Au bout d’un moment les Lapins Crétins ils sont bien sympas, mais ils sont un peu lourds. Ils ont même éclipsé leur adversaire originel, le brave Rayman, icône du jeu de plate-forme depuis le milieu des années 90. C’est sans doute le constat qu’a dû tirer Michel Ancel, le créateur des deux franchises, constat qui l’a poussé à développer Rayman Origins. Rayman Origins, ça a la saveur de l’épisode fondateur, ça vous ramène quinze ans en arrière, et en même temps ça a la fraîcheur des années 2010. Démonstration.
RAYMAN CONTRE LES VOISINS CRETINS
Rayman et ses amis Globox et les Ptizetres paressaient benoîtement à la Croisée des Rêves, sous la bienveillance de Polokus et sur les branches de l’Arbre Ronfleur. Mais justement, les ronflements de nos amis sont particulièrement sonores et s’entendent jusque dans la lugubre Lande des Esprits Frappés, où ils dérangent une petite vieille, acariâtre comme seul un vieux peut l’être. La hourie sonne alors l’hallali et tous les cauchemars de Polokus (les Darktoons en tête) envahissent la Croisée des Rêves. Rayman et ses amis vont devoir parcourir tous les mondes de la Croisée des Rêves, délivrer les fées kidnappées par les Darktoons et mettre la main sur les dents noires de la Mort (qui ici aussi est un mâle) pour se rendre sur la Lande des Esprits Frappés et sauver Polokus.
TONIC TROUBLE
Rayman Origins est un jeu de plates-formes en deux dimensions, vu de profil comme l’épisode fondateur. Il est jouable jusqu’à quatre, chacun des participants dirigeant au choix Rayman, Globox ou l’un des Ptizetres, plusieurs coloris étant à débloquer au fur et à mesure sur l’Arbre Ronfleur.
Le titre propose dix mondes constitués chacun d’une demi-douzaine de niveaux (entre quatre et sept en fait, pour un total de cinquante-deux), le dernier niveau de chaque monde représentant soit une séquence de shoot’em up à dos de Mosquito le moustique géant, soit le combat contre un boss. En outre, vous pourrez débloquer dans chaque monde un stage de course-poursuite. Ce n’est qu’en triomphant de ce dernier que vous récupèrerez les dents de la Mort et que vous libèrerez l’accès à l’ultime monde / niveau, la Lande des Esprits Frappés.
Les autres mondes ont chacun leur thème : la Jungle à Bafouilles affiche une flore luxuriante, le Désert des Didgéridoos n’est qu’une vaste étendue de sable parsemée d’instruments de musique géants, la Terre Gourmande représente un monde gelé plein d’agrumes et de coupes glacées, etc. Outre les quelques ennemis spécifiques à chaque monde, le gros de l’opposition se borne aux Darktoons, des espèces de bulles noires polymorphes et dotées de grandes dents, et aux Coffrapattes qui renferment les fées kidnappées et les dents de la Mort.
Le gameplay est relativement simple : vous disposez du stick gauche pour vous mouvoir et de deux boutons, l’un pour sauter et l’autre pour frapper. En enchaînant les coups, vous pouvez réaliser une grosse baffe qui, non seulement blesse l’adversaire, mais le projette également au loin. Vous pouvez aussi courir en maintenant la gâchette gauche enfoncée tout en vous déplaçant. A mesure que vous délivrez les fées, vous obtenez de nouvelles capacités, comme par exemple planer après un saut. Notez que si le jeu collaboratif existe et est même fortement recommandé, les interactions entre les personnages sont minimes : on peut se baffer mutuellement (sans que cela n’influe sur la santé du personnage heureusement) et, si l’un des personnages meurt, il se transforme en anneau que son complice peut attraper pour le rendre à la vie. Enfin, les séquences de shoot’em up proposent une autre maniabilité, on s’en serait douté. Le stick permet de se déplacer sur toute la surface de l’écran et les boutons A et X, respectivement de tirer sur l’adversaire ou de l’aspirer pour le projeter ensuite sur un de ses comparses.
Chemin faisant, Rayman et ses amis trouveront de nombreux bonus. Des fioles permettant d’obtenir un cœur, pour commencer. Le cœur sert un peu de bouclier : si vous vous faites toucher, vous ne perdez que le cœur, tandis que si vous n’en avez plus, le moindre contact sera fatal. Vous trouverez ensuite des Lums, voire des Lums géants (dix Lums), voire même des Lums brillants qui transforment les Lums en Lums rouges pour une courte période. Toutes ces bestioles équivalent aux pièces de Mario, et elles sont cumulées en fin de niveau. Vous gagnez un, deux ou trois médaillons selon le nombre de Lums ramassés. Enfin, vous pourrez trouver dans des endroits souvent bien cachés, des cages gardées par des monstres. Une fois les monstres vaincus et les cages brisées, vous libèrerez les Electoons, ce qui vous rapportera là encore un médaillon. Tous ces médaillons permettent de débloquer l’accès aux niveaux de course-poursuite avec les Coffrapattes.
BEYOND GOOD AND EVIL
Il est tellement plaisant de retrouver Rayman et tous ses amis ou presque, surtout dans un jeu qui fleure bon les anciens jours, ceux des débuts de la franchise. Bien entendu, on se dit que si Michel Ancel a eu l’idée de ce Rayman Origins, c’est qu’il n’a pu que constater le succès incroyable de New Super Mario Bros. Wii et l’engouement suscité aussi bien au niveau des anciens joueurs encore friands de 2D que des nouveaux venus amateurs d’univers joyeux et colorés.
Mais loin de n’être qu’un plagiat assumé, le travail de la toute petite équipe (cinq personnes d’après la légende) montpelliéraine est avant tout une vitrine pour leur nouvel outil de développement, le fameux UbiArt Framework. Le middleware est capable de gérer des personnages et décors en deux dimensions avec différents effets de profondeur et une résolution en 1080p à 60 fps, quand bien même la Xbox 360 n’est pas capable d’en restituer autant (encore que, je m’avancerai pas trop parce que je crois que les derniers modèles sont Full HD).
Outre l’aspect purement technique et finalement assez secondaire, c’est un monde coloré, vivant et bordélique qui s’ouvre à nous, où l’on rebondit sur des tam-tam géants dans le désert pour éviter de se faire électrocuter, où l’on marche sur des ombrelles volantes pour ne pas se faire bouffer par les piranhas des mers polaires… Un univers décalé et une fois encore parfaitement maîtrisé, qui ressemble à un vrai dessin animé interactif et s’accompagne d’une bande-son calibrée sur mesure.
C’est donc très beau et, cerise sur le gâteau, c’est aussi très agréable à jouer. Les personnages répondent à la perfection et, si le gameplay n’atteint pas la profondeur d’un New Super Mario Bros. Wii servant de mètre-étalon, le level-design malin et la durée de vie plus que raisonnable assurent la pérennité du titre.
Dire qu’il devait sortir de manière épisodique ! Il aurait été difficile d’attendre mois après mois le nouveau contenu. Ici au moins, le joueur pourra se rassasier en attendant, peut-être, un Rayman Origins 2.