Comment ? Il existe un jeu avec des trolls sur Super Nes ? Ah-ah, je vois ça d’ici. A mon avis, le jeu se déroule sur les îles Selenae, à quelques encablures de la Porte de Baldur. Je parie qu’on doit y gérer une tribu troll, amasser des trésors, bouffer des paladins, régénérer les membres tranchés à la hache et, au final, partir à la conquête du Continent… Comment ? Que dites-vous ? Il y a erreur sur le troll ? Pas de colosse vert avec un nez crochu ? Et ils ne se régénèrent même pas ? Ah… OK, je comprends ma méprise. Les trolls dont il est question ici n’ont rien de Scandinave, et rien de Donjons&dragonesque non plus. Il s’agit des petites poupées porte-bonheur aux cheveux hirsutes qui peuplèrent les chambres des petites filles des années 60 aux années 90 : des nabots qui se promenaient perpétuellement les fesses à l’air et arboraient une détestable expression d’autosatisfaction sur la bouille. Une autre caractéristique de ces infâmes jouets tenait à leur chevelure, longue, hirsute et colorée pire que celle de Cindy Lauper. De quoi contenter les fashion-victims en sandalettes qui avaient délaissé les Petits Poneys sans mordre pour autant à l’hameçon Barbie.
De couleurs, il en sera beaucoup question dans ce jeu de plates-formes, puisque l’objectif des petits trolls est de repeindre leur monde en couleurs. Les différents stages du jeu sont en effet tout moches, tout tartiné de gris et de bleu marine, mais lorsque les trolls s’y promènent, le sol se pare subitement de couleurs éclatantes, dévoilant peu à peu un paysage enchanteur en arrière-plan. Il y a certes des adversaires et des pièges dans les différentes zones de jeu mais l’objectif n’est pas ici de franchir des niveaux ou de latter un boss : il faudra se contenter de se balader partout, sur les plates-formes et sur les échelles, pour que toute la couleur grise disparaisse et que des paysages apparaissent en arrière-plan. Une fois tout le niveau repeint, le soleil apparaît et on passe à la zone suivante. Des dizaines de bonus différents traînent à travers les stages. Certains se content d’augmenter le score mais d’autres ont des fonctions très diverses, comme celui de pouvoir être utilisés comme projectile supplémentaire (le projectile de base étant un jet de peinture qui nécessite que l’on passe sur l’ennemi une fois celui-ci englué pour l’éliminer définitivement) ou bien de doter le troll de capacités spéciales (par exemple, se transformer en une tornade invulnérable).
Réalisation technique :
Sans être exceptionnel, Super Troll Islands est plutôt mignon dans son genre (du moins, quand on a repeint les stages. Avant, c’est moche et triste par définition). Mais Troll Islands trahit vite sa nature de jeu micro : décors statiques au style étrange, bonus incongrus à la pelle, ennemis insipides, bruitages restreints et musique difficilement supportable. En revanche – et contrairement au standard des jeux de plates-formes micro - le jeu est ultra rapide et les petits trolls filent et cabriolent à toute allure. Du coup, la maniabilité s’en ressent méchamment : les trolls dérapent à n’en plus finir, les sauts sont très difficiles à calibrer et, dans le cas de séquences nécessitant de la précision et du doigté, on peut aller jusqu’à dire que Super Troll Islands devient carrément incontrôlable !
En bref : 9/20
Un principe sympa ne donne pas nécessairement un bon jeu, Super Troll Islands nous en donne la preuve ici. Amusant durant quelques minutes, ce coloriage sur plates-formes devient rapidement bien trop répétitif, d’autant plus que le jeu ne propose finalement rien d’autre au fil des niveaux. Trop typé micro, Super Troll Islands fait pâle figure face au standard de qualité attendu d’un jeu de plates-formes console, et sa maniabilité exécrable finit de dégoûter le joueur qui aurait fait l’effort de terminer plus de cinq ou six niveaux.