Fatal Fury : Mark of the Wolves est un jeu vidéo DreamCast publié par SNKen 2001 .

  • 2001
  • Beat them up

Test du jeu vidéo Fatal Fury : Mark of the Wolves

3.5/5 — Très bien par

« Non, monsieur, NON ! NE TOUCHEZ PAS À ÇA ! Rhah, trop tard… Vous venez d’effacer huit ans de Fatal Fury d’un seul coup d’un seul. »

C’est peut-être ce qui s’est passé dans les bureaux de SNK, ou alors c’est l’homme de ménage qui a pris le pouvoir dans la société et qui a décidé de mettre un bon coup de balai. Toujours est-il qu’après un Fatal Fury : Wild Ambition de triste mémoire, ce Mark of the Wolves fait table rase du passé. Un peu comme… Mais oui, un peu comme Street Fighter III sorti deux ans plus tôt ! Allez, ne soyons pas mauvaises langues, attardons-nous plutôt sur ce portage Dreamcast.

TELL ME BABY, WHAT’S YOUR STORY

Dix ans se sont écoulés depuis la mort de Geese Howard. Southtown vit désormais en paix et s’est même vue rebaptisée en Second South. Mais dans l’ombre, un nouvel arrivant veut faire régner sa loi. Kain R. Heinlein, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a souffert de la pauvreté durant toute son enfance sous le joug d’Howard et tient à devenir le nouveau parrain. Son but est de se confronter au fils de l’ancien roi du crime, Rock Howard. Il organise donc un nouveau tournoi, le King of Fighters : Maximum Mayhem, et kidnappe la mère de Rock pour faire pression sur le fils.

WHERE YOU COME FROM AND WHERE YOU GONNA GO THIS TIME

Fatal Fury : Mark of the Wolves est un beat ‘em up dans la longue tradition de la série. Retour aux fondamentaux après un volet en trois dimensions qui n’a pas convaincu tout le monde, cette nouvelle mouture se présente sous ses plus beaux atours 2D. Le jeu propose en tout et pour tout un panel de douze combattants, auxquels s’ajoutent deux boss à débloquer.

La quasi totalité du roster est nouvelle, seul Terry Bogard fait son retour. Et encore, il dispose désormais d’un nouveau design et de nouveaux coups. Pour le reste, nous découvrons :

B. Jenet : une femme pirate aussi sexy que Mai Shiranui mais bien moins efficace ;

Freeman : un serial killer anglais qui n’est pas sans rappeler Iori Yagami lorsqu’il est corrompu par Orochi ;

Gato : un Bruce Lee du dimanche qui cogne vite et dur ;

Hokutomaru : un jeune ninja élève d’Andy Bogard, rapide mais peu puissant ;

Hotaru Futaba : la petite soeur de Gato et un clone de la Nakoruru de Samurai Shodown ;

Kevin Rian : un policier qui utilise le même style de combat que Blue Mary ;

Kim Dong Hwan et Kim Jae Hoon : les deux fils (et clones) de Kim Kaphwan ;

Rhushnood Butt : un ermite qui utilise le même style de combat que Ryo Sakazaki ;

Rock Howard : le fils de Geese, qui emploie un mélange de coups de son père et de son protecteur, Terry Bogard ;

Tizoc : un catcheur avec un masque d’aigle.

Et les deux boss :

Grant : la garde du corps de Kain, un gars bien abusé comme il faut ;

Kain R. Heinlein : le badass du coin qui va vous tartiner à coups de phalanges.

YOU’RE SO LOVELY, ARE YOU LONELY ?

Fatal Fury : Mark of the Wolves propose un mode arcade et un mode versus comme tout le monde, auxquels s’ajoutent un mode entraînement, un mode survie et une galerie d’images. Quel que soit le mode de jeu choisi, le but est toujours le même. Des fois que vous seriez resté bloqué par inadvertance dans les années 70, je vous rappelle le principe : vous enchaînez les duels en un contre un, avec pour objectif de vider la jauge de vie de l’adversaire avant qu’il ne vide la vôtre.

Pour ce faire, vous disposez du stick directionnel pour vous mouvoir (droite et gauche), vous accroupir (bas) ou sauter (haut), et de quatre boutons. Deux d’entre eux sont dédiés aux coups de poing, faibles et forts, et deux aux coups de pied. En alternant savamment directions et coups, vous pourrez réaliser des projections, enchaînements, coups spéciaux et techniques ultimes propres à chaque personnage.

