Bionic Commando Rearmed (Live Arcade) est un jeu vidéo Xbox 360 publié par Capcomen 2008 .

  • 2008
  • Plates-formes

Test du jeu vidéo Bionic Commando Rearmed (Live Arcade)

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Ouais ouais, voilà que je colle encore une super note à un jeu… j’ai hésité un instant à y mettre un 10 vous savez, mais j’me suis dis qu’il n’était peut-être pas nécessaire d’abuser complètement non plus.

Voici donc un petit apperçu de Bionic Commando Rearmed, nouvelle version du jeu NES paru en 1988.

Honnêtement, on m’aurait annoncé qu’un jeu NES allait subir une cure de jouvence, je n’aurais pas parié un copec sur Bionic Commando qui, bien qu’étant un jeu fantastique, m’a paru tout de même (à l’époque) souffrir d’une certaine confidentialité du fait de son étrangeté.

En son temps, sur NES, des costauds qui se battent contre de vilains militaires, ça ne manquait pas ; Bionic ne dénotait particulièrement que par deux choses pour un gamer peu regardant :

1- l’usage important d’un grappin pour se déplacer de plate-forme en plate-forme.

2- l’incapacité de sauter du héros… limite incroyable dans un jeu pareil.

Ce choix audacieux, il m’a fallu du temps pour le digérer. Quand j’étais gosse ça m’a surtout gonflé. Et bien aujourd’hui Bionic revient, et il n’est toujours pas possible de sauter… mais cette fois ça me fait presque plaisir.

L’HISTOIRE

Une armée qualifiée d’impérialiste/fasciste (tous les moyens sont bons pour ne pas dire ouvertement qu’il s’agit des nazis), dirigée par le Généralissimo Killt (ça ne s’invente pas), planche sur un projet d’arme de destruction massive nommé « Albatross ». Dans la foulée et pour une raison obscure, il leur est nécessaire de ressusciter celui que l’on nommera « le leader » et dont le nom n’est jamais explicitement dit, bien qu’il ne soit pas compliqué de deviner de qui il s’agit et que le jeu ne se prive pas de nous donner raison avec des sous-entendus insistants.

L’armée des gentils, la FSA, envoie son meilleur homme Joseph « SUPER JOE » Gibson, héros du jeu « Commando » de Capcom, pour s’infiltrer en territoire ennemi et contrecarrer les plans de Killt. Malheureusement Super Joe est fait prisonnier. Ne reste plus alors qu’un seul espoir, Radd Spencer, le « bionic commando », un homme équipé d’un bras mécanique lui permettant de projeter un grappin et de se balancer dans tous les sens tel Tarzan (envoyer un tel homme tombait pourtant sous l’sens dès le départ).

LE JEU

Bionic Commando Rearmed, tout comme son ancêtre, est un jeu de plates-formes « 2D » (bien que les décors et personnages soient modélisés en 3D) qui, sous des apparences assez classiques (vue de profil, plates-formes et petits bonshommes), est en fait une perle rare. En effet, l’impossibilité de « sauter » à proprement parler force à un mode de déplacement au grappin plus original, et qui influe grandement sur la construction souvent assez verticale et aérienne des niveaux. Même quand il est question de traverser une grande zone horizontale, la voltige est pratiquement obligatoire. Après un temps d’adaptation on y prend rapidement goût, mais les fausses manoeuvres restent le quotidien du bionic commando. Cela fait partie du charme du jeu, la sensation de devoir apprendre à maîtriser ce moyen de locomotion particulier.

Saluons aussi au passage l’excellent travail effectué sur le level-design, toujours très inventif.

En comptant les zones secrètes et le stage bonus, Bionic Commando Rearmed doit compter une quinzaine de stages d’une bonne durée, offrant un challenge bien progressif, et ce qu’il faut comme zones cachées pour accrocher les férus du pourcentage de finition.

Ces stages sont accessibles via une carte sur laquelle le joueur déplace un petit hélicoptère, devant éviter tant bien que mal de croiser des « patrouilles ennemies » représentées par des camions, et dont le contact occasionnera des mini-levels en vue plongeante (du dessus quoi) façon Commando.

Bien qu’il y ait des prérequis (certaines armes ou accessoires à avoir) pour accéder à tel ou tel stage, il est permis d’en faire certains un peu dans l’ordre que l’on souhaite, d’y revenir, etc. En somme, si vous avez oublié un secret quelque part ou que vous souhaitez simplement retourner dans un stage, pas de problème (si ce n’est ces satanées patrouilles qui rôdent).

Au fil de l’aventure vous débloquerez nombre d’armes, du lance-roquette au laser en passant par le traditionnel fusil à pompe et la mitrailleuse ultra-bourrine de Super Joe. Chacune dispose d’un « upgrade » caché quelque part dans le jeu. On aurait aimé un meilleur système de sélection, celui proposé ayant le don de faire s’emmêler les pinceaux entre les armes, mais ce n’est qu’une petite plainte pas bien méchante. Il sera possible également de trouver des disquettes permettant de décrypter certains messages, ainsi que des équipements pour renforcer le personnage.

