Parmi les hordes de mascottes plus ou moins charismatiques qui ont émaillé les jeux consoles des années 90, s’il en est une dont on peut regretter la disparition prématurée, c’est bien Sparkster, le chevalier-roquette. Apparu à l’origine sur Megadrive, dans la première et mémorable fournée de jeux Konami pour les consoles Sega, cet opossum cuirassé avait bouleversé le microcosme des jeux de plates-formes en offrant une aventure résolument originale et bourrée de surprises, transformant instantanément ce coup de sonde de la firme japonaise en un coup de maître. Un an plus tard, Sparkster revenait pour un tour de piste sur les deux consoles rivales, permettant enfin aux nintendomaniaques de découvrir ce petit personnage diablement attachant. Comme à son habitude, Konami ne s’était pas fichu du monde et avait offert deux jeux bien différents aux possesseurs de Megadrive et de Super NES. Alors que la version Sega peut être perçue comme une suite du fabuleux Rocket Knight Adventures, la version Nintendo est plutôt un simple spin-off de la série, puisqu’il s’agit de l’unique jeu sur cette machine à mettre en scène l’opposum en jet-pack.
Sparkster version Super NES s’avère malgré tout assez proche du premier jeu sur Megadrive. Le petit héros combat à l’aide d’une épée magique qui tire des croissants d’énergie, et son jet-pack lui permet de décoller très haut dans le ciel ou de foncer à pleine vitesse sur ses ennemis, l’épée fièrement dressée devant lui. En bon marsupial, Sparkster peut également s’accrocher à toutes sortes de lianes ou de câbles avec sa queue préhensile, ramasser des rubis pour augmenter son score, et se nourrir de bananes et de pommes pour récupérer de l’énergie. L’armada mécanisée que Sparkster combattra est proche de celle du premier jeu, si ce n’est que les ennemis porcins sont ici des sortes de chacals, mais ils sont tout aussi froussards que leurs alter-égos lorsqu’ils fuient en calebard après avoir été touchés par Sparkster ! Sparkster signe également le grand retour d’Axl Gear, la némésis diabolique de Sparkster, tout à fait identique au héros si ce n’est qu’il porte une armure noire.
Si la progression ne déroge pas aux principes classiques des softs du genre quand on la juge globalement, on retrouve dans cet épisode toutes ces petites trouvailles intéressantes qui font de cette série une des plus réussies qui soient sur console 16-bits. La présence du jet-pack (qu’il faut préalablement charger pour le rendre utilisable) permet d’aller jeter un œil à ce qui se passe dans les hauteurs de l’écran ou de progresser à la verticale dans nombre de stages et ce, y compris en ricochant contre les murs (puisqu’une fois le jet-pack à court d’énergie, l’opposum retombe en battant frénétiquement des bras et sans pouvoir diriger sa chute). Mais Sparkster propose aussi une myriade de séquences et de détails originaux au fil du jeu, véritable marque de fabrique de la série. On se contentera de citer le boss en forme de singe-robot qui tient dans ses pattes des bananes régénératrices, cette course endiablée sur le dos d’une autruche mécanique ou ce niveau dans la pyramide où il faudra actionner des mécanismes pour changer l’orientation des galeries et rejoindre la sortie du niveau.
Réalisation technique :
Sparkster fait partie de ces réalisations qui déclenchent instantanément une vague de sympathie à leur égard. Sans être la plus grande réussite de la console, Sparkster propose une réalisation portant clairement la griffe Konami, c’est-à-dire de très haute qualité. L’univers imaginé par les concepteurs, mélange de fantasy et de technologie industrielle, est toujours aussi attrayant et original ; les décors sont chatoyants, les ennemis et les créatures sont attachants, même quand il s’agit de machines, et on retrouve le petit héros à l’allure décidée et aux multiples expressions de surprise ou de frayeur. On pourra seulement regretter que, contrairement à la version Megadrive qui proposait souvent de petites cut-scenes entre les stages, Sparkster propose simplement une succession d’univers différents, sans lien évident entre eux. L’animation est impeccable : moins impressionnante que sur Megadrive au niveau des effets spéciaux, elle propose néanmoins un scrolling au dessus de tout soupçon et un rythme de jeu particulièrement soutenu. Pour ce qui tient à la maîtrise du personnage, ici aussi c’est du Konami tout craché : souple, parfaitement calibrée, répondant parfaitement aux injonctions… parfaite, en un mot ! Le niveau de difficulté est légèrement inférieur à celui du premier jeu, ce qui n’est pas un défaut tant ce dernier s’avérait redoutable à l’occasion. Enfin, la bande sonore vient confirmer cette excellente appréciation avec des bruitages mémorables et des thèmes héroïques qui ne le sont pas moins !
En bref : 17/20
Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur un jeu de plates-formes aussi intéressant que Sparkster, techniquement irréprochable, passionnant, et non inspiré d’un dessin animé ou d’un manga. Riche en surprises et en séquences mémorables, Sparkster est un morceau de choix sur la console. Histoire de chipoter pour le plaisir, je dois quand même admettre que malgré toutes ses qualités, Sparkster est moins mémorable que Rocket Knight Adventures, qui figure probablement dans les 10 meilleurs jeux de plates-formes de tous les temps. Peut être est-ce simplement l’effet de surprise qui manque à cet épisode ? Quoi qu’il en soit, Sparkster reste un excellent choix pour tous les joueurs.