Duke Nukem Forever est un jeu vidéo Xbox 360 publié par 2K Gamesen 2011 .

  • 2011
  • First Person Shooter (FPS)

Test du jeu vidéo Duke Nukem Forever

3.5/5 — Très bien par

Duke Nukem Forever… légendaire vaporware qui aurait dû voir le jour il y a plus d’une dizaine d’années maintenant, qu’on annonçait sur Dreamcast et qui faisait parler de lui dans les pages de Joystick au côté du non moins maudit « Daykatana » il y a fort longtemps. Suite maudite du miraculeux Duke Nukem 3D, repoussé, annulé, ressuscité, aujourd’hui par chance 2K Games nous l’offre enfin concrétisé, comme si, après tant d’années à ne même plus espérer sa sortie, il avait été nécessaire de finalement donner un « good ending » à cette longue histoire absurde.

Pourtant des suites à Duke Nukem 3D, il y en a eu… et pas qu’une seule. Que ce soit Manhattan Project, Time to Kill, Zero Hour ou Land of the Babes, de nombreuses suites sympathiques faisant plutôt figure de spin-off ont vu le jour sans vraiment marquer les esprits. On pouvait en toute légitimité imaginer qu’il en serait de même pour Duke Nukem Forever, qu’il ne s’agirait que d’un reflet de l’épisode phare et qu’après un instant de gloire presque magique, la série allait être vouée à retomber dans les heures sombres de ses débuts… à savoir… un jeu sans véritable âme.

UN PEU D’HISTOIRE

Car oui, rappelons qu’avant « Duke Nukem 3D » il y a eu deux épisodes 2D plutôt malheureux. Jeux de plate-forme 2D sur ordi plutôt faibles et laids présentant un Duke kawai et souriant, sorte de sous Rad Gravity dont personne ne se souvient et que les joueurs du 3e opus culte préfèrent oublier. Duke Nukem n’a trouvé ses lettres de noblesse qu’en se refaisant une santé avec une voix mémorable (que l’on retrouve aujourd’hui avec joie) en s’inspirant allègrement du Ash de Evil Dead et de ses punch lines bien senties.

Bardé d’un cigare et de lunettes de soleil, le duc lâche son sourire Colgate imbécile pour sombrer dans une irrévérence certaine qui n’est pas sans rappeler la mutation que le petit écureuil Conker avait aussi effectué sur Bad Fur Day.

Alors Duke Nukem… produit d’un gros craquage de pile ? C’est fort probable, mais on l’aime tellement ainsi, notre gros redneck violent et limite anarchiste.

LE JEU

Fondamentalement, Duke Nukem Forever n’a pas énormément changé par rapport au 3D ; la transformation principale est la disparition du système de cartes colorées pour ouvrir des accès (le Duke se permettra d’ailleurs une vanne bien sentie à ce sujet). Nous progressons donc d’une façon plus linéaire et scriptée, inspirée des titres qui ont suivi le célèbre Half Life, délaissant les mécanismes périmés d’un Doom ou d’un Quake. Est-ce une bonne chose ? Peut-être pas puisque ce que le jeu gagne en fluidité, il le perd en exploration.

Les scènes scénarisées et les interactions avec les personnages sont pour leur part bienvenues car amusantes, mais sont aussi l’occasion de découvrir la laideur de la majorité des modèles… Duke Nukem Forever n’est pas une référence en termes graphiques, et c’est fort dommage considérant qu’avec de meilleurs textures et des standards plus modernes, il aurait pu concurrencer nombre de titres contemporains. On passe l’éponge en appréciant la foule de détails amusants et d’interactions géniales au sein des stages, quand bien même on en aurait apprécié plus encore ; mention spéciale au bar de Duke, stage démentiel dans lequel vous pourrez jouer à Shuffle Puck, au flipper, au billard, au basket et à toutes sortes de machines à sous, un gros délire qui, chaque fois qu’il pointe le bout de son nez, force le joueur à perdre du temps sur des idioties… mais qu’est-c’que c’est bon !

Au delà de ça, le jeu est un FPS somme toute assez dans la moyenne, parfois brillant par sa variété d’actions et de situations, parfois rébarbatif et longuet dans certains de ses stages les plus désagréables. On notera quelques maps excellentes, dont celle du village de cowboys (dont il existait déjà des screens pour la version Dreamcast il y a longtemps), mais aussi la présence de certains levels vraiment « chiants » (si vous me passez l’expression) qui nuisent à l’ensemble.

Ceci mis à part, Duke s’est vu octroyer quelques mises à jour pas toujours réussies, telles qu’une barre de vie à la sauce Halo qui se recharge après qu’il se soit planqué un instant. Le système brille par son inadaptation à l’action nerveuse du jeu, et on se demande parfois pourquoi les concepteurs ont fait ce choix malheureux au lieu de rester sur les bases d’un soft à l’ancienne ou de proposer quelque chose de vraiment MIEUX. On pourra booster la barre d’EGO (de vie) en effectuant diverses interactions plus ou moins marrantes avec les personnages et les décors, mais ceci reste anecdotique.

Autre mise à jour qui pourra être sujette à polémique, la possibilité de ne porter que deux armes. Si cela injecte une certaine forme de stratégie dans le jeu, le joueur étant contraint de sélectionner avec soin son équipement, cela engendre aussi une forme de frustration, d’autant plus que certaines armes sont très rares et qu’on préfèrera souvent les éviter pour rester sur des valeurs sûres, comme le RPG et la mitrailleuse.

