Deux années ont passé depuis l’attaque massive des Geth sur la Citadelle. Alors que la communauté galactique est en plein effort de reconstruction, une rumeur se fait de plus en plus insistante : les vaisseaux doués de conscience, responsables de l’éradication de toute vie il y a 50 000 ans, seraient de retour. Officiellement, l’attaque de la Citadelle était l’œuvre de Saren Arterius, un Spectre renégat. C’est ce que veut bien croire la majorité, mais un petit nombre connaît la vérité…
Deuxième épisode de cette trilogie, cet opus de Mass Effect étonne par la nouvelle voie empruntée par BioWare. Le jeu garde heureusement son background et son univers très recherché, mais devient beaucoup plus axé action et grand public. Du bon et du moins bon donc, au menu de cette suite qui va certainement décevoir quelques fans.
Si Mass Effect 2 ne tient pas toutes ses promesses, il faut bien avouer que la scène d’introduction est absolument bluffante. Le Normandy (votre vaisseau) est attaqué par un croiseur inconnu et votre première mission consistera à sauver votre peau et celle du pilote Joker. Une séquence remarquablement bien mise en scène, au final émouvant, qui vous met tout de suite dans le bain.
Il vous sera ensuite possible de choisir votre classe de personnage ainsi que la morphologie et le sexe de votre commandant Shepard, grâce à un éditeur de personnages classique mais efficace. Pour ceux qui ont gardé leur sauvegarde du premier épisode, il est tout de même possible de changer l’apparence et la classe de votre héros. Car oui, il est possible (et même recommandé !) de charger la sauvegarde de fin de Mass Effect dans sa suite ; vous aurez alors un petit récapitulatif des quelques choix d’importance que vous aviez faits et de nombreux petits clin d’œil tout au long de l’aventure. Sinon, il vous sera demandé de choisir si tel ou tel personnage est mort ou si le conseil a survécu, par exemple.
Une fois votre Shepard « reconstruit », la station sur laquelle vous vous trouvez sera attaquée et vous devrez alors vous sauver en dézinguant à peu près tout ce qui bouge. Une bonne occasion de voir comment le système de combat a évolué et les nouvelles possibilités offertes par celui-ci. Première bonne surprise, les gunfights sont beaucoup plus dynamiques qu’avant et, sans atteindre les meilleurs TPS du genre, les combats sont très plaisants. Il vous est donc toujours possible de vous mettre à couvert, de courir, de changer d’arme à la volée ou de lancer divers sorts biotiques ou technologiques dévastateurs, ainsi que de mettre le jeu en pause en affichant la roue des pouvoirs. Il est tout de même utile de souligner que le temps d’attente après l’utilisation des pouvoirs est maintenant global. Je m’explique : avant, lors de l’utilisation d’une compétence, il fallait attendre quelques secondes pour la réutiliser mais les autres restaient accessibles tout de suite ; maintenant il faudra attendre quelques secondes pour utiliser n’importe quel autre pouvoir de votre personnage. Assez déroutant au début, on se rend compte très vite que cela apporte un petit côté plus stratégique à l’utilisation de vos sorts et rend le jeu, du coup, plus difficile. Par contre la disparition pure et simple de la position accroupie est complètement crétine (j’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi BioWare a supprimé cela), de même que l’adoption d’un système de munitions à récupérer (en fait des recharges pour cartouches thermiques) au lieu de celui de surchauffe des armes du 1er épisode, ce qui rend l’utilisation de celles-ci quelque peu contraignante. On finit donc souvent par jongler avec nos différentes armes quand on ne se retrouve pas tout simplement à sec. La localisation des dégâts est par contre une excellente chose qui apporte vraiment un plus, pour faire tomber un ennemi se rapprochant de vous un peu trop vite ou pour en désarmer un autre quelques instants.
La rencontre de vos premiers coéquipiers vous permet de mieux comprendre ce qu’il se passe, et d’apprendre que vous allez devoir faire confiance à une organisation secrète que vous aviez combattue lors de la lutte contre Saren, Cerberus.
Après toutes ces émotions, le jeu vous laisse un peu respirer. Vous voilà alors sur une des base de Cerberus ou vous allez faire la connaissance de votre mécène, un mystérieux personnage du nom de « l’homme trouble ». Niveau originalité on repassera, car ce personnage est une véritable caricature (qui a dit X-files ?) que j’ai trouvé personnellement peu crédible. C’est donc lui qui va maintenant vous donner vos ordres de mission et les informations capitales dont vous aurez besoin pour, de nouveau, sauver la Galaxie.