Par contre tout ceci ne nous dit pas comment on passe d’un plan à l’autre. Et pour cause, le traditionnel changement de ligne étant impossible dans cet opus ! Scandale ! Et mes attaques désespérées (Desperate Moves), ils sont toujours là ? Non plus, mon ami. Comme je le disais en préambule, c’est une grosse remise à zéro qui nous attend. Mais alors, qu’est-ce qui différencie Garou : Mark of the Wolves de la masse des autres jeux de baston ?

Eh bien, sans doute le fait qu’il se soit mis aux T.O.P. Les Tactical Offense Positions, c’est comme les Desperate Moves, mais en mieux. Souvenez-vous : les DM n’étaient disponibles que lorsqu’il ne vous restait plus beaucoup de vie. Désormais c’est plus simple : vous choisissez une zone de votre jauge d’énergie (début, milieu ou fin), et lorsque votre personnage entre dans cette zone, il passe en T.O.P. Ses attaques sont alors plus puissantes et il peut déclencher des T.O.P. Attacks. Ces coups spéciaux sont l’équivalent des DM en plus puissants encore, puisqu’ils sont soit à vocation offensive (et si jamais ils sont bloqués, ils cassent la garde de l’adversaire !), soit à vocation défensive, vous permettant de restaurer une portion de votre jauge d’énergie, jusqu’à la limite de la zone de T.O.P.

Voilà donc pour l’artillerie lourde. Les fins tacticiens se rabattront peut-être plus volontiers sur le système de Just Defended. Pour le coup il s’agit encore une fois de singer Street Fighter III. Le principe est simple : si vous contrez un coup au dernier moment, votre personnage brille et regagne un peu de vie. Mais surtout, il devient prioritaire sur la prochaine attaque, et donc à même de punir sévèrement le gars d’en face. Mieux encore, il est possible (pas évident, mais possible) de parer plusieurs coups de la sorte, par exemple si l’adversaire a déclenché une attaque qui, normalement, frappe trois fois. Au-delà de trois, ça devient chaud de faire des Just Defended.

Enfin, notez que les feintes sont toujours d’actualité. Il s’agit ici de faire croire que l’on va déclencher telle attaque alors qu’en fait non, on va plutôt utiliser telle autre. Pour ce faire, tous les personnages disposent de la même manipulation à effectuer. Avec ça et les parades évoquées juste avant, autant dire que les combats passent dans une autre dimension.

GIVIN’ UP ON THE INNOCENCE YOU LEFT BEHIND

C’est sur cette dernière note que la saga des Garou Dentetsu tire sa révérence, remplacée dans le coeur des amateurs de baston par sa petite soeur KOF. Du coup on se doute qu’en guise de chant du cygne, SNK a voulu frapper un grand coup. Quoi de mieux dès lors que de tout remettre à plat ?

C’est précisément ce qui s’est passé : changement de personnages, changement de jouabilité, changement de design, les nouveautés sont nombreuses. Sur un plan strictement technique le constat est un tout petit peu décevant. Certes, décors et personnages renvoient au summum de ce que l’on est capable de faire en matière de 2D sur la vieillissante Neo-Geo, mais sur Dreamcast, avec des concurrents comme Guilty Gear X, ces gros pixels bariolés font un peu surranés. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : Mark of the Wolves est très beau, il est juste techniquement dépassé. Maintenant, sans jouer sur les comparaisons, on a tout de même devant soi un jeu qui ne lésine ni sur les détails, ni sur les couleurs, ni même sur les effets visuels de haut vol. Un jeu qui reste tout le temps fluide et qui nous emporte grâce à ses thèmes musicaux endiablés. Que demander de plus ?

Une bonne jouabilité ? Là encore, soit on la joue passéiste et on regrette que la série y ait perdu un peu de son âme, soit on fait contre mauvaise fortune bon coeur et on découvre un système de jeu bien technique, bien équilibré et assez jouissif à pratiquer. Seul petit reproche, les personnages ont beau être assez équilibrés, certains se détachent nettement du lot, et notamment le héros Rock Howard. Avec quatorze combattants, ce Fatal Fury manque aussi, peut-être, d’un peu de profondeur, mais il compense par une approche assez élitiste qui nécessite donc pas mal d’apprentissage.

L’un dans l’autre, Fatal Fury : Mark of the Wolves est plutôt une bonne surprise. Il reste clairement en-deça de Real Bout Special, pour moi en tout cas, mais il relève bien le niveau après le pathétique Wild Ambition. Ceci dit, il était peut-être temps de clore cette série qui avait de plus en plus de mal à trouver ses fans, la relève étant de toute manière assurée par les King of Fighters. Et la concurrence…

Fatal Fury : Mark of the Wolves