Quand deux des meilleurs jeux de réflexion de toute l’histoire des jeux vidéo se trouvent réunis sur une seule cartouche, autant vous dire que ce sont de longues nuits blanches à essayer de battre votre meilleur score ou votre meilleur ennemi qui se profilent à l’horizon. Tetris et Dr. Mario, tout le monde les connaît, cela va de soi ! Dois-je donc perdre mon temps à vous rappeler le principe de ces deux golden classics que tout joueur devrait maîtriser à la perfection ? Bon, d’accord, c’est un peu pour ça que je suis ici après tout. Chaque matin, remettez votre ouvrage, comme on disait dans le temps. Enfin, soit… allons-y !
Tetris, c’est la classique de chez classique, le mètre-étalon à l’aune duquel on juge tout nouveau jeu de réflexion, l’unique contribution positive de l’Union Soviétique à l’histoire de l’humanité, en la personne d’Alexey Pazhitnov, programmeur aussi inspiré que peu productif par la suite. Un tableau rectangulaire. Des blocs aux formes variées qui descendent de plus en plus rapidement vers le bas. En faisant pivoter les blocs, l’objectif est de les encastrer minutieusement les uns dans les autres de manière à former une ou plusieurs lignes complètes. Les lignes ainsi complétées disparaissent. Si vous ne parvenez pas à encastrer les blocs correctement et qu’ils atteignent le sommet de l’écran, la partie est terminée. Dans ce portage Super NES, on retrouve les modes A et B de la version originale, l’un se distinguant de l’autre par le fait que la comptabilité des lignes à compléter se fait en sens inverse, et par la présence d’une masse de blocs déjà disposés aléatoirement pour compliquer un chouïa la tâche.
Dans Dr. Mario, le principe est un rien différent mais tout aussi obsédant. Une éprouvette pleine de microbes bleus, rouges et jaunes vous attend et, au-dessus de l’éprouvette, le docteur Mario balance des gélules bicolores arborant les mêmes teintes. Les microbes, de plus en plus nombreux au fil des niveaux, font office de blocs fixes et gênent la bonne manipulation des gélules au sein de l’éprouvette. La seule manière d’éliminer ces petites saletés est d’aligner quatre blocs de couleurs (c’est-à-dire le microbe plus 3 demi-gélules de la même teinte) horizontalement ou verticalement. Quand tous les microbes sont éliminés, on passe au level suivant. Dans les levels supérieurs, la vitesse d’arrivée des gélules n’augmente pas (on la configure avant de commencer à jouer), mais l’éprouvette est de plus en plus remplie à ras bord de vilains virus, et la moindre erreur s’avère donc difficilement récupérable, les gélules atteignant vite le tant redouté bord supérieur de l’écran.
Chacune des deux légendes proposera bien entendu le mode un joueur et le mode versus, au choix contre la console ou contre un joueur humain. Le mode mixed-match, lui, consiste en un tournoi en trois manches : une manche de Tetris, une de Dr. Mario et à nouveau une de Tetris. Sympathique, même si les modes traditionnels se suffisaient amplement à eux-mêmes.
En mode deux joueurs, lorsqu’on parvient à éliminer plusieurs séries en un seul coup, cette victoire se ressent négativement sur le jeu de votre adversaire puisque dans Tetris, il voit son amas de blocs se hisser de un ou plusieurs niveaux, tandis que dans Dr. Mario, deux demi-gélules colorées tombent aléatoirement à différents endroits de l’espace de jeu, pouvant ainsi foutre en l’air une stratégie patiemment élaborée.
Réalisation technique :
La réalisation technique se veut fidèle en tous points aux version originales sur 8-bits. Il n’y a rien à admirer de particulier dans Tetris, qui ne propose que des fonds d’écran stylisés et moches au possible. Quelques jolies images, qu’elles représentent le Kremlin ou Mario en train de sauter sur un Koopa, n’auraient pourtant pas été de refus. Quant à Dr. Mario, on retrouve, quasiment trait pour trait la version 8-bits, à peine plus esthétique.
Seul bon point : la tronche des petits microbes qui vous narguent sous le microscope, et qui me faisait hurler de rire en son temps, produit toujours son petit effet ! Les amateurs apprécieront également de retrouver les célèbres thèmes musicaux russes de Tetris, et celui, réutilisé dans le monde dual de Super Mario III, de Dr. Mario, ré-instrumentés dans un style vintage très appréciable. De toute façon, il est clair qu’en mettre plein la vue ne fait pas partie des prérogatives de ces deux programmes de légende. Pour terminer, la jouabilité est évidemment impeccable même si, pour Tetris, on n’atteindra jamais la sur-perfection de la version Game Boy.
En bref : 18/20
Tetris & Dr. Mario font partie de ces jeux vidéo dont la durée de vie est potentiellement infinie. Autant vous dire que cette compilation réactualisée figure dans les jeux les plus intéressants de la Super NES. Le portage 16-bits ne s’imposait peut-être pas absolument (on ne peut pas dire que ces deux jeux poussent les capacités de la machine dans ses derniers retranchements), mais vu la relative pauvreté en jeux de réflexion d’envergure sur le 16-bits de Nintendo, on ne peut qu’applaudir l’arrivée des deux références du genre au sein de sa ludothèque. Seul réelle nouveauté, le mode mixed-match est amusant mais n’apporte au final pas grand chose à l’intérêt déjà très élevé de cette compilation. Mais je dois vous laisser là, j’ai un niveau 8 truffé de virus qui refusent obstinément de se plier à mon génie médical…