Castlevania : Lords of Shadow est un jeu vidéo Xbox 360 publié par Konamien 2010 .

  • 2010
  • Action

Test du jeu vidéo Castlevania : Lords of Shadow

4/5 — Exceptionnel ! par

Autant les épisodes portables de la série Castlevania ont trouvé une recette immuable (qui plaît ou non, moi c’est pas ma came) faite d’ambiance gotho-fluo et d’action-RPG plan-plan, autant les incursions de la franchise dans un monde en trois dimensions ne se sont pas faites sans heurts. Le diptyque sur N64, pour passionnant qu’il soit, était plombé par une jouabilité perfectible et une 3D polygonale balbutiante, les épisodes PS2 souffraient de la comparaison avec Devil May Cry et l’itération Dreamcast a carrément été tuée dans l’œuf. Bref, les équipes japonaises n’y arrivent pas. C’est donc le studio occidental Mercury Steam qui récupère le bébé, sous la supervision d’Hideo Kojima (l’homme derrière Metal Gear), avec pour mission de redorer le blason en relief de la saga.

TABULA RASA

Le premier coup de balai concerne la chronologie incohérente de la série mise en place par l’insupportable Koji Igarashi. Foin d’éphèbes maniant un fouet en mousse dans le cadre de la Renaissance ou du XVIIIe siècle, Lords of Shadow se déroule en 1047 et met en scène Gabriel Belmont, un colosse du genre qu’il faut pas trop faire chier. Gabriel est donc le premier de sa lignée (le premier connu jusqu’ici en tout cas). Orphelin recueilli bébé aux portes du Couvent de la Confrérie de la Lumière, il développe très vite un talent incommensurable au combat. C’est pourquoi les frères vont lui confier la mission de découvrir pourquoi les créatures du chaos hantent désormais le monde. Mais Gabriel a également une quête plus personnelle en tête : une quête de vengeance. Il veut retrouver ceux qui ont assassiné sa compagne Marie et mettra tout en œuvre pour ce faire.

LE DIEU DE LA GUERRE

Castlevania : Lords of Shadow se présente sous la forme d’un jeu d’action / aventure aux forts relents de beat ‘em all moderne. L’ambition clairement affichée par les développeurs est de concurrencer les God of War qui ont fait les beaux jours des consoles Sony, et Gabriel a donc de faux airs de Kratos.

Pour commencer, il manie une croix qui se transforme en chaîne rétractable et qui n’est pas sans rappeler les chaînes du demi-dieu. Avec cette arme, vous pouvez déclencher des attaques frontales puissantes (en appuyant sur X) ou des attaques circulaires plus faibles mais qui vous libèrent lorsque vous êtes encerclé (touche Y). À cela s’ajoute la possibilité de sauter (touche A), d’esquiver les attaques adverses (gâchette LT), d’agripper et de projeter un objet (gâchette RT)…

Rapidement, les combos s’enchaînent avec fluidité. Vous apprenez régulièrement de nouvelles attaques en les achetant, vous pouvez booster la puissance de votre arme et, au final, ce sont près de quarante coups surpuissants qui peuvent être assénés à la suite. À cela s’ajoutent des armes secondaires telles que les couteaux de lancer et l’eau bénite. Vous sélectionnez l’arme au moyen de la croix directionnelle (les déplacements s’effectuant au stick) et l’utilisez en appuyant sur B. Les armes secondaires peuvent elles aussi être upgradées pour plus d’efficacité. Enfin, il est également possible d’assimiler les magies blanche (de soin) et noire (d’attaque) puis de les lier à la croix en utilisant respectivement les gâchettes LB ou RB.

Avec une arme de base gonflée aux hormones et à la magie et des armes secondaires au niveau max, plus rien ne vous résiste. Mais ne croyez pas qu’il ne sera question que de baston : la cinquantaine (quarante-six exactement) de niveaux qui vous attend mélange phases de combat, passages de pure plate-forme, balades à cheval… Et bien entendu, des combats contre des boss énormes. Les combats contre ces derniers se terminent invariablement par une action contextuelle spécifique : ainsi face au Worg (ces loups démoniaques géants de la mythologie nordique) qui fait office de premier boss, il faudra appuyer rapidement sur un bouton. Le résultat, spectaculaire comme il se doit, est que Gabriel empalera son agresseur sur un énorme rondin de bois, mettant ainsi fin à l’affrontement.

Le jeu est divisé en douze chapitres durant lesquels vous allez voir du pays. Depuis le village assiégé jusqu’au combat final, vous allez traverser marécages, temples, lacs, forêts, labyrinthes, donjons, abbayes, châteaux, laboratoires et bien entendu la fameuse tour de l’horloge, affrontant au passage des lycanthropes, gobelins, naïades, araignées géantes, trolls… Les boss ne sont pas en reste, et il vous faudra trouver le moyen de vaincre le troll des marécages, le titan de glace ou encore le golem du chevalier noir.

CHACUN PORTE SA CROIX

Il faut se rendre à l’évidence, ce Castlevania : Lords of Shadow n’est pas le plus beau jeu qu’il vous aura été donné de voir. Les graphismes sont relativement fins, mais nullement à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre sur une Xbox 360 qui fait tourner des Assassin’s Creed ou des Bayonetta autrement plus impressionnants. En outre, les environnements sont souvent sombres, et ceci nuit un peu à la jouabilité.

Malgré tout, cette aventure reste plaisante à suivre grâce à une mise en scène très cinématographique - la grande spécialité de Kojima - qui appuie avec soin un scénario gothico-romantique certes éculé, mais correspondant parfaitement à l’ambiance de la saga. Il est un peu dommage que les animations parfois rigides, même lors des scènes précalculées (surtout là même, paradoxalement), viennent gâcher l’immersion. Musicalement, c’est de la belle ouvrage : les thèmes alternent entre lyrisme et compositions plus épiques et collent là encore avec l’atmosphère graphique. Les textes sont également joués avec conviction. Par contre, ils sont en anglais sous-titrés français et les sous-titres sont écrits petits, si bien que l’anglophobe va s’abîmer les yeux s’il veut suivre la trame.

En terme de jouabilité, c’est du tout bon. On se mélange peut-être un peu les pinceaux au début, parmi toutes ces possibilités d’actions, mais on devient vite un cador du maniement de croix et l’aspect foutoir des combats devient vite jouissif. Rien de très original, puisque le concept est un copier-coller de God of War, mais Mercury Steam a appliqué ses leçons à la lettre et le résultat est là. L’aventure est relativement longue, raisonnablement difficile mais toujours agréable à pratiquer.

Pour synthétiser un peu, disons que Castlevania : Lords of Shadow n’est pas le God of War-killer que Konami annonçait, cela principalement à cause de sa réalisation moyenne. Mais il s’agit sans aucun doute du meilleur Castlevania en 3D, et à vrai dire de l’une des meilleures itérations depuis bien longtemps. Avec lui, la série retrouve son souffle épique et son ambiance gothique, perdus tous deux depuis la fin des années 90.

Castlevania : Lords of Shadow