Après Aladdin en 93, et Le Roi Lion en 94, le blockbuster Disney de l’année 95, au cinéma comme en jeu vidéo, fut Toy Story. Pour vous rafraîchir un peu la mémoire, l’action de Toy Story se déroule dans la chambre d’un petit garçon nommé Andy. Tous les soirs, à la nuit tombée, les jouets s’animent et vivent leur vie de jouet à l’abri des regards humains. La vie se déroule paisiblement pour Rex le dinosaure, Karting la voiture téléguidée, Monsieur Patate, Hamm le cochon-tirelire et surtout Woody le cow-boy, chef incontesté de la petite fratrie. Jusqu’au jour où un nouveau jouet fait son apparition dans la chambre, Buzz l’éclair le super-héros de l’espace. Puissant, charismatique et capable de voler, Buzz séduit immédiatement l’entièreté des habitants de la chambre, et provoque la jalousie de Woody. Ce dernier finit par se débarrasser de Buzz, en le faisant tomber par la fenêtre, mais les autres jouets, très mécontents de la jalousie de Woody, le chassent à son tour. Il ne reste plus à cette pauvre figurine en plastique qu’à retrouver son ex-ennemi, égaré dans la grande ville, et à la ramener sain et sauf dans la chambre pour avoir une chance de récupérer l’estime des autres jouets.
En pratique, Toy Story prend évidemment l’allure d’un jeu de plates-formes remarquablement fidèle au film d’animation. On dirige Woody à travers une succession de décors familiers constitués de meubles, de petites tables, de livres ou de cubes. Plus tard, on visitera également une pizzeria, l’intérieur d’une machine-grappin de salle d’arcade, et la maison de Syd, l’affreux petit voisin d’Andy. Le sympathique personnage de plastique utilise son lasso pour se défendre mais aussi comme fouet pour s’accrocher à de petits anneaux et franchir ainsi d’immenses gouffres larges de quelques dizaines de centimètres… ! Non violence oblige, on ne peut pas « tuer » les autres jouets mais simplement les assommer pour quelques secondes. Comme dans la plupart des jeux Disney, le gameplay ne consiste pas uniquement en un simple déplacement d’un point A à un point B, mais propose une certaine variété dans les objectifs à atteindre. Ainsi, il faut par exemple gagner une course contre Buzz l’éclair en franchissant rapidement un stage fertile en pièges qui nécessitera de bons réflexes et une maîtrise parfaite du fouet / lasso pour se balancer d’anneaux en anneaux. Un autre stage vous demandera de déblayer le chemin de tous les obstacles qui y traînent pour que les jouets aillent se planquer sous le lit avant l’arrivée d’Andy, ou encore de piloter la voiture radio-commandée à travers un amoncellement d’objets variés afin de renverser Buzz l’éclair un certain nombre de fois. On trouve même un simili-clone de Doom où il faut trouver 4 petits martiens dans un labyrinthe en 3D et les ramener au point de ralliement ! Néanmoins, la majorité de ces stages se dérouleront selon un scrolling horizontal avec toutes les caractéristiques qu’on s’attend à retrouver dans un jeu de plates-formes.
Réalisation technique :
Toy Story est symptomatique de la situation des jeux 16-bits qui avaient choisi les digitalisations comme mode de représentation : ils ont plutôt mal vieilli aujourd’hui… On se rend compte aujourd’hui à quel point les graphismes manquent de finesse et de réalisme, alors que l’objectif poursuivi était rigoureusement inverse au départ. Néanmoins, à l’époque, Toy Story en mettait plein la vue, et il était finalement assez logique qu’un dessin animé en images de synthèse donne naissance à un jeu qui utilise avec plus ou moins de bonheur le même style graphique. Les décors, dépouillés et colorés de manière pâlotte sont fidèles au film et retranscrivent bien l’atmosphère domestique et banlieusarde du film. Les sprites sont eux-aussi fidèles au film, et les digits, bon gré mal gré, restent honnêtes pour une Super NES. En contrepartie, l’animation des personnages a moins souffert du passage des années que les graphismes, et elle est très réussie encore aujourd’hui, avec ce léger aspect rigide utilisé pour obtenir un bon rendu de la nature de jouet des personnages. Cette rigidité volontaire n’est pas sans générer un effet un peu gênant sur la bonne maîtrise de Woody. Les sauts du personnage sont difficiles à gérer et se servir du lasso n’est pas évident, tout spécialement quand il faut se livrer à une succession de sauts d’anneau en anneau. Ce maniement un peu particulier est de toute évidence volontaire, histoire de corser la difficulté d’un soft par ailleurs assez simple à dominer. Enfin, la bande sonore offre quelques thèmes musicaux plutôt sympas, qui collent bien à l’atmosphère enfantine du soft, et des bruitages intéressants.
En bref : 13/20
Toy Story ne séduit évidemment plus aujourd’hui par son côté technique avant-gardiste, mais il faut laisser à son crédit une admirable variété dans le type de niveaux proposés. Suivant précisément le déroulement du film, les programmeurs ont réussi à éviter la monotonie en injectant quelques séquences originales ici et là. Le problème est que, malgré cette éclectisme apparent, les stages « classiques » (qui constituent quand même 75 % du jeu) ne sont pas ce qu’on a fait de plus excitant dans le genre : ils suivent presque tous l’éternel schéma « trou / plates-formes / ennemi / trou / plates-formes + ennemi à l’arrivée » et ainsi de suite… La progression est très linéaire et manque de rythme, comparé à d’autres jeux de plates-formes (y compris occidentaux et inspirés des réalisations de Walt Disney). Toy Story est donc un bon petit jeu relativement inventif dans sa conception. On y joue sans déplaisir la première fois, histoire de revivre les moments forts du film d’animation, mais sa replay value est plutôt faible pour ne pas dire inexistante. Dommage…