Qui n’a jamais rêvé de se balader dans un Paris futuriste, oui j’ai bien dit Paris, pas New York, LA, Londres mais bien Paris à la sauce cyberpunk ? Chose assez rare pour le souligner, c’est ce que nous propose le studio Dontnod pour son premier « gros jeu », intitulé Remember me, un jeu en ligne droit, orienté action qui malheuresement ne tient pas toutes ses promesses.
Remember me est un projet de longue haleine, lancé en 2008, avec la participation au scénario de l’écrivain de SF Alain Damasio, annulé, puis repris par Capcom, il fait partie de ces jeux qui auraient pu ne jamais voir le jour mais qui ont résisté, non sans dommages qui se ressentent bien des niveaux. Dans ce jeu, on incarne une jeune femme, Nilin, à la peau mate et aux tâches de rousseurs des plus charmantes qui s’avère être une ancienne chasseuse de prime, arrêtée par la police et à qui on a lavé la cervelle et qui va se lancer à la recherche de son passé. La mémoire, les souvenirs voilà sur quoi se base tout l’univers du jeu. La mémoire est une ressources, comme l’or ou l’argent. La société Memorize a la main mise dessus, la contrôle, la modifie, l’efface, grâce un un système nommé Sensen. Tout ceci avait pour but de soulager la population mais cela a mal tourné. Certains sont devenus accros, ont parfois muté à cause de ces injections de faux-souvenirs et errent dans les rues de Néo-Paris, tel des zombis assoiffés de sang. Un univers passionnant, malsain, voilà ce que nous évoque ce bref résumé, mais qu’en est-il du système de jeu ?
Remember me, faute de moyen ou volonté de ne pas trop s’égarer, se résume par une ligne droite, entrecoupée de combats façon Batman Arkham series, de phases d’escalades à la Uncharted et d’un soupçon d’énigmes des plus intéressantes. Un coktail mitigé vous l’aurez compris mais qui n’est pas sans intérêt.
Parlons du gameplay, aussi riche qu’assisté, celui-ci s’articule entre des phases de combats punchies et des séquences plateformes plus que facile. On s’éclatera dans des combats riches et nerveux grâce au système d’édition de combos poussés, s’articulant sur deux boutons et différents type d’attaques: coups violents, coups régénérants, coups « chains » (permettant de répéter un mouvement, ou de décupler la puissance d’un combo), coups permettant de raccourcir le temps de recharges des attaques spéciales (des supers pouvoirs très vastes que je ne spoilerais pas). Vous pourrez ainsi varier les effets au sein d’un même combos pour vous sortir d’affrontements parfois compliqués. De plus, Nilin acquièrera ( un peu à la Megaman) en combattant des boss de qualité, de nouvelles armes qui enrichiront un peu plus les combats et l’intéraction avec le décor, pour d’éventuelles énigmes sur lesquelles je reviendrais. A côté des fights, il y a ces séquences plateformes, trop simples, trop dirigistes, mais qu’on pardonne à moitié puisque même les canons du genre ne propose plus aucun challenge de ce côté, il n’empêche que tout cela n’est guère folichon.
Ces phases actions-plateformes s’entrecoupent de quelques énigmes qui parfois vous feront intéragir avec le décor (déplacer un objet, activer un levier) mais qui parfois vous emmèneront dans la tête d’autres personnages grâce au système totalement inédit du Memory Remix où vous devrez modifier les souvenirs d’une personne. On visionne d’abord la séquence de souvenirs, comme une cinématique, qu’il faudra ensuite rembobiner pour y déceler les éléments clés (éléments de décors) qui apparaîtront en surbrillances et qui seront susceptibles de changer le cours des évènements. Il ne s’agira bien sûr pas d’intéragir avec tous les éléments et des échecs sont à prévoir avant de trouver la bonne combinaison. Très innovantes, ces énigmes seront peu nombreuses et arriveront même à tourner un peu en rond…sans mauvais jeu de mot.
Après vous avoir décortiqué le gameplay, j’aimerais revenir sur la forme, le déroulement du jeu extrêmement frustrant. Ce jeu est une ligne droite, très étroite, aucuns chemins annexes, si ce n’est quelques endroits secrets où l’on pourra récupérer certains items cachés. Il nous arrive même de sauter vers une plateforme qui nous semble accessible et de mourir car les développeurs n’avaient pas prévu que le joueur lambda est de nature curieuse. Ce choix est d’autant plus déroutant que les décors sont pour la plupart magnifiques (bien que finalement peu variés ou trop sombres), à tel point que l’on aimerait s’y promener librement. Au lieu de cela, Dontnod studio nous proposera une exploration plus intimiste où il faudra scruter chaque décor (jeux d’ombres et de lumières, spot publicitaires, tags, pancartes, logos, journal Télé etc) pour se rendre compte du travail fournis sur l’univers qui est plus qu’impressionnant. Notons aussi l’excellence de la bande-son qui est le signe de tout jeu à l’univers soigné.
Pour conclure, Remember me, le premier jeu de Dontnod n’est pas un coup de maître, là où il aurait pu s’imposer comme une référence à bien des niveaux, il ne fait qu’effleurer le génie sans jamais l’atteindre faute de liberté et de profondeur. Il n’en reste pas moins un jeu prenant, dynamique, et qui se suit comme un bon film de SF.