Ce passage est un bon moyen de discuter avec vos nouveaux « amis » et de constater que le système de dialogue, déjà excellent dans Mass Effect, est encore plus réussi ici. C’est la deuxième bonne surprise de cette suite ; les conversations sont encore une fois d’une fluidité à toute épreuve, grâce à l’apparition de vos réponses avant même que votre interlocuteur ait fini son speech. Vous avez donc toujours la possibilité d’utiliser les options du haut pour faire le gentil (conciliation permettant de prendre des décisions altruistes), ou celle du bas pour être un vrai salaud (pragmatique avec un point de vue hostile et agressif). Afin d’approfondir la conversation et d’apprendre nombre de choses sur vos personnages ou l’univers du jeu, vous devrez dans ce cas utiliser les options de dialogue de gauche. Mais la vraie nouveauté c’est le système d’interruption, qui rend certaines scènes beaucoup plus interactives. En effet, lorsqu’une situation ne semble pas pouvoir être résolue avec la parole, un symbole apparaîtra et vous aurez le choix d’interrompre (ou non) la conversation, de manière conciliatrice ou pragmatique. Un ennemi qui ne veut pas se ranger dans votre camp, eh hop : par la fenêtre, ou un garde un peu trop buté qui ne fera plus le fier une fois intimidé ; une idée vraiment géniale.
Mais c’est aussi à ce moment-là que l’on se rend compte que l’inventaire a disparu. Alors oui, c’est vrai que l’inventaire était bordélique dans le premier épisode ; mais pourquoi l’avoir remplacé par une sélection d’armes et d’armures (enfin une armure, mais personnalisable) que l’on choisit avant le début d’une mission ? En effet, une fois vos armes choisies, il vous sera impossible d’en changer tout du long de votre mission en cours (sauf à de rares moments, avant un boss par exemple). Encore un choix étonnant de la part du studio canadien, qui réduit un peu plus l’aspect RPG de cette suite. Les armes sont ceci dit bien plus diverses au niveau du design, mais moins nombreuses ; comptez deux ou trois armes par catégorie, pas plus (je ne parle pas des armes et armures comprises dans les contenus téléchargeables, qui n’apportent pas grand-chose et qui, de plus, vous obligent à être connecté à internet !). L’apparition d’armes lourdes vous offre la possibilité de faire le ménage lors de combats qui semblent perdus d’avance, mais bien que nombreuses, celle-ci demandent d’être utilisées de façon minutieuse car leurs munitions sont assez rares.
Une fois cette escale sur la base de Cerberus passée, vous pourrez vous balader librement dans la Galaxie et explorer les nombreux mondes disponibles sur la carte.
Parlons à présent un peu technique. Graphiquement, le jeu est toujours aussi beau et semble même un peu plus fin. Mais surtout il est beaucoup mieux optimisé que son prédécesseur ; vous pouvez oublier l’apparition aléatoire des textures qui gâchait un peu tout dans le premier Mass Effect. Les chargements cachés (les interminables montées et descentes en ascenseur) ont également disparu pour faire place à de véritables chargements qui, pour le coup, cassent un peu le rythme. Les différents mondes que vous pourrez explorer (enfin « explorer » est un bien grand mot, mais je vais y revenir) sont certes moins nombreux mais bien mieux réalisées, avec un vrai charme et un véritable soin du détail pour chacun. Vous pouvez donc aussi oublier les fastidieuses phases avec le Mako dans des mondes plus vides les uns que les autres, ainsi que ces bases qui se ressemblaient toutes.
Au niveau sonore le jeu est également très agréable, avec de très bonnes musiques et bruitages ainsi que des voix françaises tout à fait correctes. Mais rien ne vaut les voix originales, composées d’un casting fantastique et vraiment superbes. Tout ceci est assez fluide et c’est un pur plaisir de découvrir de nouveaux mondes.
Bien, maintenant on va attaquer la partie RPG et exploration de ce Mass Effect 2 et c’est là, malheureusement, que tout part en sucette et que le jeu va décevoir beaucoup de personnes.
