Après des conversions très soignées sur Supergraph’X et Mega Drive, et beaucoup moins réussies sur ordinateurs, Ghouls ‘n Ghosts déboule sur la Super Nintendo pour notre plus grand plaisir…. Mais pourquoi Super Ghouls ‘n Ghosts ? Tout simplement parce que Capcom nous gratifie ici non pas d’une conversion, mais d’une refonte de son jeu phare de la fin des années 80 !
Refonte du jeu limitée cependant car le scénario, comme le déroulement général, reste le même. Incarnant le flamboyant roi Arthur dans son étincelante armure, votre quête n’est point de trouver le Saint Graal en combattant l’affreuse bête de Caerbanogh ou en affrontant les terribles chevaliers qui font « Ni » comme dans l’excellent film des Monty Python (que je recommande chaudement), mais bien de botter les fesses de Loki, le dieu du Mal, qui en plus d’être un voisin querelleur, se permet d’enlever votre douce et tendre…
Votre promenade au travers du royaume de Loki vous entraînera donc à travers de bien sombres contrées, différentes du Ghouls ‘n Ghosts original, qui vont de geôles infernales dans un volcan à un paysage plongé dans un hiver éternel… Ces niveaux sont peuplés de créatures somme toute fort peu amicales, puisque leur seul but semble être de vouloir vous faire passer de vie à trépas. Si on retrouve le bestiaire que l’on connaissait dans la version originale du jeu, de nouveaux monstres, parfois impressionnants, font leur apparition, tels les espèces d’homme-loups crachant des flammes ou du givre à votre encontre. Les monstres ne seront pas les seules difficultés que vous rencontrerez puisque certains événements ou éléments du décors s’opposeront parfois à vous, ainsi ces avalanches qui vous obligent à vous agripper à des échelles pour ne pas être entraîné. Évidemment, chaque niveau se conclut par un boss, souvent impressionnant, mais finalement généralement assez peu coriace.
Pour en revenir aux niveaux, il est à signaler qu’ils sont construits de façon absolument magnifique ! J’ai rarement vu dans un jeu de ce type des niveaux aussi intéressants et riches. Riches par leur variété, par leur ambiance mais aussi par leur originalité. Ainsi la dernière partie du second niveau se passe-t-elle sur un radeau bringuebalé sur une mer déchaînée, les vagues atteignant visiblement une bonne quinzaine de mètres ! Cependant que le tonnerre gronde, Arthur est aux prises avec des monstres et s’infiltre entre les coraux. Certains niveaux utilisent également de façon parfaite le Mode 7 de la console, comme celui se passant dans ce qui semble être les intestins d’une gigantesque créature ou un autre, composé de tours que vous gravirez grâce aux corniches courant le long des façades. L’illusion de rotation des tours est reproduite de façon assez convaincante grâce au Mode 7, un peu de la même manière que Nebulus sur ST et Amiga. Bref, les niveaux, tant d’un point de vue de la construction que de l’esthétique, sont absolument enthousiasmants.
Comme dans Ghouls ‘n Ghosts, Arthur pourra utiliser des armes pour abattre les ennemis. Certaines sont différentes (la faux remplace le bouclier) mais on retrouve les classiques lance, couteau et flambeau de la série. On retrouve également l’armure d’acier qui équipe Arthur en début de jeu, et qui est perdue lors d’un contact avec un adversaire. Des coffres cachés permettent parfois d’en récupérer une mais peuvent aussi contenir une nouvelle arme, ou encore un magicien que vous devrez tuer avant qu’il ne vous lance son sort, qui vous métamorphose pendant quelques secondes en petite fille ou encore en vieillard, en fonction de l’amure que vous portez. Car ce sont deux armures, outre celle en acier, que le héros peut revêtir. L’armure de bronze augmente la puissance de votre arme alors que l’armure dorée (qui existait déjà dans G&G) permet d’utiliser un pouvoir spécial (différent en fonction de l’arme utilisée) en laissant appuyé le bouton de tir pendant quelques secondes. Ces armures, vous pourrez les récupérer en ouvrant des coffres. Si vous parvenez à ouvrir 3 coffres sans vous faire toucher, le dernier contiendra une armure de qualité supérieure. Une fois l’armure d’or obtenue, vous pourrez obtenir un bouclier partiellement efficace contre les tirs ennemis quand vous restez statique.
D’une grande qualité tant esthétique que technique, les graphismes sont extrêmement convaincants. Les décors, je l’ai écrit plus haut, sont souvent superbes et très variés alors que les ennemis sont fins et détaillés. Ceci avec une animation qui ne souffre d’aucun défaut. Le scrolling multidirectionnel sur plusieurs niveaux se déroule sans anicroches. L’utilisation maîtrisée du Mode 7 permet des effets visuels impressionnants et des phases de jeu qui tranchent avec la plupart des autres jeux du genre. Mention également pour les musiques qui, en plus de s’accorder parfaitement à l’action et à l’ambiance du jeu, sont mélodiquement très réussies. Les commandes sont souples et répondent parfaitement. Si on regrette l’impossibilité de tirer vers le haut ou le bas comme dans la version arcade, cela est compensé par un système de double saut qui est rapidement maîtrisé. Le niveau de difficulté, relativement relevé, reste néanmoins accessible au commun des mortels.
En un mot comme en cent, Capcom nous a livré là un jeu exceptionnel, sans aucun doute dans mon Top 10 de la Super Nintendo toutes catégories de jeu confondues. On aurait pu craindre du changement des niveaux, mais au final c’est l’enthousiasme qui l’emporte. Ceux qui avaient investi dans le jeu sur la Mega Drive ou la Supergraph’X ont donc pu se tourner sans problème vers cette version, les deux jeux étant tout à fait complémentaires…