Zool est une fourmi ninja intergalactique qui tente de rentrer chez elle, dans la dimension X, et doit pour cela franchir de nombreuses zones qui semblent issue de l’esprit d’un commis de supermarché rendu fou par la pression professionnelle. Voyez plutôt : entre un monde plein de sucreries, une autre truffé d’instruments de musiques, des univers de jouets, de matériel de bricolage comme s’il en pleuvait, on a pour son argent question délire vidéoludique. Pas de doute : Zool est tombé au beau milieu des soldes chez Auchan.
En bon guerrier de la nuit, Zool peut courir à une très grande vitesse, tirer des projectiles par rafales, bondir et rebondir sans discontinuer, grimper aux murs et prendre appui sur ces mêmes murs pour rebondir, tel un Joe Musashi à mandibules. A l’époque de sa sortie sur Amiga, en 1991, Zool s’était imposé comme une référence du jeu de plates-formes sur ordinateurs, pour quelques raisons assez évidentes. Tout d’abord, on ne peut pas dire qu’il y avait beaucoup de concurrents en lice pour le titre. Les jeux de plates-formes étaient à l’époque clairement l’apanage des consoles, tandis que les quelques tentatives originales sur micro ne tenaient franchement pas la route face à la brillance d’un Mario ou des premières aventures de Sonic. Et voilà que Gremlin parvint à proposer un jeu graphiquement correct et surtout, d’une rapidité extraordinaire sans saccades ni clignotements. Les possesseurs d’ordinateur pavoisaient d’avoir enfin un jeu de plates-formes capable de jouer dans la cour des grands. Un peu de la même manière que Body Blows était sensé être le concurrent direct de Street Fighter II. Comme quoi, tout est relatif finalement.
A noter que, chose rare à l’époque, Zool était sponsorisé par une marque connue, en l’occurrence Chupa Chups (vous savez, ces sucreries sur lesquelles on se nique les dents ). Et vu le nombre de références à cette marque - qui a permis à plus d’un dentiste de prendre une retraite anticipée à travers les décors, on ne risque pas de l’oublier. Le jeu original sur Amiga était d’ailleurs vendu avec une sucette ! Evidemment, une telle légende du jeu de plates-formes sur Pc ne pouvait qu’être adaptée tôt ou tard sur console. Et ce n’était pas une bonne idée. Vraiment pas.
Graphismes : Les décors ont beau être farfelus et originaux, il leur manque la petite touche de magie qui caractérise les jeux nippons. Oui, je sais, je suis casse-pied avec ma fixette sur les jeux japonais mais hé, ce n’est tout de même pas ma faute si le monde des friandises dans Castle of Illusions ou World of Illusions a nettement plus de classe que celui de Zool. Le travail reste tout de même très honnête, avec de chouettes scrollings différentiels en arrière plan. Le sprite de Zool est de très grande taille pour un jeu de plates-formes. Revers de la médaille, la vision que l’on a des ennemis et pièges qui traînent en aval de la fourmi est assez limitée, et sabote quelque peu le plaisir de jeu. Soit on avance prudemment et ça marche, soit on trace et on prie pour avoir le temps de freiner face au donut agressif qui se planque derrière le sucre d’orge suivant.
Animation : Le personnage avance très vite, presque aussi vite que Sonic à l’occasion. Mais il n’est pas conseillé de jouer vite. C’est fluide et sans ralentissements, en tout cas.
Jouabilité : Ce n’est pas la panacée, c’est le moins que l’on puisse dire. Zool a tendance à patiner et il est difficile de le faire freiner à temps. La maniabilité est assez spéciale, on bondit partout, et vu la trop grande taille du sprite principal, on ne sait généralement pas très bien ou on va retomber. Pas bon ça pas bon du tout.
Son : : Des thèmes bondissants, parfois rock, parfois techno, qui mettent la pêche ! De l’excellent travail !
Intérêt : 11/20 Je racontais plus haut qu’adapter Zool sur les consoles 16-bits avait été une hérésie. Je vais m’en expliquer de ce pas. Sur micro, Zool était un très bon jeu de plates-formes, principalement par manque de concurrence et surtout, parce qu’il était le seul à l’époque, à être typé « console », en raison de sa rapidité et de l’absence de ce côté un peu lourdingue typique des jeux de plates-formes sur ordinateur. Mais transposé sur le même format que ses rivaux et modèles avoués des consoles, il faut bien admettre que la fourmi n’en mène pas large. Graphiquement et musicalement, Zool assure correctement, mais la maniabilité est très imprécise, on bondit sans même savoir où on va retomber, et on se fait souvent toucher tant le calibrage des commandes est imprécis. On joue en fait, soit prudemment et c’est ennuyeux, soit à l’aveuglette et ça ne dure pas longtemps. La progression est assez terne : excepté le fait de récolter des millions d’items pour gagner des points, il n’y a guère de challenge à proprement parler. Et placer le score au premier plan du l’objectif d’un jeu de plates-formes était déjà passéiste à l’époque. Face à un Sonic ou à d’autres jeux de plates-formes consoléens du début des années 90, Zool ne fait franchement pas le poids. Tout graphiquement réussi et rapide qu’il soit, un jeu à la jouabilité pénible n’est guère agréable sur le long terme. Zool est donc lassant au possible. Comme quoi, on peut avoir régné sur les jeux de plates-formes micro du début des années 90, et se noyer dans la masse une fois mis en face de challengers sérieux. A vaincre sans péril