Double Dragon est un jeu vidéo Arcade publié par Technos Japan Corpen 1987 .

  • 1987
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Double Dragon

5/5 — Parfait ! par

Développé par Technos, édité par Technos pour le Japon, Taito pour le reste du monde, initialement sur arcade en 1987.

Toc Toc…

  • Ah, c’est toi Billy.

  • Salut Jimmy.

  • Ouh là, t’en fais une tête d’enterrement ! Qu’est-ce qui se passe ?

  • C’est Marion. (1)

  • Elle t’a largué ? Maintenant je peux te le dire alors, je l’ai jamais aimée cette grognasse, elle était chieuse, castratrice, et elle commençait même à avoir un peu de cellulite sur les fesses.

  • On n’a pas rompu.

  • Ah… bon, c’est quoi alors ?

  • Elle s’est fait kidnapper par le gang des Black Shadow Warriors. (2)

  • Oh putain la lose ! Et ils comptent lui faire quoi ?

  • Sûrement la tuer. Ou la violer, ché pas trop. Enfin c’est surtout pour m’embêter qu’ils ont fait ça, les saligauds. Ils ont pas digéré la branlée que j’ai mis à PES à leur chef lors du dernier tournoi.

  • Je t’avais dit de le laisser gagner, ça évite les embrouilles !

  • Ouais. Bon on y va ?

  • Où ça ?

  • Ben sauver Marion !

  • Quoi, t’as quand même pas l’intention d’aller affronter un gang à toi tout seul, tout ça pour une gonzesse !!

  • Attends tu te rends pas compte, toi ! 6 mois d’abonnement Meetic avant de la rencontrer, plusieurs restos et aprems shopping avant de conclure… avec tout ce que j’ai racké pour elle, je peux pas la lâcher comme ça !

  • Ouais mais c’est juste une femme quoi…

  • Non Môssieur ! Elle est ptet un peu chieuse, mais n’empêche qu’elle fait la vaisselle, la lessive, me laisse jouer à la console 2 soirs par semaine, aller m’entraîner au dojo, et me fout pas dehors quand elle me retrouve le matin bourré comme un coin sur le tapis du salon !

  • Ah ouais quand même… c’est sûr que vu comme ça…

  • Et puis je suis pas tout seul de toute façon.

  • ?? Quoi, t’as trouvé un mec assez barge pour venir avec toi ?

  • Ben oui. Toi.

  • Wouoho mec !! Laisse-moi en dehors de ça, ok !

  • T’as une dette envers moi, t’as oublié ?!

  • De quoi tu parles ?

  • La petite Popo (3) qu’on voulait serrer quand on était ados, ben je te l’ai laissée, et tu m’avais dit que tu me revaudrais ça un jour !

  • Oui, et ?

  • Et c’est le moment de t’acquitter de ta dette !

  • Attends, tu rigoles ou quoi ! C’est pas un peu disproportionné comme service ??

  • Si tu viens pas, je lance un topic sur Emu Nova pour dire que Jimmy Lee est un éjaculateur précoce.

  • Oh le salaud !!! Tu ferais pas ça ??

  • À ton avis ?

  • Pffff… ok ok, je viens !!

  • Je savais que je pouvais compter sur ton sens de l’honneur et tes sentiments fraternels.

  • Mouais… Bon, je vais chercher mon flingue et j’arrive.

  • Non pas besoin, on y va les mains dans les poches.

  • Quoi, on va pas aller affronter une armée à main nue !! Ils ont des battes, des fouets, des couteaux, des tonneaux, et même une mitraillette, eux !

  • Mec on est des karatékas !! Le Karaté, c’est l’art de la main vide !

  • Toi et tes valeurs… pourquoi j’ai pas été chasseur…

  • Mais rassure-toi, on aura quand même le droit de ramasser leurs armes pour les maraver avec.

  • Bon là, ok. Et ils l’ont planquée où, ta nana ?

  • Dans leur repaire secret. À la fin du 5e niveau, quoi.

  • T’es sûr que c’est pas du 4e ?

  • Ouais t’as raison, je confonds avec la version Amstrad. (4)

  • Bon ben allez, go. Au fait ?

  • Quoi ?

  • Si on arrive à la délivrer… tu me la prêteras ?

  • Ça va pas non ??

  • Que j’ai pas fait tout ça pour rien, quand même !

  • Je croyais qu’elle te plaisait pas !

  • Bah tu sais, moi je suis un grand sentimental, une fille qui fait la lessive, je craque… (5)

  • Tsss. Bon tsé quoi ? Si on est toujours en vie tous les 2 à la fin du jeu, on se battra pour savoir qui pourra la sortir, ça marche ?