On l’aura compris, l’influence des softs récents a plutôt tendance à plomber Duke Nukem Forever qu’à le tirer vers le haut. Il aurait été préférable d’opter pour un jeu véritablement « à l’ancienne » plutôt que de moderniser sans intelligence une franchise qui, pourtant, se devait de séduire les vieux joueurs. Mais qu’à cela ne tienne, on passe tout de même un bon moment avec le Duke.

UN HÉROS DE LÉGENDE, DES MOMENTS D’ANTHOLOGIE

Ce qui sauve vraiment les meubles, c’est la présence (évidemment) du Duke au sommet de sa forme. Après le retour manqué (pour cause de mort) de Michael Jackson, on n’peut pas nier que ça fait plaisir de voir le grand connard blond aux lunettes de soleil se ramener au top de sa forme, toujours aussi sévèrement burné et avec des punch lines cinglantes à la pelle. A noter que pour apprécier le talent de son vrai doubleur, il faudra switcher la console en anglais (dommage, mais pas dramatique) ; en VF vous aurez cependant droit au doubleur de Schwarzie, présent sur la série depuis Land of the Babes (pas mal non plus).

Contaminant l’intégralité du soft par sa seule présence, Duke conditionne ses items, ses armes et tout ce qui l’entoure. De la bière le rendant plus fort (et le faisant roter en combat) aux stéroïdes lui permettant d’exploser ses ennemis au corps à corps, en passant par les lunettes de soleil de vision nocturne (ironique) et les fameux holodukes, tout est signé, mais on regrettera l’absence : 1- des moon boots, 2- DU JET PACK !!!

Et alors là ça fait mal ! PAS DE JET PACK ?!!! DAMN !!!

Les armes, elles aussi, sont estampillées DUKE, bien que l’on regrettera un nombre discutable et le manque d’efficacité de certaines. Si les grenades à déclencheur sont toujours aussi jouissives et que le RPG s’est vu agrémenter de têtes chercheuses excellentes, la mitrailleuse et le fusil à pompe souffrent quant à eux d’une visée parfois approximative et d’un manque de punch. Le rétrécisseur est toujours excellent mais rare, le pistolaser des aliens assez anecdotique, le devastator rare, etc. etc. L’arsenal du Duke demeure malheureusement assez maigre, mais il est heureusement très explosif et polyvalent dans la plupart des situations.

Explosifs, c’est à peu prés l’adjectif le plus adapté pour qualifier les nombreux moments d’anthologie qui marquent le jeu. Difficile de décrire les suites d’évènements sans se bidonner quand, par exemple, Duke survole Las Vegas accroché au corps sans tête d’un ennemi doté d’un jet pack, ou traverse son casino en se servant des fesses d’une statue comme rampe au volant d’une voiture téléguidée, après avoir été miniaturisé et avoir roulé sur les pieds de porco-flics imprudents. Les situations cocasses s’enchaînent avec rapidité, au point qu’on regrette parfois que le jeu ne se calme pas 5 minutes. Il finira pourtant par le faire dans ses dernières heures, pour faire place à des stages plus posés agrémentés de combats particulièrement nerveux dédiés aux core gamers.

On rit beaucoup, que ce soit grâce à Duke lui-même ou aux situations variées et extrêmes qu’il traverse.

CÔTÉ TECHNIQUE

Du côté de la technique, comme nous l’avons déjà dit, le jeu ne brille pas par sa finition graphique. Sans être laid, Duke Nukem Forever n’est pas franchement beau, la faute à un vilain aliasing, à des textures parfois à la ramasse et à des modèles vulgaires, tout particulièrement ceux des humains (un comble dans un jeu où les belles filles devraient être légion).

Le jeu possède quelques jolis moments, notamment grâce à des effets de lumière réussis, mais il souffre vraiment d’une réalisation graphique inégale, peut-être du fait des nombreuses années de va-et-vient dans son développement.

Côté son, si les explosions et autres hurlements sont corrects, on ne note rien de « génial » ; certains cris de monstres se sont même appauvris par rapport à la version précédente (très dommage), il n’y a rien qui fasse vraiment froid dans le dos.

La musique est elle aussi en reste puisqu’il n’y en a généralement pas.

Le gameplay, lui, par contre, est clair, concis et efficace… tout ce qu’on demande à Duke en somme.

BON MAIS ALORS, C’EST COOL OU C’EST NAZE ?

Et bien que dire… Duke Nukem Forever n’est pas le jeu du siècle et les années d’attente n’ont pas été mises à profit pour construire un jeu exceptionnel. Il s’agit d’un bon jeu, drôle et inventif dans ses situations, doté d’un héros génial, d’une pincée d’armes marrantes, d’ennemis bien laids et d’une atmosphère unique. Irrévérencieux à souhait, second degré, bardé de référence, le soft offre aussi de vrais passages corsés pour les gamers qui aiment la castagne et une aventure somme toute palpitante que l’ont prend plaisir à dévorer d’un coup. Mais après tout ce temps, ça fait peu… non pas que le jeu soit en reste, mais il s’agit d’un jeu à la durée de vie « normale » et aux bonnes idées en nombre habituel ; pas d’un soft ayant profité d’autant d’années de développement pour s’autoriser des délires exceptionnels.

Évidemment ça n’a jamais été promis dans le contrat, mais on est tout de même en droit de le regretter, car plus de 10 ans pour pondre un « bon » soft plutôt qu’un « légendaire » c’est quand même abusé.

Après, bon, ne boudons pas notre plaisir, Duke est là, en forme, poilant, plein d’interactivité démentielle et d’aliens canardeurs, plein de vannes irrévérencieuses et de filles dénudées, tout ce qu’il fallait à ses fans ; alors tant pis pour les autres qui ne l’apprécieront peut-être pas entièrement à sa juste valeur.

Duke Nukem Forever