Au sujet du système de décryptage, tout comme les patrouilles qui occasionnent des « rencontres aléatoires », le hack de consoles de communication (dans chaque base et parfois plusieurs fois dans un même niveau) passe par un petit jeu de réflexion, sur lequel je ne m’attarderai pas, et dont le gameplay et le concept ont vite tendance à casser quelque peu les pieds, d’autant que pour ouvrir certains accès dans les niveaux il est obligatoire de passer par ces phases ennuyeuses. C’est un second petit bémol pour le jeu, mais peut-être que certains joueurs apprécieront ces passages (on peut rêver).

L’un des grands ajouts de cette nouvelle mouture n’est autre que le mode « co-op » à 2 joueurs, dont le défaut (je vous le dis tout de suite) est un split-screen changeant qui embrouille parfois plus qu’il n’éclaircit la situation. Il se révèle parfois bienvenu, et d’autres fois très encombrant, surtout quand il condamne l’un des joueurs, en pleine manoeuvre délicate, à jouer plus ou moins à l’aveuglette.

Mais bon, il fallait bien que cet ajout audacieux ait ses défauts. On pestera quelques fois assez méchamment, mais le plaisir de jouer en co-op prédomine tout de même car « un bon p’tit jeu c’est bien, mais à deux c’est toujours mieux » comme dit le proverbe que je viens d’inventer.

C’est d’autant plus vrai qu’outre fournir un sacré ajout de fun, ce mode deux joueurs a amené les programmeurs à revoir à la hausse l’IA, déjà très évoluée, des ennemis en solo quand deux chenapans entrent en action.

En solo, les ennemis se cachent, lancent des grenades, contournent le joueur, utilisent parfois des grappins pour échapper a ses tirs, etc. À deux joueurs, leurs manoeuvres sont encore enrichies et le jeu tourne à la folie guerrière, sans parler des boss dont les stratégies sont généralement modifiées exprès pour tenir compte du fait qu’il y ait deux joueurs.

D’ailleurs parlons-en des boss … Bionic Commando sur NES a la réputation d’avoir des boss d’une platitude à mourir ; un énorme travail a donc été effectué pour rehausser le niveau dans cette mouture, et on ne peut que saluer l’effort, bien qu’il n’y ait pas une seule fois, ne serait-ce qu’en guise de clin d’oeil, un boss « remake » des anciens (snifs). Dommage aussi qu’il y ait des redondances parmi les boss, mais ce n’est qu’un grief miniature encore une fois.

Enfin, le jeu s’est vu agrémenter tant d’un méchant stage de fin revisité et très costaud, que de dizaines de stages d’entraînement « VR » (comme dans Metal Gear), offrant encore des heures de casse-tête de haute voltige que les fadas sauront apprécier pour leur challenge extrêmement rude.

Le dernier ajout concernant les modes de jeu est l’inclusion d’un mode baston (à la Smash Bros) à quatre que je n’ai pas eu l’occasion de tester, mais qui paraît fun bien qu’assez anecdotique.

TECHNIQUEMENT

Même si je l’ai déjà sous-entendu, c’est là que le remake prend vraiment tout son sens. Le remaniement graphique est absolument époustouflant. Face aux premières captures d’écran circulant sur le net, certains abrutis disaient « hola, c’est limite le genre de jeu qui devrait être fourni gratos sur Vista »… ouais, et mon cul c’est du poulet…

La critique venait à n’en pas douter de la vue de profil très 2D (bouuuuuuuh la 2D c’est vieux BOUUUUUUUUH)… mais les gars ne s’étaient sans doute pas penchés plus avant sur le soin apporté aux graphismes.

La modélisation déjà superbe des décors (terriblement détaillés) est réhaussée d’une quantité hallucinante d’effets « atmosphériques », entre les flous, les brumes, les couchers de soleil projetant de longues ombres dynamiques. Les shaders étant utilisés à gogo, on profite également de petits effets comme Metal Gear Solid les affectionne : des gouttelettes sur l’écran par sale temps par exemple. Certains niveaux proposent également des effets de contrejour découpant l’action en ombres chinoises (on aurait limite aimé ça plus souvent). Les éclairages colorés posant des atmosphères fortes sont également légion. Notons aussi les effets de vapeur autour des flammes des explosions ; j’en passe et des meilleurs.

Vraiment, Bionic Commando Rearmed, dispo pour 10 ou 15 euros (selon le support) uniquement sur les plates-formes de téléchargement, est PLUS BEAU que bon nombre de jeux sortant dans le commerce pour 70 euros, je pèse mes mots !

On regrettera cependant qu’il ne soit pas possible, par exemple, de zoomer sur l’action pour profiter des détails (micro grief supplémentaire).

Alors techniquement, j’ai déjà évoqué l’IA et les graphismes, mais la tuerie ne s’arrête pas là puisque, presque par coquetterie, le jeu s’agrémente d’un moteur physique et d’un système de « ragdoll » pour les cadavres humains, que l’ont voit alors tomber de manière très réaliste de certaines plates-formes, mais que l’on peut aussi projeter dans les airs après les avoir chopés au grappin.

