Sutte Hakkun est un jeu vidéo Super NES publié par Nintendoen 1998 .

  • 1998
  • Réflexion

Test du jeu vidéo Sutte Hakkun

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Pourquoi s’embarrasser d’un test ? Je vous le dis tout de go : il faut que vous vous essayiez à Sutte Hakkun, œuvre méconnue de Nintendo dont, pour ma part, j’ai découvert l’existence par le biais d’un article. Vraiment ? Vous voulez que je vous en tartine une couche sur les mérites du jeu ? Bon, vous l’aurez cherché. Alors laissez-moi vous conter la fable du kiwi et des pots de peinture.

COLORE LA FOULE, COLORE MES VEINES, CHAQUE JOUR IL ME RÉVÈLE

Catastrophe ! L’arc-en-ciel du bonheur qui entourait et protégeait l’île d’Hakkun s’est brisé en mille éclats. Aussi la petite bestiole, qui tient à la fois du kiwi (l’oiseau, pas le fruit), du tamanoir et du caméléon, s’en va à la recherche des fragments éparpillés sur toute l’île.

EN CHAIR DE POULE, EN BLEU DU CIEL, ET LA FOULE SORT DE MES VEINES

Sutte Hakkun, sous ses couverts de jeu de plates-formes, serait plutôt à ranger dans la case des jeux de réflexion. D’abord parce qu’il n’y a pas d’autre adversaire que les énigmes qui se dressent devant vous, mais aussi parce que le principe un peu bêta (sans méchanceté aucune, je suis fan des platformers) de Mario et consorts se transforme ici en véritable casse-tête.

En effet, les cent-dix niveaux (dix groupes de dix, plus un niveau bonus à débloquer par monde) qui s’offrent à vous ont beau avoir un objectif simple, récupérer un fragment d’arc-en-ciel, la méthode à appliquer pour atteindre lesdits fragments est de plus en plus compliquée au fil de l’aventure.

Il faut dire que de base, Hakkun n’est pas capable de grand-chose. Il peut sauter si vous appuyez sur le bouton B, et utiliser son bec si vous pressez la touche Y. Les gâchettes L et R permettent respectivement de sélectionner un objet (si plusieurs sont agglomérés au même endroit) et de visualiser l’intégralité du niveau.

La question est donc : utiliser son bec oui, mais pour quoi faire ? La réponse est vaste. Disons que, d’une manière générale, les niveaux sont construits de telle manière qu’il vous faudra vous servir d’éléments du décor pour avancer. Principalement, de blocs de pierre et de pots de couleur.

En appuyant sur Y devant un bloc de pierre, vous l’aspirerez. Vous pourrez alors le déplacer ailleurs puis le recracherez en rappuyant sur Y. Si vous tentez la même opération sur un pot de peinture, vous ne ferez qu’aspirer la couleur, rouge, bleue ou jaune, et cela ne vous servira pas à grand-chose. En réalité, le but sera surtout de recracher ladite couleur sur le bloc de pierre. En le badigeonnant de rouge, vous le transformerez en ascenseur : il effectuera alors des va-et-vient verticaux vous permettant d’accéder à des hauteurs autrement inatteignables. Si c’est en bleu que vous le peignez, il se mettra à bouger de gauche à droite. Enfin, le jaune lui autorise des mouvements diagonaux.

Bien entendu, cela n’est qu’un début, et il vous faudra rapidement dompter de nouveaux mécanismes : boutons-poussoirs permettant de changer la couleur des pots, congénères permettant diverses actions selon leurs couleurs, blocs ne pouvant être transportés, trous, piques ou encore plates-formes à sens unique sont quelques-unes des contraintes que vous imposeront les niveaux les plus avancés.

Le temps imparti pour récupérer le fragment d’arc-en-ciel est infini, mais pas le nombre de déplacements. Ou pour être exact, plus vous utiliserez de mouvements pour atteindre votre objectif, moins vous récolterez de points à la fin. Cependant vous pouvez recommencer un niveau autant de fois que vous le souhaitez, et la pile de sauvegarde permet d’enregistrer jusqu’à trois parties.

OUI COMME LE TEMPS EST UN AMI, IL COLORE MON PAYS

D’après l’article que j’ai lu, Sutte Hakkun n’est au départ qu’un projet de stagiaires, qui a finalement vu le jour sur le Satellaview de Bandai. L’édition en cartouche s’est faite bien plus tard, à l’heure où la console était clairement morte dans l’esprit de tous, ce qui explique sans doute la confidentialité du titre.

Et c’est bien regrettable, car Sutte Hakkun dispose de nombreuses qualités, à commencer par une chouette réalisation. Rappelant tout à la fois Kirby, Lolo et Liquid Kids, l’univers est mignon, coloré et paisible. Sans forcément représenter une œuvre d’art ou un quelconque summum technologique, le jeu est attachant. D’autant que la bande-son est joyeuse et entraînante, comme il se doit afin de coller à l’ambiance.

Mais surtout, Sutte Hakkun est une perle de ludisme. Parfaitement maniable, conceptuel mais immédiatement compréhensible, le titre de Nintendo offre de nombreuses heures de jeu grâce à son grand nombre de niveaux et à sa difficulté progressive, qui finit en véritable prise de tête.

Bref, dans le genre plates-formes/réflexion, Sutte Hakkun s’impose comme l’œuvre la plus intéressante sur Super Famicom. En un mot comme en cent, IN-DIS-PEN-SA-BLE.

Sutte Hakkun