Comme tu as fait il te sera fait : tes actes te retomberont sur la tête.
Voici venir, dans nos latitudes, un first person shooter un brin particulier. Rappelons que ce que je nomme du sobriquet de FPS est un jeu de tir à la première personne, dans lequel on voit l’aventure à travers les yeux du personnage ; genre très prisé sur PC, et de plus en plus sur les stations modernes telles que la XBox 360 et la PS3. Call of Juarez est donc un FPS, situé dans un univers sous-représenté sur PC, et encore plus sur consoles : le Far West.
Ceux qui sèment des larmes moissoneront dans la joie.
Le genre western n’a pas eu de chance. Tombé en désuétude, il a été presque totalement ignoré de tous les supports depuis des lustres (à la rigueur, seul Badlands sur PC me revient en mémoire lorsqu’il s’agit d’évoquer le Far West). Doit-on en conclure que le genre est impropre à un bon jeu d’action ? Que nenni !!! Call of Juarez réussit le tour de force d’imposer une aventure haletante dans ce genre sur XBox 360.
Vous jouerez le rôle de deux personnages. L’un, Billy la bougie, gamin mexicain dans une Amérique raciste de 1880, est peu armé voire pas du tout, et vous donnera l’occasion de vous adonner à des scènes d’infiltration, parmi diverses situations.
L’autre, bien plus agréable à jouer, se nomme le révérend Ray. Bandit repenti, désormais au service de la bonne parole du Seigneur, c’est l’homme d’Église que vous incarnerez pour pourfendre le Malin venu sur Terre.
Ray est un vieux prêtre. Mais surtout, un as de la gâchette comme rarement le Far West en a connu.
Capable de tenir un colt dans chaque main, comme de réciter la Bible d’une et de flinguer de l’autre, le révérend est l’un des personnages les plus charismatiques de l’histoire du jeu video.
Sa gueule, qui porte les séquelles de son passé, son intonation de voix qui sonne comme l’Armaggedon, ne vous laisseront pas de marbre.
Mention très spéciale à la version française qui, pour une fois, jouit d’un doublage de grande qualité ; vous savez, ce genre de voix qu’on entend à la télé dans des séries, sans vraiment se rappeler de qui il s’agit.
Les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Nul tourment ne les atteindra.
Le scénario prend une part prépondérante dans le déroulement du jeu.
Ce même jeu est divisé en plus d’une quinzaine de chapitres, alternant entre le révérend et Billy la bougie. Un gameplay radicalement différent de l’un à l’autre, toujours dans la continuité d’une histoire passionnante, véritable chassé-croisé entre le justicier et celui que l’on croit coupable, sans toutefois jamais interférer dans les chapitres de l’autre : chacun joue le sien en alternance ; vous ne pourrez au mieux qu’apercevoir l’un des deux personnages principaux durant son chapitre dédié.
Rares sont les jeux qui permettent de jouer les deux protagonistes d’une même histoire… ici, c’est le cas. Comme vous l’aurez compris, dans les chapitres du révérend Ray on chasse Billy la bougie, et dans ceux de Billy on tente d’échapper à la colère céleste incarnée par ce même révérend. Mais le scénario du jeu vous réservera bien des surprises que je n’oserais dévoiler…
Ray est donc orienté action, avec du flinguage de malandrin à grand renfort de bastos tirées de chacun des six-coups qu’il porte à chaque main.
Notons que d’autres armes existent : la carabine, le fusil à canon scié, et même le fusil à lunette, qui n’est accessible qu’à un seul moment du jeu. Ray vous permettra même de tirer à la couleuvrine (canon) et avec une mitraillette sur pieds d’époque, dans certains moments fatidiques.
Billy la bougie, quant à lui, se contentera d’un arc et d’un fouet, lequel lui servira plus à franchir des obstacles qu’à pourfendre l’ennemi.
C’est là qu’est la force du jeu : une parfaite alchimie entre des passages de tuerie intense, et une longue course-poursuite tendue, le tout servi par une histoire passionnante sur fond de vieux trésor inca.
Le châtiment des sots est la sottise.
Au niveau technique, le jeu se permet un affichage, sans aucun chargement, de dizaines de kilomètres carrés d’un niveau ; plus que correct même si la modélisation des personnages ennemis est perfectible.
Seul regret, le jeu subit une espèce de filtre assez étrange, qui décolore l’environnement à moins de quelques mètres de soi. À tel point qu’on se demande si la TV est bien réglée. Notons également un déchirement horizontal, aussi appelé tearing par les professionnels, qui vient déservir un rendu plutôt appréciable. Ce déchirement de l’image, récurrent sur les FPS nerveux, scinde l’image en deux lors d’un mouvement brusque et décale le bas et le haut, le temps d’un quart de seconde. Si sur PC, de nombreux jeux proposent un palliatif à ce problème en activant une option qui s’appelle la synchronisation verticale, qui ralentit le jeu lors de mouvements brutaux et évite cet effet, nous sommes ici sur consoles, et les options ne proposent rien de ce genre. Dommage, car cela existe malgré tout sur certains jeux consoles comme Saint’s Row 2.
Le framerate subit parfois le feu de l’action tendue du jeu. Sans qu’il soit limité, néammoins, il souffre parfois du feu nourri d’ennemis trop nombreux.
Bruitages et musiques sont dans le pur style western, d’un bonne qualité. Comme je l’ai déjà souligné, la VF est, c’est vraiment rare, exceptionnelle. Vous vous souviendrez souvent de la voix française de Ray, et guetterez à la TV l’acteur qui l’aura doublé en vous disant « ouais, c’est le révérend ! ».
La maniabilité ne souffre d’aucun défaut majeur. Certes, jouer avec une souris est plus agréable, mais nous sommes sur une console, et elle s’en tire avec les honneurs. Faire voler un chapeau mexicain du canon de son colt est faisable et… jouissif !!!
Tu es poussière et tu redeviendras poussière.
Un excellent jeu vous attend là, pour peu que vous ne soyez pas réfractaire aux westerns. Haletant, passionnant, on oublie vite les imperfections graphiques et les phases un peu molles de Billy la bougie, pour incarner l’implacable révérend Ray. Un excellent moment que je conseille à tous.