Il est toujours douloureux de voir une franchise solide s’enfoncer doucement sur la pente de la déception. Je conçois parfaitement que cette affirmation ne veut rien dire, mais elle reflète bien mon sentiment envers SoulCalibur, qui a commencé fort avec le premier opus Dreamcast (mettons de côté Soul Edge, qui n’était finalement qu’un croquis préparatoire) pour s’achever dans la douleur avec un troisième épisode ultra-buggé (mais finalement pas si raté que cela, quoi qu’en disent les chiffres de vente). Alors quand les premiers trailers du IV sont parus, et que j’ai vu Yoda et Dark Vador s’affronter, je l’avoue, j’ai pleuré. De douleur.
WHAT’S WITHIN YOUR SOUL ?
Si chaque SoulCalibur a apporté sa pierre à une histoire globale particulièrement vaste, cet épisode met ladite histoire sur pause, ou peu s’en faut.
Siegfried, garant du Bien et possesseur de la fabuleuse épée Soul Edge, et Nightmare, son pendant maléfique armé de la démoniaque lame SoulCalibur, ont relâché la puissance respective de leurs armes. Le cataclysme qui s’en est suivi a donné naissance à une entité surpuissante qui menace de causer la destruction de l’univers, ou un truc du genre. En gros, ça va chier sévère.
TON CAMP TU DEVRAS CHOISIR
SoulCalibur IV est, comme ses prédécesseurs, un beat ‘em up en 3D, qui se démarque globalement de la concurrence (bah à part Toshinden, je vois pas) par le fait que tous les combattants sont équipés d’armes blanches.
On va déjà commencer par faire le tour du proprio. A l’écran-titre, si vous appuyez sur Start ou A vous atterrissez sur le menu principal. Celui-ci vous propose les choix suivants : les modes solo vous entraînent vers les modes de jeu qui se jouent seul (sans dec’ ?), les modes versus vous proposent de jouer à deux (sans dec’ ?), le X-Box Live vous permet de jouer sur le Live (sans dec’ ?), le mode Création de Personnage vous permet de créer votre personnage (sans dec’ ?), le musée donne accès aux divers trucs que vous avez gagnés et que vous voudrez sans aucun doute revoir (c’est aussi là que vous achèterez des persos, des stages, des armes ou des pièces d’équipement), et les options vous permettent d’accéder aux options du jeu (sans dec’ ?) : réglage de la manette, du volume sonore… Bref, vous constatez que tout cela est fort explicite.
Pour plus de précision, les modes à plusieurs (versus ou Live) vous proposent des face-à-face standards ou spéciaux, les deuxièmes permettant d’utiliser les personnages que vous aurez créés dans le mode éponyme.
Le mode en question vous donne l’âme d’un artiste. Mais pas seulement. Car non seulement vous définirez le sexe, la couleur, la tenue vestimentaire ou les caractéristiques de votre héros, mais en plus, selon ce que vous lui mettrez sur le dos, vous ferez évoluer ses caractéristiques (force, endurance, précision et j’en passe un paquet) en bien ou en mal. Vous pouvez d’ailleurs équiper des pièces d’armure ou des armes débloquées dans les modes solo.
Ces modes solo (je suis balèze dans mes transitions aujourd’hui) sont quatre : l’entraînement se passe de commentaires, par contre les trois autres en nécessitent un peu.
Le mode histoire est assez court puisqu’il vous fait affronter une petite dizaine de combattants. Vous pouvez utiliser les personnages standards ou créés, et c’est là que vous débloquerez certains personnages. Vous gagnerez également de l’argent et des pièces d’équipement.
Le mode arcade est le grand classique, vous faisant affronter huit combattants à la suite, jusqu’au boss final. Vous gagnerez des points selon votre manière de jouer, et pourrez ensuite publier votre classement en ligne pour vous la péter.
