Voici venir le test d’un jeu qui m’a réellement surpris à plus d’un titre, et m’a permis de survoler cette période morose de déceptions vidéoludiques (GoldenEye 007 ainsi que Le Pouvoir de la Force II) dans la joie. Développé par Vigil Games, une société nouvellement créée par Joe Madureira, un dessinateur de comics, et édité par THQ, sa date de sortie est le 6 janvier 2010.
L’APOCALYPSE EST ENFIN LÀ !!!
En des temps immémoriaux, la guerre opposant les cieux et les enfers ne cessait de faire rage entre les dieux et les démons, qui étaient à cette époque les deux seules races à se partager la planète. Pour mettre fin à ce conflit, le conseil - composé de trois anciens, des entités supérieures - envoya sa propre main armée, les quatre cavaliers de l’apocalypse. Leurs noms sont Mort (comme la Mort, celle avec une faux), Fureur, Discorde (celui-là c’est pas sûr, on n’en parle pas dans le jeu) et Guerre, le héros du jeu, mais on y reviendra après.
Les cavaliers se virent donc confier la mission de préserver l’équilibre entre les belligérants des cieux et ceux des enfers. Puis l’émergence de l’homme, plus faible que les démons et les anges mais également plus rusé, marqua le début de ce qui s’annonça comme une très grande trêve. Le conseil avait pu observer la race des hommes à l’œuvre, et vit immédiatement que cette dernière aurait un grand rôle à jouer dans le maintien de l’équilibre, qui restait toujours précaire. Il fut donc décidé que la guerre reprendrait quand les hommes seraient devenus suffisamment puissants pour être à l’égal des deux autres races ; alors la guerre reprendrait et la Terre échouerait au gagnant. Mais en attendant, les démons et les anges devaient laisser la planète aux mains des hommes, et on eut recours à sept sceaux pour isoler les antagonistes célestes et infernaux chez eux, en attendant le jour où ils seraient brisés, ce qui marquerait le début de la lutte ultime.
Le royaume des hommes se développa jusqu’à recouvrir la planète, et nous voici à notre époque, dans une ville ressemblant pas mal à New York, où une attaque de monstres met à mal les habitants du coin. C’est à ce moment que vous prenez le contrôle de Guerre, qui est taillé comme une armoire normande, pour commencer le combat. Très vite, vous remarquez qu’il se passe des choses louches ; car vous êtes le seul qui ait été appelé, vos potes (les autres cavaliers) sont introuvables et de plus, une rencontre avec un groupe d’anges vous fait craindre le pire : le septième sceau est encore intact, ce qui veut dire que non seulement vous n’avez rien à foutre ici, mais qu’en plus vous passez dorénavant pour un traître aux yeux du conseil.
En clair ça commence mal pour vous, et l’irruption d’un démon de taille gigantesque vous vaut de finir broyé entre ses mains. Un siècle plus tard, après vous être remis de toutes vos blessures, vous suppliez le conseil de vous donner une chance de trouver les vrais coupables et de venger votre honneur. Voilà pour la première heure de jeu, niveau scénario. Le reste vaut plus que largement le détour et évoque même parfois le premier Soul Reaver.
DU BOURRINAGE TOUT EN FINESSE
Le jeu apparaît de prime abord comme un beat ‘em all en 3D, avec une caméra à 360° et des graphismes assez moyens. On retrouve des grands classiques d’autres séries, comme les âmes vertes et bleues de God of War (obtenues en pourfendant des ennemis) ainsi que les QTE. Les techniques des armes s’achètent avec les âmes, et là on dirait Devil May Cry.
Mais au bout de trois heures de jeu, vous verrez bien plus de similitudes, en particulier avec la série des Zelda (la meilleure série de Nintendo, selon moi). Le jeu vous permet effectivement de résoudre des énigmes dans des donjons, pour débloquer des items qui vous permettront d’arriver jusqu’au boss de fin, et de débloquer une nouvelle zone une fois le donjon fini. Ces derniers sont d’ailleurs carrément bien fichus, et les énigmes sont d’une difficulté plus que satisfaisante ; comprenez que c’est pas comme GoW, où il n’est souvent besoin que de tirer un levier. On trouve également des gemmes de vie qui, une fois quatre réunies, permettent de constituer une pierre de vie. Si c’est pas une copie des fragments de cœur…
Mais maintenant qu’on a fini la description du gameplay, parlons du système de combat, des armes ainsi que de l’équipement dont pourra profiter Guerre durant sa quête.
