On se souvient tous lors du lancement de la Xbox du succès d’Halo qui fut une sympathique surprise dans le domaine du FPS. Trois ans ont passé, de l’eau a coulé sous les ponts et Bungie nous délivre sa suite ultra-médiatisée et présentée comme la vitrine du Xbox Live. Tout ce marketing valait-il le coup ?
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C’est donc avec une certaine sympathie pour les fans que l’on retrouve Master Chief dans cette suite équipé de sa nouvelle armure et promu au grade de Major. L’histoire continue celle d’Halo 1 et nous voici à l’aube d’une véritable invasion Covenant dispersée en 15 chapitres.
Une cinématique ouvre le bal suivi des essais habituels dont un petit cliché pour Half-Life 1 lors du voyage en train.
Au chapitre des nouveautés, ma foi il ne faut pas crier haut et fort qu’Halo 2 est innovant… En effet la principale nouveauté est celle de pouvoir porter 2 armes différentes à la fois puis une autre qui ne sera dispo qu’une fois l’une de vos 2 mitrailleuses lâchées par exemple. Le port des 2 armes ne permet pas l’envoi de grenades et l’une d’elles est automatiquement perdue lorsque vous montez un véhicule. De nouvelles armes ont bien entendu fait leur apparition et tout l’arsenal Covenant est désormais à notre disposition, des armes de mains simples comme le Needler aux gros véhicules blindés comme l’Apparition. Si les élites vous énervent avec leur Ghost, pas de problème, un coup de pied bien placé et vous vous emparer de leurs véhicules. A noter que quand un Ghost vous fonce dessus, vous ne mourrez pas, contrairement au un, ce qui est dommage. Enfin le jeu nous proposera de nous partager la vie de l’Arbiter, méconsidéré par les Prophètes et envoyé pour faire le ménage dans un premier temps. L’idée est bonne, elle nous permet d’en savoir plus sur les Covenants, leur organisation, leurs batailles… et force est d’avouer que tout n’est pas si rose dans leur vie. C’est aussi avec l’Arbiter qu’apparaît le sabre covenant, une arme de corps à corps d’une puissance redoutable bien qu’elle s’épuise vite. Niveau HUD, tout se gère avec votre bouclier. Finie la petite barre de vie, si votre bouclier est déchargé, 3, 4 coups encaissés et c’est la fin. Ce dernier se recharge d’ailleurs plus vite et l’on peut observer comme des petites étincelles lors du rechargement. Enfin, fait rarissime dans les FPS, cette fois vous voyez vos jambes en marchant. Bien que gadget inutile niveau gameplay, ça fait toujours plaisir de voir que notre p’tit gars a autre chose qu’un bras et un flingue.
Techniquement le titre est assez inégal. Les personnages bénéficient d’une modélisation poussée, notamment MC, quelques modèles de marines, les prophètes et quelques autres. Sur certains plans, le rendu est particulièrement bluffant. En contrepartie ce sont les décors qui en pâtissent et qui font réellement pitié sur certains niveaux. C’est simple, c’est carré. Certains endroits de Halo Delta par exemple sont assez détaillés, d’autres comme le Caire sont des successions de briques aux textures uniformes. Parlons-en des textures, dès le début vous constaterez qu’elles ont du mal à régler leur réveil, toujours en retard par rapport à la caméra, elles s’affichent sur certains plans plus de 2 secondes après les modèles… Déjà que les modèles ne sont pas toujours au rendez-vous, il est quand même frustrant de « voir » un plan de la fille de Keyes en train de parler et comme par magie, le modèle et les textures du personnage apparaître… C’est presque à se demander si ce n’est pas le siège qui parle… Vive Casper ! Pour une super-production, ça craint un peu.
Le pire c’est qu’Halo 2 n’est pas le titre le plus bluffant techniquement de la console. De ce côté, Riddick lui met une rouste niveau textures.
Toujours dans les défauts, les cinématiques ont la fichue habitude de saccader, pas toutes mais sur certaines, c’est à se demander si la console n’est pas tirée à bout… Heureusement cela se produira très rarement dans le jeu en lu-même. Bungie a fait un effort sur l’animation et il en faudra pour faire saccader le jeu là où Halo 1 peinait en 60 Hz avec 2 Covenants à l’écran… Bref, le fossé n’est pas réellement existant avec Halo 1, c’est juste ce dernier en mieux optimisé avec un niveau technique un cran relevé et une bande son toujours aussi agréable (et une doublure de Cortana moins mécanique). En revanche, le son des armes est loin d’être convaincant. Le SMG fait un bruit de pistolet Fisher Price avec piles R6 et les grenades sont sans puissance. Juste de l’embellissement graphique, un bruit fade et basta. Décevant…
Coté IA, on ne change pas une recette qui marche et on retrouve celle du premier améliorée. Détail intéressant, les Covenants n’hésiteront pas à vous faire ce que vous leur faites subir. Ainsi ne vous étonnez pas si vous vous prenez un coup de pied en pleine figure pendant que vous vous promenez en Ghost. Les élites se cachent et sont plus résistants que dans le 1. Les grognards partent toujours en vrille dès que leur chef est mort et c’est un habituel tir au pigeon qui se dessine. C’est toujours du beau boulot de ce point de vue depuis le 1. En revanche, chaque Covenant a une zone de combat définie et il est impossible de les attirer ailleurs pour leur tendre une embuscade. Ce point ne fait que corser la difficulté du titre qui n’est pas aussi bien ajustée que dans le premier épisode. Le Caire se résume à une partie de snipers dont on se serait bien passé et ce n’est que le début, la deuxième partie de la campagne de Chief c’est rebelote et ils savent viser les bougres d’autant que c’est