : tout faire péter. Seuls les niveaux 1 et 2 de chacune des maisons proposent un objectif différent, à savoir amasser une certaine quantité d’épice.

Le principe n’est pas très compliqué, au final : vous construisez des raffineries et des récolteurs, pour amasser de l’argent, pour construire des troupes et des véhicules, et construisez encore des raffineries et des récolteurs, pour amasser encore plus d’argent, pour construire encore plus de troupes et véhicules, jusqu’à disposer d’une force de frappe suffisante afin de donner l’assaut à la base ennemie. Pendant ce temps, l’adversaire envoie régulièrement des unités attaquer votre base ; vous devez donc disposer sans cesse d’une défense suffisante.

Les missions sont longues car vos véhicules sont assez résistants, la plupart du temps, et ils ne savent pas toujours bien viser… Les récolteurs sont longs, eux aussi, à se remplir de la précieuse épice.

Enfin, le jeu dispose d’un tutoriel complet et bien fait.

Donc, c’est bien ou pas ?

La principale qualité du jeu réside en son gameplay novateur, le premier d’un genre qui a fait de nombreux émules… On peut d’ailleurs noter que Westwood s’est énormément inspiré de Dune II pour ensuite créer Command & Conquer : l’aspect futuriste, les champs d’épices / de minerais et les récolteurs, les troupes à pied / véhicules, l’énergie des bâtiments, les tours et les murs qui défendent la base, même les véhicules eux-mêmes sont sensiblement similaires.

Pour les amateurs de Dune (que je ne suis pas, je n’ai jamais pris le temps de lire ces fameux bouquins), je suppose que c’est assez sympa de retrouver cet univers, bien que peu d’éléments soient là pour le rappeler : il y a les Fremen, les Atréides, l’épice, les vers des sables… Où est Paul Muad’dib ?

Pour les points faibles, il y en a plusieurs, mais le principal défaut de Dune II réside dans la jouabilité, et surtout dans le fait qu’il est impossible de sélectionner plus d’une unité à la fois (pas très pratique pour donner l’assaut à la base ennemie avec 20 véhicules d’un coup…). Vous devrez donc envoyer vos unités une par une, ou alors, il y a une autre possibilité qui améliore à peine ce défaut : vous pouvez donner à une unité l’ordre de suivre une autre unité. Ainsi, demandez à vos unités de suivre un certain véhicule, envoyez ce véhicule vers l’ennemi, vos unités suivront donc ce véhicule après de laborieuses manœuvres (certaines s’arrêteront en route…), et dès que ça y est, vos unités sont en route, demandez-leur de s’attaquer à l’ennemi (sinon elles continueront à suivre votre véhicule de départ et s’arrêteront là où il s’arrêtera, au lieu d’ouvrir le feu). Ainsi, vos troupes arriveront toutes à peu près en même temps chez l’ennemi pour donner l’assaut. Bref, c’est extrêmement laborieux.

De plus, quand on appuie simultanément sur B et C, on construit automatiquement le dernier bâtiment que l’on a construit, ce qui est pratique mais implique parfois quelques constructions de bâtiments non-désirées…

Et bien entendu, la Mega Drive ne dispose pas de souris, et autant vous dire que ce genre de jeu se joue cent fois mieux à l’aide d’une souris et d’un clavier. Il n’y a qu’à voir le nombre de RTS développés sur console de nos jours, proche de zéro. La jouabilité est en effet le principal point faible de Dune II, les autres défauts du jeu ont l’air insignifiants à côté…

Graphismes

Le jeu se déroule en vue de dessus. Les graphismes ne sont pas exceptionnels mais demeurent toutefois très honnêtes, on a droit à de belles images quand on regarde le détail d’une unité. Malheureusement les décors ne varient pas, c’est assez lassant à la longue.

Animation

Rien de bien exceptionnel, l’animation n’est pas très bien réalisée mais reste potable, idem pour le scrolling.

Sons

La musique est réussie, les bruitages également (j’adore le « sprouik » quand un tank écrase une unité à pied !), et le jeu offre également des voix digitalisées très réussies. Par exemple, quand vous sélectionnez une unité et lui donnez des ordres ou lorsque vous vous faites attaquer (« Acknowledged », « We’re under attack ! »).

Notez que la quasi-totalité, si ce n’est la totalité, des RTS développés depuis incluent des voix disant à peu près la même chose (« Bien, monseigneur », « Nous sommes attaqués ! » – cf. WarCraft).

Jouabilité

Le gros point faible du jeu est qu’il est difficile à bien contrôler. Les joueurs ayant l’habitude des RTS plus récents s’en mordront les doigts et ne tarderont pas à lâcher la manette. C’est fort dommage, puisque ce jeu n’en reste pas moins intéressant, surtout lorsque l’on garde à l’esprit le fait qu’il s’agit du premier RTS jamais créé. Si vous arrivez à passer outre cette jouabilité délicate, alors vous pourrez apprécier tous les atouts de ce soft.

Durée de vie

La durée de vie est acceptable si vous prenez en compte le fait que vous avez le choix entre trois maisons à la base. Vous disposez donc en tout et pour tout de 27 missions, la plupart étant relativement longues. Dommage que l’on ne puisse pas jouer à deux ; cela est certes infaisable sur le même écran, pour ce type de jeu. Dommage également que l’on ne puisse pas choisir le niveau de difficulté, qui est cependant plutôt bien dosé.

Gameplay

Dune II a créé un genre : le RTS, doté d’un gameplay qui, depuis, a fait ses preuves. Ce jeu devrait donc être mythique et connu de tous, et pourtant ce n’est pas le cas. Si vous demandez à quelqu’un quel fut son premier RTS, il vous répondra certainement « Command & Conquer » ou « WarCraft ». Et pourtant, ces deux jeux n’auraient peut-être jamais vu le jour s’ils ne s’étaient inspirés de Dune II…

Conclusion

Dune II pèche par une jouabilité assez ardue, et ne possède pas beaucoup de gros atouts (graphismes corrects, jouabilité moyenne), si ce n’est un point essentiel : un nouveau gameplay qui a depuis fait ses preuves. Dune II n’est pas très jouable, sans souris et sans la possibilité essentielle de sélectionner plusieurs unités en même temps. C’est pourquoi il est difficile, aujourd’hui, d’y jouer sans se dire « eh bien, ce jeu ne vaut pas grand-chose vis-à-vis des nombreux RTS sortis depuis ». Et pourtant, il est le premier, le précurseur, et si l’on oublie les RTS suivants, si l’on s’imagine en 1994, quelle joie de récolter l’épice, de construire des bâtiments, des véhicules, de donner l’assaut, de réparer ses bâtiments, de lutter contre les vers des sables, d’envoyer une rafale de missiles sur la base ennemie… Merci Dune II !!!

Dune II : The Battle for Arrakis