Le système de combat est bien fait et ne dépaysera pas le fan de beat ‘em all « godofwaresque ». Cependant, ici les armes principales et secondaires n’utilisent qu’un seul bouton (en combinaison des gâchettes, par exemple). Pour vous la faire simple : il y a une touche pour les deux armes, et on peut passer de l’une à l’autre en appuyant simplement sur la touche servant aux attaques lourdes dans GoW. Cela permet d’assurer des bastons rapides et fluides et de changer de style d’arme rapidement pour s’adapter à l’adversaire. Plus votre compteur de combo sera élevé (plus on met de coups plus il monte, comme dans GoW) et plus vous récolterez d’âmes pour améliorer vos armes auprès du démon Vulgrim. Ce dernier vous demandera aussi de lui ramener des artefacts cachés de par le monde, pour vous les échanger contre des âmes. De plus, c’est chez lui que vous pourrez acheter de nouveaux sorts magiques, utiles sans plus. Il y en quatre en tout et le premier vous sera offert, mais pour le reste, je ne sais pas à quoi ils ressemblent ; je ne les ai jamais achetés (moi, c’est tout dans les armes !!). Guerre peut également se transformer en créature gigantesque une fois une certaine jauge remplie, ce qui lui permet de faire bien plus de dégâts et de mater les ennemis les plus gros.
En parlant de gros ennemis, les boss sont présents et il y en a de vraiment biens foutus, tous nécessitant une technique en rapport avec l’objet trouvé dans le donjon. Ils sont coriaces, surtout en mode Apocalypse, et exigeront de la patience comme dans tout épisode de Zelda. Je vous rassure : étant donné que nous sommes également dans un jeu d’action, on peut toujours contrer une attaque, esquiver, ou encore faire une prise à un adversaire. Mais le jeu va aussi plus loin et vous permet quelquefois d’emprunter les armes de vos opposants, ce qui fait basculer la vue avec une caméra se plaçant juste derrière Guerre et affichant un viseur, transformant le jeu en TPS (ce qui rappelle un peu Gears of War). Cette vue est même obligatoire pour l’utilisation de certains objets ; c’est pourquoi vous pourrez alterner entre les deux à volonté en cliquant sur le stick de droite. Il ne vous est cependant pas possible de continuer à mettre des coups avec vos armes blanches avec cette vue.
Passons aux armes de Guerre, voulez-vous ? L’arme principale du cavalier est une magnifique et très grande épée qui porte bien son nom, à savoir Dévoreuse de Chaos. Rapide, puissante et dotée d’enchaînements aériens excellents, c’est également l’arme qui peut posséder le plus de techniques au final, dont certaines rappellent grandement Devil May Cry. Les armes secondaires sont au nombre de deux, ce qui ne fait pas beaucoup mine de rien, et je n’en décrirai qu’une ici, à savoir le Gantelet Secousse. Celui-ci rappellera de bons souvenirs à tous ceux qui ont pu finir le premier segment portatif de GoW, à savoir Chains of Olympus, car c’est presque un copier-coller du Gantelet de Zeus, sauf que cette fois ça a de la patate. La meilleure attaque de cette arme consiste en Guerre s’avançant d’un bond pour coller une grosse patate à l’ennemi. Perso, j’adore… Sinon, Guerre aura plus tard accès à un superbe flingue du nom de Pitié, qui vous permettra de facilement retenir les indésirables à distance.
Il est aussi bon de savoir que les armes blanches de Guerre augmentent de niveau à force d’utilisation, pour un niveau maximum porté à 4. Certaines attaques nécessiteront par ailleurs d’avoir l’arme adéquate au niveau demandé pour pouvoir l’acquérir chez Vulgrim. De plus, il est possible d’enchâsser une rune dans une de vos armes pour accéder à des bonus comme « Augmente l’expérience des armes obtenues » ou bien encore « Augmente les dégâts des armes ». Ces runes sont au nombre de douze, et quatre d’entre elles sont des améliorations dites Légendaires, qui vous permettent de profiter de plusieurs bonus en même temps. Le système est simple et assez bien fait.
Pour ce qui est de l’équipement, notre cher cavalier aura accès à tout un tas d’objets sympathiques, quoique déjà vus dans d’autres jeux. La chaîne n’est ni plus ni moins que le grappin de la série des Zelda ; de la même manière, le shuriken boomerang n’est autre que le boomerang tel qu’il apparaît dans la même série, mais avec des capacités offensives cette fois-ci. Il y a aussi des repompes d’autres jeux, mais je ne vais pas vous gâcher le plaisir. Par la suite, vous mettrez la main sur le canasson de Guerre, car faut dire qu’un cavalier sans cheval, ça craint. Le nom du cheval est Ruine, et on peut dire que comme notre héros, il a la classe. Pour l’invoquer, on appuiera sur LT et RT en même temps, mais ça ne sera pas possible partout. Vous pouvez quand même mettre des coups d’épée et tirer avec votre gros flingue de votre cheval. La monture ne sert pas beaucoup mais donne lieu à un combat de boss vraiment stylé.
