Autant le grand Ocean s’est lamentablement vautré en tentant d’adapter le film des Flintstones (les Pierrafeu en français) sur consoles, en le faisant coder avec les pieds par une bande de trisomiques simiesques, autant Taito a eu le bon goût de partir du dessin animé original, de proposer une nouvelle histoire, et de réaliser le jeu correctement. Preuve que quand on veut, on peut. Ben quoi ? J’ai pas le droit, moi aussi, d’utiliser des expressions toutes faites et sans intérêt ?
LE POOBAH EST MORT, VIVE LE POOBAH !
Le Grand Poobah (le chef des hommes des cavernes, quoi) est sur le point de céder son trône, et cherche un successeur. Afin de déterminer le plus justement possible celui qui sera à même de régner à sa place, il décide d’organiser une grande chasse au trésor, l’objet de toutes les convoitises se trouvant être le légendaire Trésor de Sierra Madrock. Comme on peut s’en douter, Fred et Barney décident de tenter leur chance.
MARIO PARTY, AN DE GRÂCE 1.800.000 BC
S’il est indéniable qu’une majeure partie de The Flintstones : The Treasure of Sierra Madrock se déroule à la manière d’un jeu de plates-formes, le titre serait plus à rapprocher des party games qui fleurissent depuis quelques années sur consoles Nintendo. Une sorte de précurseur finalement, et c’est bien normal pour un jeu préhistorique.
Concrètement, le jeu de Taito propose un monde représenté sur une carte composée de cases. Les cases forment un chemin, mais plutôt que d’avancer case par case, ici on lance un dé. Du résultat dépendra le nombre de pas que feront les deux acolytes. Ceci dit, si tout cela semble aléatoire de prime abord, on constate bien vite que ce n’est qu’un trompe-l’œil : il est impossible d’éviter certaines cases.
Notez que vous n’êtes pas tous seuls sur cette carte. Non seulement vous déplacez Fred et Barney alternativement (et donc vous jouerez un coup avec l’un, un coup avec l’autre, ce qui ne change rien en dehors de l’aspect visuel du héros), mais d’autres personnages, contrôlés par le CPU, bougent également. Si vous les rencontrez, ils vous proposeront un défi, variable selon le perso. Mais attention ! Si ce sont Betty ou Wilma que vous rencontrez (les épouses des héros), cela vous fera reculer de plusieurs cases : bien décidées à ramener leurs époux à la maison, elles les traîneront en arrière.
Bref. La plupart du temps, donc, les cases sur lesquelles vous atterrissez représentent des niveaux standards. Il s’agit de stages en 2D, vus de profil, et vous les traverserez en sautant et en filant des coups de gourdin sur tout ce qui bouge, respectivement au moyen des boutons A et B. Le tracé est linéaire, même si certaines alcôves plus ou moins discrètes permettent de récupérer quelques bonus fort intéressants : des coquillages en guise de monnaie, des pommes pour restaurer votre jauge de santé, des étoiles qui se cumulent à hauteur de cent pour vous donner une vie supplémentaire, ou encore des cœurs qui augmentent votre jauge de vie d’un cran.
Parmi les autres cases, on trouve celles marquées d’une tête de mort. Pas de doutes, il s’agit là d’un combat avec un boss. Quant aux cases marquées d’un cœur, elles donnent accès à divers stages bonus durant lesquels vous devez ramasser le plus d’objets possible en temps limité. Les cafés permettent d’acheter de la nourriture afin de regagner votre santé.
Les parcs à thèmes sont pour leur part l’occasion de se frotter à divers mini-jeux : jeux de mémoire, jeux de tir ou encore un truc assez amusant où il faut frapper des singes pour éviter qu’ils ne vous volent vos objets. Et pour finir, les stades vous imposent des épreuves spéciales : des courses, à pieds ou en voiture (ce qui, pour les Flintstones, ne change pas grand-chose puisqu’on sait tous que leurs voitures fonctionnent à l’énergie pédestre), vues en simili-3D.
YABADABADOUHHHHHHH !
S’il est une chose indéniable, c’est que ce The Flintstones : The Treasure of Sierra Madrock est particulièrement fidèle au dessin animé, sans se contenter d’en repomper divers faits marquants (en gros, ce n’est pas une adaptation à la lettre, mais plus une interprétation intelligente).
Fidélité au graphisme simple et dépouillé de la série, à la physionomie des personnages et aux couleurs criardes. Fidélité à l’humour d’Hanna et Barbera, fait de mimiques burlesques et d’anachronismes amusants. Fidélité à l’ambiance sonore enfin, avec des thèmes bien connus et scrupuleusement retranscrits, dans les limites de ce que peut faire la machine.
En outre, le jeu se montre particulièrement maniable, les personnages réagissant au quart de tour (eh, normal, ils ont inventé la roue après tout). Ceci dit, ce constat favorable est rapidement terni par le principal défaut du jeu : sa difficulté parfois frustrante. Votre principal ennemi sera ici le chronomètre, le temps vous étant imparti pour boucler chaque stage ayant été réglé en mode très serré. Et puis le fait de devoir refaire certains passages à cause d’un recul non souhaité vous fera rapidement haïr Betty et Wilma.
Alors c’est sûr que pour le coup, Taito n’a pas inventé la poudre (pas encore, mais ça viendra). Mais sous ses faux airs de jeu de plateau, The Flintstones : The Treasure of Sierra Madrock a le mérite de proposer diverses activités fort distrayantes, ce qui suffit à le démarquer d’une concurrence généralement peu inventive.