Pour commencer, parlons de l’exploration des stations et planètes durant votre quête. Les différents mondes que vous croiserez ne sont en général que de longs couloirs, scriptés à mort, où il est impossible de s’écarter du chemin balisé. En gros vous avez une zone avec plein d’ennemis à dessouder, puis un couloir, et encore une zone avec plein d’ennemis, etc. On peut dire que le jeu devient très vite répétitif et, même si certains mondes sont absolument magnifiques, il est regrettable de voir que le côté exploration est presque complètement passé à la trappe. De même pour les stations spatiales, qui ne sont que de simple mini-zones suivies d’autres mini-zones. Le plus déroutant reste certainement la Citadelle et, plus particulièrement, le Présidium, qui n’est plus qu’une vaste blague. Le Mako a quant à lui complètement disparu, mais a été remplacé par quelque chose d’encore plus chiant (sisi c’est possible !), le scan de planète. Et là je peux vous dire que j’ai rarement vu un truc aussi rébarbatif et inintéressant dans un jeu ! Car pour finir le jeu correctement, il vous faudra amasser un certain nombre de ressources (iridium, palladium, platine et élément zéro) afin d’améliorer votre équipement et votre vaisseau, et que vous trouverez en scannant des planètes. Vous avez donc un petit réticule à déplacer tout le long de la planète (et pas une partie, mais bien toute la planète !) et un indicateur juste à côté vous renseignant sur la localisation et l’abondance des minerais présents. Tout simplement atroce !!
Le côté RPG, lui, n’est quasiment plus présent, avec une monté de niveaux qui se fait uniquement via l’expérience reçue en fin de niveau (avec de magnifiques tableaux de fin de stages, encore une blague !). Eh oui, plus d’expérience lors des combats ou lors de certains dialogues, mais seulement lors de la fin de la mission, à de rares exceptions près. Je ne parle même pas de l’arbre de compétence, ridicule (mis à part peut-être la classe de personnage biotique, et encore), ni du commerce qui, lui aussi, est passé à la trappe. Bah oui : plus d’inventaire, plus d’objets à vendre.
Bref, pour les gens qui, comme moi, s’attendaient à jouer à un RPG, c’est la grosse désillusion.
Du point de vue du scénario, là encore tout n’est pas rose, et j’ai du mal à comprendre certaines personnes qui ce sont extasiées devant la trame de cette suite. On a l’impression d’avoir une sorte de mélange entre Matrix et Terminator avec une fin - et surtout un boss de fin - en carton. Pour ceux ayant fini le premier opus c’est une nouvelle déception, qui s’explique peut-être par le changement de scénariste. En gros vous recrutez votre équipe, vous dessoudez tout le monde et hop ! c’est fini (bon j’avoue, je caricature, mais le scénario manque cruellement de profondeur). Heureusement l’univers de Mass Effect est toujours présent et vos compagnons sont pour la plupart très charismatiques. Certaines quêtes annexes sont vraiment sympa à faire et le Codex est toujours une formidable source d’informations sur la Galaxie, ses planètes, ses races, ses religions, etc.
Graphismes : 4/5
Plus fins et surtout sans apparition tardive de textures, cette suite propose des graphismes de qualité, avec des mondes très bien réalisés et très divers.
Animation : 4/5
Guère de soucis à ce niveau-là, le jeu reste assez fluide sans trop de ralentissements.
Gameplay : 4/5
Les combats en temps réel sont bien plus dynamiques et offrent plus de possibilités que dans le premier épisode. L’interface n’a que très peu changé, si ce n’est le reste d’inventaire qui se trouve maintenant dans le vaisseau.
Bande-son : 5/5
Encore une fois magnifique, de très bonnes musiques et des voix très réussies (surtout en VO).
Durée de vie : 3/5
Le scénario principal semble encore plus court que dans le premier opus, et le nombre de quêtes annexes, bien que dans l’ensemble plus intéressantes, est moins important.
Pour finir, ce Mass Effect 2 est loin d’être un mauvais jeu, bien au contraire, mais il va décevoir tout ceux qui s’attendaient à jouer à un grand jeu de rôle. La direction bien plus grand public de cette suite peut paraitre étrange venant de BioWare, et donne au final un bon jeu d’action/aventure à l’univers toujours aussi riche et travaillé. Il est juste dommage que de nombreuses choses aient été enlevées au lieu d’être améliorées. Espérons que le troisième volet soit moins axé action, et que l’on revienne à de l’exploration et à du vrai RPG.
15/20
Les jaquettes :
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Et une petite vidéo pour la route :