Niveau interface, le jeu affiche la barre de vie, celle du courroux (qui vous permet d’utiliser la magie) ainsi qu’une troisième (rappelant la barre de vie de Raziel dans la série Soul Reaver) qui, une fois pleine, permet la libération de la forme Berserk de Guerre. En haut à droite, on peut voir les armes équipées et en bas à gauche, c’est le compteur d’âmes.
NI BEAU, NI MOCHE…
Ouchh… ça fait mal de ce point de vue-là, mais il est vrai que le jeu est loin d’être exceptionnel du strict point de vue graphique. Il ne possède pourtant pas de ralentissements et reste tout le temps fluide, même avec une nuée d’ennemis et en balançant des gros coups. Mais cette génération de consoles est capable de faire mieux ; même le prochain Zelda : Skyward Sword sur Wii a l’air plus beau. Pourtant, malgré ça, l’univers très bien travaillé, les donjons carrément excellents et la classe du héros aident un peu à faire passer la pilule. Les cinématiques sont en plus pas mal foutues, sans être excellentes non plus. Seul petit problème, sinon : Guerre est un peu lourdaud quand on se sert de l’épée ; mais rien de bien grave, car ça disparaît en utilisant le gantelet.
BIEN, SANS PLUS…
La musique de Darksiders n’est ni son point faible, ni son point fort. Les thèmes sont variés et efficaces mais pas impérissables. Les bruitages sont par contre excellents, en particulier les bruits d’épées, et les voix sont tout bonnement excellentes, et en français s’il-vous-plaît.
MANIABILITÉ
La maniabilité de Darksiders est bien réalisée dans le sens où elle permet un grand nombre d’actions. X permet de frapper avec l’épée, Y avec l’arme principale, A de sauter et B de faire une prise à un ennemi. La gâchette LT permet de verrouiller un ennemi tandis que RT sert à utiliser l’objet qui y a été affecté, LB servant - en étant maintenue enfoncée - à accéder aux raccourcis de magie, et RB à contrer quand Guerre reste sur place, ou à esquiver si le stick gauche est incliné dans une direction. Le mode Berserk, quant à lui, s’enclenche en pressant simultanément LB et RT, votre canasson s’invoquant en utilisant LB et RB en même temps. Les touches restent les mêmes en vue TPS.
INTÉRÊT ET DURÉE DE VIE
Le jeu possède un intérêt certain pour les fans de GoW et de Zelda. D’ailleurs sa description, sur certains forums, le classe dans la catégorie des Zelda-like. Mais la vérité va plus loin, car il impose en même temps un très bon univers, un héros classe comme c’est pas permis, des armes marrantes et des objets efficaces (à défaut d’être originaux ou d’assurer le spectacle). Je pense que ceux ayant apprécié les deux autres séries auxquelles ce jeu pompe presque toutes ses mécaniques de gameplay sauront l’apprécier.
Pour ce qui est de la durée de vie, il m’a fait la première fois dans les 15h30 en mode normal, en rushant et sans prendre le temps de chercher toutes les pierres de vie, et en n’ayant ramassé aucun morceau de l’Armure Abyssale, la tenue optimale pour Guerre. C’est énorme pour un jeu d’action mais peu pour un Zelda-like, mon avis étant qu’il manque un donjon avant le boss de fin (enfin vous savez, le château d’Hyrule, quoi). Avec un donjon en plus - et une arme supplémentaire, pourquoi pas - le jeu aurait été un hit incontournable. Mais il possède un mode difficile, dit Apocalypse, qui est assez rude et vous poussera à tout chercher au niveau des objets, car vous en aurez bien besoin. Dans ce mode, obtenir tous les objets vous prendra environ trente heures, ce qui est franchement bien.
UN MIX FRANCHEMENT RÉUSSI
Il est vrai que le concept a de quoi étonner au début et que, mal dosé, le jeu aurait pu être une vraie catastrophe, mais ce n’est pas le cas. Seule la technique a deux ans (minimum) de retard ; le reste est excellent, du système de combat aux donjons, qui vous surprendront, sans oublier l’univers développé autour. Et c’est là qu’on remercie Joe Madureira pour le travail abattu afin de rendre cet univers intéressant. Une suite avec des graphismes à l’ordre du jour et des musiques plus entraînantes s’impose pour que je lui mette la note ultime. Cette suite est d’ores et déjà en chantier, mais Guerre n’en sera pas le héros ; ce sera un autre cavalier. Perso je parie sur Mort. Et vous ?
Les plus
-> Le charisme de Guerre et l’univers, excellents
-> Les donjons, bien pensés mais pas trop durs, et les armes et objets, réunissant ce qui se fait de mieux dans le genre.
-> Le système de combat, bien fait, et le scénario convainquant
-> L’animation sans faille et fluide
Les moins
-> Les graphismes, qui semblent sortir d’une PS2, et la musique, bien sans plus.
-> Je cherche…