Le mode tour des âmes perdues enfin, est un double mode se jouant sur soixante étages de combats contre un ou plusieurs ennemis à la suite. Si vous choisissez de monter, vous participerez à trois combats par étage et devrez à chaque fois battre un boss, parfois boosté (genre un qui vous empoisonne s’il vous touche, un qui est plus rapide que la moyenne ou encore un qui ne peut être vaincu que par des coups aériens). Si vous choisissez de descendre, c’est à un mode survival que vous participerez : il s’agit de vaincre le plus d’ennemis possible avec une seule jauge de vie. Quoi qu’il en soit, vous pourrez à chaque fois gagner de l’argent et des équipements.
Un dernier mot sur le Live enfin. Outre les combats all around the world et la possibilité de publier votre classement, vous pourrez également débloquer quelques succès (les titres honorifiques, achievements outre-Atlantique, que vous collectionnez dans chaque jeu X-Box 360 et qui, ici, débloquent de nouveaux équipements).
AVEC TOI LA FORCE EST
Si le nombre de personnages au départ est assez faible, vous en débloquerez pas mal en les achetant ou en les battant en mode Histoire. Voici une liste je pense exhaustive (SE=Soul Edge, SC=Soul Calibur) :
Algol (à vaincre) le boss final
Amy (à acheter) la sœur de Rafael dans SC3
Angol Fear (à vaincre) messagère du cosmos
l’Apprenti (à vaincre) un bad guy Sith
Ashlotte (à vaincre) l’ennemie d’Astaroth
Astaroth (de base) le gros balèze de SC1
Cassandra (de base) la guerrière de SC2
Cervantes (à acheter) le pirate de SE
Dark Vador (XBL) notre grand bad guy chéri
Hilde (de base) la pucelle version allemande
Ivy (de base) la dominatrice de SC1
Kamikirimusi (à vaincre) une succube infante
Kilik (de base) l’homme au gros bâton de SC1
Lizardman (à acheter) l’homme-lézard de SC1
Maxi (de base) l’homme au nunchuk de SC1
Mitsurugi (de base) le ronin barbu de SE
Nightmare (de base) le bad boy de SC1
Raphael (de base) l’escrimeur de SC2
Rock (à acheter) le barbare de SE
Setsuka (à acheter) la geisha de SC3
Seung Mina (à acheter) la lancière de SE
Sheherazade (à vaincre) une sorte d’elfette
Shura (à vaincre) une tueuse vêtue de noir
Siegfried (de base) le chevalier de SE
Sophitia (à acheter) la grecque de SE
Taki (de base) la ninjette de SE
Talim (à acheter) la prêtresse de SC2
Tira (de base) la psycho à la roue de SC3
Voldo (de base) le truc bizarre de SE
Xianghua (de base) la chinoise de SE
Yoda (de base) le petit vert de Star Wars
Yoshimitsu (à acheter) le samouraï de SE
Yunsung (à acheter) le garde chinois de SC2
Zasalamel (à acheter) le faucheur de SC3
Il semblerait que l’on puisse aussi créer des anciens personnages via le menu de Création, mais c’est une info à prendre avec des pincettes.
Pour le reste, SoulCalibur IV ne change pas des masses vis-à-vis de ses prédécesseurs. Il s’agit de combats en deux rounds gagnants, chronométrés. Chaque personnage dispose d’une jauge de vie, d’une jauge d’âme et d’une jauge de destruction (je reviens dans deux minutes sur les dernières). Vous battez l’adversaire en vidant sa jauge de vie, au chronomètre ou l’expulsant du ring.
Vous disposez d’un bouton de coup de pied, un de coup à l’arme vertical et un à l’arme horizontal, plus un bouton de garde (vous pouvez sauter en appuyant sur haut plus garde). Il y a tout un tas de variantes possibles (dont les chopes) en appuyant sur plusieurs boutons et/ou directions. Notez que vous pouvez toujours tourner autour de l’adversaire, rouler au sol si vous êtes tombé et contrer une attaque par un Guard Impact (avant plus garde au moment où l’attaque vous touche) pour devenir prioritaire sur la prochaine attaque.