pas de quartier. Un coup = mort dans les hauts niveaux de difficulté et c’est frustrant de passer sa journée à essayer de jouer les gâchettes de l’ouest. C’est vraiment dommage d’autant que le chapitre du Caire se termine de façon mémorable… Mémorable en normal, à oublier en héroique et au-dessus, le scarabée géant à aborder est peuplé d’élites rouges et on a plus l’impression de jouer à Quake 3 Arena qu’à un Halo. Même en héroique, le jeu nous pousse à y aller à la barbare. Cette impression se confirme dans les chapitres de fin contre les brutes dont les niveaux se résument à du Painkiller-like, c’est-à-dire, je prends mon flingue et j’aligne brute sur brute. La chose ne s’arrange vraiment pas avec les véhicules. Le Scorpion est d’une puissance foudroyante et l’intervalle des tirs a été raccourci, ce qui fait de votre engin, une machine imprenable mais j’y reviendrai…
Dans le déroulement du jeu, c’est du linéaire, on passe son temps à blaster tout ce qui bouge mais Halo 2 a une mise en scène suffisamment aboutie pour nous épargner le syndrome du script abusif, même si il y a toujours les éternelles successions de vagues covenants avant que le script comprenne qu’on aimerait passer à autre chose… Autre syndrome moins présent, la répétition des salles. Avec l’Arbiter, la chose est assez présente lorsque vous affrontez les floods mais bien moins longue ce qui tend à nous faire un peu oublier cette répétition. Ces floods sont d’ailleurs plus faciles à abattre que dans Halo 1, de quantité sensiblement égale, ils tombent plus vite sous les coups et les parties de jeu les concernant valent cette fois autre chose que le néant là où toute la partie flood du premier opus était bonne pour la benne à ordures. De plus nous ne sommes que peu de temps sur Terre contrairement à ce que chacun pensait.
Les premiers chapitres s’enchaînent vite, Halo 2 est quand même plus long que le premier, même quand on connaît les 2 jeux, seulement ces lacunes nuisent à la rejouabilité du titre, un gros point fort d’Halo 1 qui s’en va.
La fin du titre elle, laissera certains sur le pas… En résumé, Halo 2 est plus difficile que le 1, agréable malgré tout mais aussi plus chiant. Mot osé mais c’est l’impression exacte que j’ai eu de ce mode solo.
Mais Halo 2 n’est pas seulement une campagne solo. Désormais compatible Live, le jeu tire profit du Live 3.0 et propose un nombre hallucinant d’options pour un FPS sur console.
En ligne et suivant votre connexion, le jeu est très jouable, lag très faible et le tout même à des parties à 16 joueurs. Cependant, le choix de vos parties se fait selon son humeur… un correctif de l’optimatch est dispo et même si ça s’améliore, il est impossible de définir le type précis de partie que l’on souhaite avoir. Toutefois en Live accrochez-vous, y a des gaillards qui tâtent et pourtant j’ai le mérite d’avoir fini la campagne en héroique.
On regrettera aussi l’absence de bots, vu les lacunes du titre, c’est à se demander combien d’employés bossaient sur Halo 2…
Certes le multijoueur est fun mais qu’est-ce qu’il est déséquilibré. Avec le scorpion entre les mains, va falloir mettre le paquet pour le prendre d’assaut et oubliez les Ghost ou les Banshee, ils sont aussi résistants que des jouets en plastique fissurés. Les armes sniper sont trop puissantes et les flingues de corps à corps ou petite et moyenne portée hormis le Sabre pas assez. Ne parlons pas de leur précision. Le SMG tire partout sauf là où il faudrait, même en rafales. En gros quand vous visez à moyenne portée, visez autre chose que votre adversaire ou prenez le fusil à lunettes… On est en droit de se demander où est passé l’équilibrage du premier épisode… L’aspect tactique passe aussi à la trappe et même Counter Strike grille Halo 2 de ce point de vue, ce n’est pas pour dire… mais FALLAIT LE FAIRE !!!
Toutefois, en LAN le jeu se savoure, la possibilité de configurer ses parties comme bon nous semble est un gros plus et même si c’est déséquilibré, peu de jeux sur console hormis Halo 1 offrent des multijoueurs aussi poussés. Les derniers multi mémorables étant Golden Eye et Perfect Dark pour ma part concernant le genre FPS.
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Conclusion, Halo 2 a-t-il mérité un tel engouement médiatique ? La réponse parle d’elle même. La pub a joué contre lui, le « dicton » du jeu : « La Terre ne sera plus jamais comme avant » est vraiment mal choisi puisque la Terre on ne la voit pas beaucoup… On ne sait même pas ce qu’il en advient durant la partie hormis à la fin… et encore…
Halo 2 est considéré comme une superproduction sur Xbox mais il a trop de lacunes techniques et même de gameplay en multijoueur (équilibre) pour se permettre de prendre tout le monde de haut. Parfois on se demande si la Xbox n’est pas à bout de souffle… Néanmoins il a l’avantage de mettre à fond en avant son scénario, chose que même Half Life 2 ne fait pas. La mise en scène est excellente et la première partie de MC enchaîne les scènes de FPS culte tous supports tout comme les scènes d’ennui cultes tous supports (le tunnel du Caire… -__- ).
On nous a aussi souvent bassiné qu’Halo 1 était non fini dû aux 6 mois de portage (car Halo 1 était prévu sur MAC et PC avant d’être fait sur Xbox). Trois ans ne suffisent vraisemblablement pas non plus… Microsoft a sorti son titre à la hâte pour profiter des fêtes de Noël, je ne vois pas d’autre explication. Au final tout ce farfouillis marketing fait passer Halo 2 pour ce qu’il n’est pas alors que tout le potentiel est là… Halo 2 est un bon jeu mais seulement un bon jeu et rien de plus. Dommage.