  • Mouais… ok vendu.

(1) : Marian en VO

(2) : le nom du gang diffère selon les versions : Black Shadows, Black Warriors, et même Shadow Warriors. J’ai donc décidé de les appeler Black Shadow Warriors (les Guerriers de l’Ombre Noire, ça pète non ?).

(3) : toute ressemblance avec une personne existante serait pure coïncidence.

(4) : il y a plutôt 5 niveaux, mais pas de séparation officielle entre le 3 et le 4.

(5) : le testeur ne cautionne absolument pas la vision de Jimmy.

LA LÉGENDE EST EN MARCHE !

Qui aurait cru, à la lecture de cette présentation humoristique mais pourtant fidèle à l’intrigue, qu’une légende du jeu vidéo était en train de naître ? Et pourtant, Double Dragon fait sans conteste partie du cercle restreint des titres ayant marqué l’Histoire.

Pour preuve, le nombre d’adaptations (sur tous les supports de l’époque), de suites (4 « vraies » suites sous forme de beat them all, 2 jeux de combat), de cross-over (« Battle Toads vs. Double Dragon ») et de produits dérivés en tout genre (film de 94 qui lança Mark Dacascos, série animée, jeux de société, comics et jouets) créés à partir de ce jeu.

Ce titre, développé par Technos en 87, a véritablement lancé le beat them all (beat them up pour les anglo-saxons), ce style de jeu dont la finalité est de rentrer dans le lard de tous les gus qui vous approchent de trop près. Si quelques beats existaient déjà au moment de sa sortie, depuis le précurseur et à peine moins culte Kung Fu (Master), D.D. apporte de fabuleuses innovations :

  • l’action ne se déroule plus sur un plan fixe horizontal, il est possible de se balader sur à peu près tout l’écran de jeu ; ce qui signifie plus de liberté et plus de possibilités de gameplay, en matière d’esquives et d’attaques à distance notamment. On peut ainsi mettre en place une stratégie d’attaque, en fonction des ennemis et des armes du périmètre. Également, il sera possible de balancer les méchants dans des trous, dans la flotte, afin d’abréger le combat en même temps que leur vie.

  • on peut jouer à 2 en simultané, ce qui multiplie énormément le fun et instaure une coopération stratégique (gestion des armes et des crédits disponibles).

  • plusieurs objets, traînant dans le décor ou portés par les ennemis, peuvent être ramassés et servir d’armes de poing utilisées au corps à corps (battes, fouets) et d’armes de jet (poignards, tonneaux, colis, rochers et bâtons de dynamite). On ne pourra porter qu’un seul objet à la fois par contre.

L’objectif de l’aventure est on ne peut plus simple : mettre K.O. tous les méchants qui vous approchent pour compléter chacune des 4 missions dans le temps imparti (si le délai est écoulé, vous ne perdez toutefois qu’une vie avant qu’il ne se réinitialise). La scène progresse en défilement horizontal discontinu : avancer fait progresser le scrolling, sauf à certains endroits où il sera nécessaire de vaincre au préalable tous les ennemis. Selon les passages, on pourra revenir sur ses pas dans une mesure encadrée par le jeu. À noter que les armes qui jonchent une partie de l’écran dépassée par le scrolling seront perdues.

Les niveaux sont complétés dès que le boss qui les garde est vaincu. Si vous y parvenez, les loubards encore debout vont prendre la fuite (spécificité qu’on ne retrouve pas dans toutes les versions du jeu).

Pour vaincre ses adversaires, il suffit de leur taper dessus jusqu’à ce qu’ils ne se relèvent plus. Plusieurs techniques à main nue seront nécessaires pour les faire chuter, et une seule frappe avec une arme. Lorsqu’ils mordent la poussière un certain nombre de fois, ils sont considérés comme morts et disparaissent.

Les techniques martiales disponibles sont : coup de pied, de poing, de coude (vers l’arrière), de tête, coup de pied sauté vers l’avant (plus précisément Tobi Yoko Geri pour les intimes) ou coup de pied sauté retourné arrière (chaud à faire en vrai cui là).

Il est possible de réaliser des combos : un enchaînement de coups de poing va ainsi se ponctuer soit d’un uppercut, soit d’une projection par-dessus les épaules (très utile pour balancer un gars dans une fosse mortelle), alors qu’en lançant des coups de pied, votre personnage va agripper son opposant par les cheveux et lui latter le visage à coups de genou (c’est bon ça !), et éventuellement finir par une projection.