La jauge d’âme (ça y est : deux minutes !) se remplit lorsque vous attaquez et se vide lorsque vous gardez. En état critique, vous devenez vulnérable à une attaque brise-garde (un coup qui est fait pour casser la garde comme son nom l’indique).
Vous pouvez aussi vous faire détruire votre équipement si vous encaissez un coup destiné à cela. Cela fait décroître la jauge de destruction et, lorsqu’elle est vide, vous ne bénéficiez plus d’aucun des bonus conférés par ces équipements.
Enfin, lorsque vous parvenez à déclencher une attaque brise-garde, vous pouvez l’enchaîner avec une attaque spéciale appelée KO critique : vous tuez alors l’adversaire, quel que fut l’état de sa jauge de vie avant l’attaque !
Quoi, vous en voulez encore ? OK. Les personnages issus de Star Wars (Yoda, Vader et l’Apprenti) ont une jauge supplémentaire : la jauge de Force. Comme son nom l’indique, elle permet d’utiliser les pouvoirs de la Force (par exemple, Yoda use de télékinésie et l’Apprenti déclenche un coup explosif au sol, entre autres), ce qui en consomme une partie. Néanmoins, elle se recharge au fur et à mesure que le temps passe.
QU’IMPORTE LE FLACON POURVU QUE L’ON SOIT SOUL !
Si le scénario de cet épisode est décevant, principalement par le fait qu’il ne creuse pas assez la personnalité des combattants, nouveaux ou anciens, son ambiance cataclysmique est plutôt originale.
Séduisant également est le visuel du jeu (fichtre, je me yoda-ise !). Les graphismes en 3D HD en mettent plein la vue. Globalement, ce n’est pas tant la qualité de la 3D qui impressionne - les premiers Soul étaient déjà très satisfaisants sur ce point - mais plutôt la fluidité des animations, la surenchère d’effets lumineux et bien entendu l’absence de crénelage ou de scintillements, encore heureux pour de la next gen. Même sur un écran à l’ancienne le jeu ne rend pas trop mal. Après on pourra toujours renâcler sur le parti pris graphique un peu ridicule, notamment les héroïnes à la Dead or Alive qui prennent un tour de bonnet en plus à chaque épisode.
La bande-son est toujours très agréable à l’oreille, chaque décor dispose de son ou ses thèmes et tous sont à la fois énergiques et reposants, ben si, la preuve que c’est possible.
Niveau jouabilité, que du - très - bon. Soul4 continue dans la tradition des jeux accessibles aux néophytes mais très techniques pour qui veut s’y investir. Pas mal de défauts des précédents opus (et notamment le déséquilibre hallucinant du roster du dernier épisode) ont été gommés, et le système de KO critique donne enfin la part belle aux cogneurs, jusque là désavantagés face aux campeurs.
La difficulté est par contre assez élevée et le niveau n’est pas réglable. Il faudra donc un certain nombre d’heures d’entraînement pour les débutants, et une petite acclimatation au pad 360 pour les autres, avant de commencer à se sentir à l’aise dans le jeu. N’ayant pas d’accès au oueb chez moi, je ne saurais par contre me prononcer sur les niveaux des joueurs que l’on peut rencontrer sur le Live.
Enfin, la durée de vie pourra en décevoir certains. Ainsi il manque un mode campagne comme dans les précédents opus, et il n’est pas compensé par les autres modes pourtant foisonnants. Mais ne nous plaignons pas, seul ou à plusieurs vous vous amuserez un bon moment sur cette galette prestigieuse.
Du coup le moral des fans peut remonter en flèche, Namco n’a pas laissé sa franchise en friche et, s’il n’égalera jamais l’aura mythique du premier opus, Soul 4 est un très bon cru.