Autant les moteurs physiques ont été une révolution, autant ils ont occasionné de sacrées conneries (Jurassic Park Trespasser sur PC, renseignez-vous de toute urgence pour vous marrer), jusque dans leurs soi-disants meilleurs représentants récents (HL2, Crysis).

Ici, l’usage qui en est fait est modéré et contribue au fun global, donc tant mieux.

NIVEAU SON

Pour une fois j’y consacre un paragraphe particulier. L’OST très « techno » lourde, comme il est convenu d’en entendre dans des jeux comme Contra, est très réussie. Que l’on soit client de ce genre de musique ou pas, les pistes accompagnent très bien l’action et se laissent bien écouter. La plupart des morceaux reprennent les thèmes du jeu NES, allant souvent jusqu’à reproduire les sonorités électroniques du jeu old-school en les pimentant de beats bien sentis et de sonorités parfois très rock, composant une bande-son très punchy et efficace.

Concernant les SFX c’est du tout bon aussi. Le parti-pris est le même que pour les musiques, reprendre l’ancien et le moderniser sans le dénaturer. Entre les coups de feu parfois très « toc » qui évoquent directement le jeu NES (écoutez le bruit de pistolet à air comprimé du revolver de base censé tirer à balles réelles), les éclats mats ou grésillants mais surtout très typés de toutes les armes (y compris le grappin), tous ces sons composent un environnement sonore agréable où tout est clairement identifiable (même le discret toc d’une grenade qui vient de rebondir). Cela contribue à clarifier l’action, globalement toujours très « nette » dans son déroulement, même dans les moments les plus bourrins. Mais surtout, aucun son ne « gave » dans ce jeu et croyez-moi, c’est assez peu commun.

MENTION SPÉCIALE, les geeks reconnaîtront parmis les cris d’agonie « le cri de Wilhelm », un sfx classique issu du cinéma et ayant fait son buzz sur internet en son temps. Vous l’entendrez parfois en détruisant le side-car dans les niveaux des patrouilles (ceux vu du dessus).

CONCLUSION

Pour finir, Bionic Commando Rearmed est donc un très bon, très beau et très abordable jeu vidéo qui devrait aisément savoir se faire aimer des fans tout comme des nouveaux arrivants. Vous n’avez pas connu le jeu sur NES ? Qu’à cela ne tienne, les gars de Capcom veillent au grain et vous ont concocté un délicieux produit tout à fait aux normes contemporaines (sauf si vous êtes UN GROS ENQUIQUINEUR qui se prétend allergique à la 2D même quand celle-ci est enrobée dans de la super 3D comme c’est le cas ici).

La difficulté du jeu a de quoi révulser les petits joueurs, mais les hardcore gamers y trouveront leur compte. Espérons que l’opération sera répétée avec d’autres anciens titres cultes. Capcom profile déjà son remix HD de Street Fighter 2 (qui sera quand même moins généreux en ajouts me semble-t-il).

Puis si tout cela ne vous a pas encore convaincu d’aller dépenser 10 dollars dans cet excellent jeu, sachez qu’à la fin vous aurez l’occasion (comme sur NES) de faire exploser la tête de ce fameux « leader » dont on parle et qui est un sacré ENQUIQUINEUR lui aussi. On ne se fait pas donner cette occasion tous les jours, il faut savoir profiter des bonnes choses.

Mais trêve de sottises, au prix où est le jeu c’est un vrai cadeau, les défauts sont négligeables et tout ça sent la cuisine faite avec amour « par des fans, pour des fans », alors régalez-vous, BIONIC COMMANDO REARMED, UNE MÉGA BOMBE DE L’ENFER DE LA MORT QUI TUE.

PS : Une fois n’est pas coutume, voici mes petites infos supplémentaires en tout genre et que je ne manquerai pas d’upgrader si le besoin s’en fait sentir :

  • Outre « le cri de Wilhelm » le jeu, débordant d’humour et de dialogues savoureux, contient d’autres clins d’oeil, notamment au cinéma. L’un d’eux est un personnage disant « J’aime l’odeur du napalm au petit matin », référence à Apocalypse Now bien entendu.

  • Les gars de chez GRIN qui se sont occupé de ce remake ont fait un grand travail de « retcon » (retro conversion) sur la saga, pourtant assez hétéroclite, des Bionic Commando (les opus sont souvent des remakes changeant l’univers du jeu). Des liens ont été faits avec le célèbre jeu « commando » ainsi qu’avec « Mercs ». L’un de ces liens n’est autre que la fusion du « Super Joe » de Bionic Commando et de « Joseph Gibson », le héros de Commando. Ces liens seront sans doute exploités dans le futur Bionic Commando, qui sortira courant de l’année sur PS3, XBox 360 et PC (je crois), afin de profiter d’un univers déjà riche d’aventures antérieures et de personnages au long passé (comme ce fut le cas pour la série des Metal Gear… On ne peut donc que s’enthousiasmer de cette initiative).

Bionic Commando Rearmed (Live Arcade)