Le contexte
Le contexte
État du marché éclaté
Si Sony s’est lancé sur cet impitoyable marché, ce n’est pas uniquement parce qu’il avait une console de prête … Les années 1995 ont en effet une particularité non négligeable dans l’histoire du jeu vidéo : le marché est particulièrement éclaté. En effet, parmi la génération 16 bits, nous trouvons : Super Nintendo, Megadrive, SuperGrafX, Neo-Geo auxquelles ont peut rajouter les variantes et extensions : Mega CD, Neo Geo CD, PC-Engine CD-Rom² …
Un marché éclaté ne signifie pas pour autant qu’il est aisé d’y pénétrer mais nous sommes dans un moment important : le passage à la nouvelle génération ainsi que l’arrivée de la 3D dans le salon. Entre ce qui est déjà disponible et ce qui est annoncé le consommateur a en effet pas mal de choix : Saturn, 32X, Virtual Boy, Nintendo 64, Jaguar, 3DO on peut même citer certaines arlésiennes telles que l’Hyper Neo-Geo 64 (qui sera en fin de compte une borne d’arcade à la diffusion limitée) ou bien encore le projet Mars de Sega (une Saturn et 32X dans une même boite).
Bref, le marché est éclaté et est dans sa phase de renouvellement du parc. C’est le genre de chose qui est très bonne pour l’arrivée d’un nouveau venu car comme il n’y a pas encore de gagnant, les éditeurs tiers développent un peu sur tout. Ajoutons à cela que les 2 leaders du marché perdent la confiance des joueurs … entre un Sega qui sort des consoles et extensions tout azimut (on en est à parler de galaxie Sega dans la presse) et un Nintendo qui ne fait que de retarder la sortie de sa N64 (après avoir tenu en haleine les joueurs avec l’extension CD-Rom de la Super Nintendo qui fût finalement purement et simplement annulée).
Pour résumer : le marché à est très éclaté et les consommateurs perdent de plus en plus confiance dans les 2 leaders.
Nouvelles méthodes
La situation est donc idéale pour une percée dans ce marché pour Sony mais une bonne situation n’est pas suffisante. Il ne faut pas oublier que dans ce marché Sony fait plutôt office de nouveau challenger. Il y a bien eu l’aventure MSX au début des années 80 mais il s’agissait d’ordinateurs aux fonctions plus bureautiques que ludiques. Quant à la collaboration avec Nintendo, même si elle a permis à Sony d’avoir un aperçu des demandes des joueurs, elle ne lui a pas bâti une image de société vidéo-ludique auprès de ces derniers.
Sony s’est donc armé pour partir en guerre dans les meilleures conditions et ainsi percer.Tout d’abord, Sony prend à contre-pied les politiques de ses concurrents vis à vis des éditeurs tiers et est celui qui demande le moins de royalties : développer sur PlayStation, c’est là où c’est le moins cher.D’un autre côté, Sony a besoin de jeux et n’a que trop peu d’expérience dans le domaine. Grâce à cette politique Sony va réussir l’exploit d’attirer Namco, Takara et quelques autres grands noms au début de l’aventure.Enfin, Sony s’est également offert Psygnosis en 1993. Derrière Psygnosis se cache en effet des titres mythiques comme Barbarian, Lemmings ou bien encore Shadow of the Beast.
Autre changement de méthode : le marketing qui prend ici une nouvelle dimension. En effet, avant la PlayStation, jamais le marketing n’avait atteint un tel niveau pour le jeu vidéo (à part peut être au Japon) et non content d’avoir une bonne puissance marketing, Sony décide de jouer l’anti-pub avec le Comité Anti-PlayStation ! Toutes les publicités (diffusées sur TF1, M6 et Canal + pour la France) suivent le même schéma en 3 étapes : présentation du C.A.P. et de sujets dit « sain » et « exposé ». S’ensuit alors la présentations d’à peine quelques secondes de jeu (après avoir pris quelques précautions d’utilisation) pour se terminer sur l’avertissement/slogan « Ne sous-estimez pas la puissance de la PlayStation ».
La Saturn sort avec 2 mois d’avance en France, comment contrer cela ? Sony a tout simplement mis en place le PlayStation Tour. Ce dernier a fait le tour des plage française durant l’été et se composait d’un camion disposant tout simplement de plusieurs PlayStation jouables. Et bien évidemment, les jeux disponibles étaient les poids lourds du lancement : Ridge Racer, Tekken, Battle Arena Toshiden et Wip&Out. Enfin, pour le lancement, le défunt magazine Player One offrit une cassette vidéo de présentation de la bête dans un hors-série entièrement consacré à la machine de Sony.On notera pour finir que le numéro 1 du PlayStation Magazine (le magazine officiel) sortit début décembre (pour les fêtes, ça tombe bien ^^) dans toutes les maisons de presse et était accompagné d’une cassette vidéo présentant les jeux de la machine, fait plutôt rare à l’époque.
Extraits des cassettes vidéo du lancement (Player One et PlayStation Magazine) :