Sa.Ga est sans doute la moins connue des séries de Squaresoft, en tout cas pour nous autres, Européens. Il faut dire que sa parution sur notre territoire ne s’est faite qu’avec le second Sa.Ga Frontier en… 2000 ! Avant lui il y eut un premier Sa.Ga Frontier, mais surtout deux trilogies d’importance : les Sa.Ga tout court, connus en Amérique sous le titre abusif de Final Fantasy Legend, et les Romancing Sa.Ga, dont ce troisième volet représente l’aboutissement.
NON MADAME, POUSSEZ PAS FINALEMENT, IL EST MINUIT
Tous les trois cents ans se produit une éclipse. Jusque là, rien qui ne retienne l’attention, à part peut-être celle des astronomes avertis. L’ennui, c’est que cette éclipse provoque de lourds dégâts, puisque tous les bébés nés le jour de l’évènement succombent immédiatement. C’est con que l’accouchement provoqué n’existe pas encore au Moyen-Age… Malgré tout, il y a un peu plus de six cents ans, un bébé a survécu. Et il est devenu le Seigneur Maudit, conquérant la planète avant de la laisser aux mains de ses Quatre Généraux. Trois cents ans plus tard, un autre enfant survécut. Lui devint le Seigneur Sacré, défit les Généraux et scella le Seigneur Maudit.
Aujourd’hui, trois cent dix ans se sont écoulés. Et le peuple redoute de découvrir le nouvel Élu. Remarquez je les comprends, vu qu’en toute logique il doit plus rester qu’un bad boy en magasin.
ON PREND TOUT ET ON RECYCLE
Romancing Sa.Ga 3 est un RPG classique, au tour par tour, qui a pour particularité (c’est rare sur console) de vous laisser le choix du héros. Contrairement aux Sa.Ga Frontier, tous les héros suivent la même histoire, mais parfois avec de petits changements.
Pour commencer vous choisirez votre sexe (du moins celui de votre avatar, je suppose que le vôtre est à peu près déterminé depuis le temps), puis l’un des quatre personnages sélectionnables de ce sexe. Il y a donc huit choix en tout et pour tout, nos amis hermaphrodites ou transsexuels n’ayant pas été représentés dans le jeu. Ce premier choix effectué, il reste encore à déterminer votre classe parmi cinq (ceci déterminant vos statistiques de base : le guerrier sera par exemple plus puissant, le chasseur plus précis…), puis votre spécialité, c’est-à-dire le type d’armes pour lequel vous allez gagner un petit bonus. Ceci ressemble donc pas mal aux RPG à l’occidentale, à ceci près qu’on ne choisit pas la tronche de son perso.
Dans son déroulement, Romancing Sa.Ga est assez classique. Il s’agira de visiter des bleds, de parler à des PNJ pour obtenir des informations, de se soumettre aux inévitables combats aléatoires, de vaincre des boss dans des donjons tortueux… Votre équipe sera constituée de cinq personnages au maximum. Il y a une trentaine de combattants à recruter, et il sera d’ailleurs possible de faire équipe, au moins pour un temps, avec l’un des sept autres héros que vous avez laissés derrière vous.
Le système de combat propre à la série est assez particulier. Vous devrez choisir votre formation, de préférence en mettant les mages et les soigneurs sur les côtés, et les grosses brutasses à l’avant. Le cinquième perso sert de soutien. À votre tour de jeu, vous sélectionnez les actions que feront chacun de vos combattants dans un menu propre à chacun. Certains ne peuvent qu’attaquer, d’autres disposent d’attaques spéciales… Ensuite, ils vont attaquer chacun à leur tour lorsque ce sera à eux.
Mais le truc le plus intéressant dans ce système, c’est lorsque vous mettez le leader en cinquième position. Dans ce cas-là, vous passez en mode Commander, et il devient possible d’attaquer à plusieurs et de réaliser des techniques et magies de groupe complètement dévastatrices !
Abordons maintenant le système d’évolution du jeu. Là, il risque d’y avoir des mécontents, puisque le jeu reprend grosso modo le système tant décrié de Final Fantasy II. Si vos statistiques de force, défense, charisme, etc. demeurent fixes durant tout le jeu, le fait est que vous allez pouvoir vous perfectionner au combat.
Ainsi, plus vous utilisez un type d’arme et plus vous deviendrez puissant en utilisant une arme de ce type. De même, il existe six sortes de magies (quatre élémentales et deux astrales) qui, là encore, seront de mieux en mieux maîtrisées à mesure que vous en userez. En outre, de temps à autres vous apprendrez de nouvelles techniques spéciales. Là encore vous devrez les utiliser plusieurs fois avant de les maîtriser.
Enfin, parlons un peu des commandes. En ce qui concerne les menus, c’est bien simple : le bouton A permet de valider un choix, B de l’annuler. Sur l’atlas, le bouton Y sert à courir. