Le royaume de Camelot, qui connaissait quelques années paisibles, succombe derechef aux griffes du Malin. Les goules sortent de terre manger les cadavres, les fantômes surgissent de l’au-delà hanter les survivants et les gargouilles volent au dessus des villageois affolés qui fuient le pays. Seul un homme, sur son lourd destrier, galope vers le danger. Inquiet, il cherche sa promise, sa tendre princesse Guenièvre. Malheureusement il arrive trop tard, puisque Méphistophélès, par un rayon lumineux, transperce sous les yeux d’Arthur, le cœur de sa belle princesse.
Cet opus de Ghouls ‘n Ghosts sur Amiga débute de manière identique à la version arcade, au beau milieu d’un cimetière, infesté de morts mystérieusement animés et méchamment hostiles. Epaulés par des vautours, ces monstres d’outre-tombe s’acharneront autant que possible sur Arthur, pour le réduire en simple squelette inoffensif. Franchement, ils n’auront pas grand mal, tellement le jeu vous fera vous arracher les cheveux à cause d’une difficulté atroce, encore plus grosse que l’original.
La faute à une maniabilité exécrable. D’abord notre preux chevalier bouge avec une raideur imposante. Sa cadence de tir n’a plus la même fluidité qu’auparavant et il éprouve quelques problèmes à se retourner rapidement. Ensuite, les spécificités des manettes compatibles avec les micros de l’époque détériorent la manœuvrabilité. En effet, les joysticks ne possédaient généralement qu’un seul bouton, alors les jeux disponibles sur ces supports tenaient compte de cette faiblesse. Ainsi Ghouls ‘n Ghosts n’utilise qu’un seul bouton, qui sert pour tirer. Le saut est donc relié à la direction « haut » de la croix directionnelle, ce qui engendre quelques problèmes. Lorsque le joueur a besoin de lancer une arme verticalement, il doit obligatoirement sauter et souvent c’était la seule chose à ne pas faire. Catastrophe ! Arthur a subit une touche ! Idem, quand le chevalier s’élance dans les airs et veut projeter une arme droit devant, il arrive qu’il tire vers le haut. Put*** ! Encore une touche ! Enfin, comble du bonheur, la gestion des collisions est loin d’être optimale. Le masque de collision du personnage s’étend sur une plus grande surface que le sprite lui-même. Les ennemis le blessent donc avant de l’avoir réellement atteint. Plus énervant , tu meurs !
Sur arcade, tout le plaisir du jeu provenait de son ambiance heroic-fantasy mettant en scène des monstres tout droit sortis de légendes médiévales. Cette mouture Amiga convainc-t-elle toujours autant ? Dès la première partie, on répond facilement à la question. La conversion sur ordinateur est à 100 000 lieues de l’original. Les graphismes d’une grande pauvreté n’aident plus à se plonger dans une atmosphère autrefois lugubre. Les couleurs mal choisies et peu nombreuses forment un tableau assez moche et insipide. La platitude des décors, notamment les fonds d’écran sans aucune parallaxe, nous font douter des capacités de la machine. Si visuellement, Ghouls ‘n Ghosts n’offre rien de réjouissant, se rattrape-t-il avec les musiques ? Et bien non ! Les différents morceaux ne collent pas du tout avec le mythe de la série. Au lieu de posséder des airs froids et glauques, les niveaux sont orchestrés par des musiques guillerettes, certes dans le style moyenâgeux, mais faisant penser à un dîner champêtre.
Non ! franchement, non ! Cette adaptation d’un hit arcade n’est qu’une pâle copie sans intérêt. Techniquement loin d’utiliser les capacités de la machine et plombée par une maniabilité odieuse, ce Ghouls ‘n Ghosts n’a rien d’agréable ou de plaisant. Au contraire il agace au point de vouloir balourder la manette, à cause de toutes ces morts dues à l’animation douteuse. Les développeurs, de chez US Gold, ont sans doute pensé qu’il fallait augmenter la difficulté au point que le joueur ne puisse dépasser le premier stage. Leur produit tellement pourri et moche ne mérite pas qu’on s’y attarde plus longtemps.