Enfin, lorsqu’on joue à 2, il est possible d’immobiliser un adversaire par derrière (Double Nelson) pour que son frangin lui tape dessus. Ce que les méchants ne se privent pas de faire non plus. Faites attention à qui vous tapez, votre frérot est sensible lui aussi à vos coups !

Entre les armes, les techniques et les combos, il y a largement de quoi faire, et puisque le jeu est relativement court, il ne souffre pas trop de la répétitivité de l’action.

Le gang des Black Shadow Warriors est composé de plusieurs types de loubards (pas tous noirs, des fois qu’on me pose la question, y’en a même des verts, ainsi que des femmes genre prostituées SM), différemment puissants, résistants et habiles au combat. Les plus balèzes sont très difficiles à vaincre à main nue et à courte distance, et disposent d’une allonge supérieure aux frères Lee. Leur boss, Willy (à mon avis il est docteur dans le civil), est le seul d’entre eux à porter une arme à feu, une mitraillette en l’occurrence, qu’on ne pourra lui arracher des mains.

L’I.A. des ennemis me semble bien paramétrée, et en fait des adversaires redoutables. Ils savent esquiver les coups de fouet par exemple.

Le jeu n’est donc pas spécialement long mais reste très difficile (surtout seul), puisque vous ne disposez que de deux vies par crédit et que tomber dans un trou vous en fait perdre une entière. Ce qui veut dire qu’il faut venir les poches pleines quand on a dans l’idée de revoir la culotte de Marion (elle est accrochée à un mur en hauteur, avec une robe extrêmement mini. Et ça se plaint de se faire enlever, tss).

Qu’on l’ait déjà fini ou pas, il possède pourtant une excellente durée de vie, pour ne pas dire qu’il était complètement addictif à l’époque, et encore très fun aujourd’hui.

Côté réalisation technique, le jeu était plutôt beau à sa sortie ; il a fatalement vieilli depuis mais reste correct. Les décors sont très sommaires, l’environnement peu détaillé, les sprites des ennemis ne sont pas très fins, notamment leurs visages, mais leur look est intéressant.

L’animation est plutôt de bonne facture, bien que limitée. Le gros steak du niveau 1 qui fait son entrée en fracassant un mur de briques pète pas mal, alors que les murs de la forteresse sont doués de vie (les gargouilles essaient de vous transpercer de leur lance, des poutres sortent des murs).

Personnellement, j’adore le level design de Double Dragon : le départ devant le garage des frères Lee, le tapis roulant à la fin du 2e niveau, la forêt dans le 3e et la forteresse secrète pour terminer. Il reste en mémoire une vie durant, alors que j’ai du mal à me souvenir de celui de ses successeurs.

La bande-son est de qualité, entraînante et dynamisante. Les effets sonores sont très arcade, autant dire qu’ils ont un charme fou (impact des mandales dans la trogne, cris d’agonie des méchants…).

RÉSUMÉ

Double Dragon mérite clairement sa place au Panthéon des jeux vidéo.

Il n’est certes pas glorieux de prendre du plaisir à latter du méchant et de les exploser à coups de batte et autres joyeusetés, mais bon sang qu’est-ce que c’est jouissif !

L’ambiance, le nombre de techniques, d’armes disponibles, le côté stratégique permis grâce à l’agencement de niveaux cultissimes, et bien sûr l’apparition de l’indispensable mode 2 joueurs, ont fait de ce titre le précurseur et la référence des beat them all. Souvent copié au cours de la décennie suivant sa sortie, il n’a pourtant été alors que rarement égalé. S’il fait de nos jours pâle figure en comparaison de titres bien plus modernes, il procure encore de purs moments de défoulement un brin sadiques, mais tellement ludiques…

J’y retourne.

10/10

Autres versions

Si la version arcade originelle est la version culte du jeu, Double Dragon a été adapté sur moult supports. Je ne les ai pas tous essayées, mais je peux glisser un mot sur celles que je connais.

La version Amstrad est un portage très fidèle (dans la limite des possibilités du CPC), au niveau du gameplay et du level design, et est selon moi réussie.

La version NES supprime le mode 2 joueurs en simultané, modifie l’agencement des niveaux et les armes disponibles, propose un mode « Street Fighter », des techniques qui s’acquièrent à l’expérience, pour un résultat pas spécialement convaincant.

La version Game Boy permet de jouer à 2, mais reste très moyenne.

La version Mega Drive est un portage quasiment à l’identique de l’arcade. C’est bien mais 5 ans après, et sans un poil d’amélioration en plus, ça ne vaut plus 10…

Double Dragon