Muramasa : The Demon Blade est un jeu vidéo Wii publié par Marvelous Interactive, Inc.en 2009 .

  • 2009
  • Beat them all

Test du jeu vidéo Muramasa : The Demon Blade

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Si la Wii a marqué des points auprès de tout un chacun, c’est probablement plus pour ses vertus multijoueur que pour ses prouesses techniques. Manque de bol, Vanillaware a plutôt tendance à se concentrer sur les jeux solo, en témoigne son Odin Sphere sur PlayStation 2. La filiation est toute trouvée, puisque les deux softs se ressemblent comme vous et le facteur de vos parents.

MOMOHIME DENTETSU

Pour autant, foin de mythologie nordique ici, Muramasa se déroule au Japon médiéval. Le seigneur de l’époque est un monstre infâme, avide de puissance et d’une cruauté sans bornes. Et que cela soit en rapport ou non, de terribles démons sillonnent la contrée. Bref, autant dire que ce n’est pas la joie.

Heureusement, deux héros en devenir se sont lancés dans une folle quête afin de restaurer la grandeur de leur pays perdu (ou un truc du genre) : le ninja amnésique Kisuke et la princesse possédée Momohime vont parcourir une à une les contrées de l’Empire afin de récupérer les cent huit épées démoniaques. Pour quoi faire ? Mec, j’en sais rien moi, je suis pas dans le jeu…

MAGIMIXER, VU À LA TÉLÉ

Muramasa : The Demon Blade est un bon gros beat ‘em all des familles, en deux dimensions, comme on n’en avait plus vu depuis quinze ans. Et rien que pour cela, je me dois de remercier Vanillaware. Le jeu vous permet d’incarner l’un ou l’autre des deux héros.

Chacun des deux aura sept niveaux à traverser, plus un stage d’introduction et un de conclusion. Cela les mènera à traverser des forêts, des champs, des cimetières, des ponts, des pagodes ou que sais-je encore… En tous les cas, cela vous conduit invariablement à affronter une horde d’ennemis, qu’il s’agisse des assassins envoyés par l’empereur ou des monstres issus du folklore shintoïste, et bien entendu de gigantesques boss qui vont vous pourrir la vie à chaque fin de niveau. Vous pouvez jouer selon deux niveaux de difficulté (plus un autre à débloquer), mais même en facile le jeu vous promet quelques grosses suées.

Concrètement, les niveaux sont donc vus de profil et divisés en sections. Certaines sections peuvent se traverser sans coup férir, mais d’autres nécessitent que vous éliminiez tous les ennemis présents. Ces derniers apparaissent bien souvent par chapelets entiers, mais le système de combos est fait de telle manière que ce ne sera pas un problème bien longtemps.

À ce titre, le premier acte contient une phase de tutoriel bien pratique pour qui, comme moi, n’ouvre jamais le moindre manuel de jeu. Je ne rentrerai pour une fois pas dans les détails de quel bouton permet de faire quoi, et ce pour deux raisons : tout d’abord le nombre de possibilités de combos est tel que ce serait long et fastidieux, et deuxièmement le jeu peut être joué à la manette seule, au pad GameCube ou au couple Wiimote-Nunchuk, ce qui nécessiterait donc trois fois plus de texte. Sachez simplement que de base, votre personnage sait sauter, frapper, courir et changer de sabre à la volée (il peut en transporter trois à la fois).

Les sabres sont d’ailleurs le cœur du jeu. Vous en récupèrerez un grand nombre, en lattant les boss par exemple, vous en forgerez aussi beaucoup - on reviendra là-dessus - et vous devez savoir que chacune des cent huit lames possède son propre pouvoir magique. Et si cela ne suffit pas à vous donner envie de toutes les essayer, sachez en outre qu’à trop les utiliser, certaines épées se brisent ! Vous serez donc contraints de laisser le sabre au repos (vus que ce sont des sabres démoniaques, ils se régénèrent lorsqu’ils ne sont pas utilisés) et donc d’en utiliser un autre.

Concernant l’aspect « erpégesque » que Vanillaware inclut systématiquement dans ses jeux, vous noterez que les héros gagnent en expérience à chaque ennemi vaincu. Il est aussi à signaler que les combos que vous réaliserez vous permettront d’obtenir une sorte de note de style ; plus vous réaliserez de chouettes enchaînements et mieux ce sera. Enfin, les ennemis vaincus laissent derrière eux des âmes. C’est grâce à ces âmes que vous pourrez forger de nouvelles lames, de plus en plus puissantes et dotées de capacités de plus en plus intéressantes.

ON S’Y CROIRAIT

Muramasa a été un véritable échec commercial, de même qu’Odin Sphere avant lui. Salué par la critique, le jeu n’a pas trouvé son public. Et c’est bien dommage, parce que Vanillaware a mis le paquet.

Déjà, le titre dispose d’un univers fort, très marqué, très caractéristique et finalement tout à fait unique. Ceci notamment grâce à son visuel. Certes, ce n’est que de la bête 2D et, hormis quelques effets visuels tapageurs, il n’y a techniquement pas de quoi se relever la nuit. Mais l’identité du titre est basée sur les estampes japonaises et ça, en dehors d’Okami, c’est quand même foutrement original. Murasama reprend d’ailleurs, en guise de décor, quelques estampes parmi les plus connues, même pour qui n’a que vaguement entendu parler de cette forme d’art. Et le mélange de couleurs vives et d’encrage puissant donne des allures magnifiques au jeu. Qui plus est, les décors relativement zen s’opposent à un premier plan un peu foutoir, plein de monstres grotesques et d’action effrénée, le rythme de jeu étant assez vif. On entend souvent parler du débat « Le jeu vidéo est-il une forme d’art ? » Murasama nous donne un début de réponse, et il est plutôt favorable. Même la bande-son est taillée dans le même bois.

Mais outre sa réalisation bluffante, le jeu de Vanillaware propose également un gameplay bien plus subtil qu’il n’y paraît au premier abord. On n’évite pas une certaine répétitivité, commune à quasiment tous les beat ‘em all de l’Histoire, mais le fait est que les éléments de RPG et la quête des sabres donnent une autre dimension à un jeu qui, par ailleurs, nous tient constamment en haleine grâce à une progression sans temps morts.

C’est beau, c’est bon et en plus c’est long. Les plus courtes sont les meilleures, c’est bien connu, et pourtant les développeurs nous en donnent pour notre argent, avec deux quêtes distinctes qui tiennent une demi-douzaine d’heures chacune, et la chasse aux cent huit sabres qui peut nous amener bien plus loin.

À la suite de la sortie (et de l’échec commercial, encore une fois) de son dernier jeu, Kumatanchi, Vanillaware s’est déclaré en danger de mort. Les appels au secours du patron de la boîte ont été considérés comme ridicules, et pourtant l’heure est décidément grave. Voici un studio qui réalise à chaque fois de petites merveilles, et qui ne trouve jamais preneur. Même s’il est un peu tard pour sauver les meubles, je vous enjoins très fortement à tester cette petite merveille.

Muramasa : The Demon Blade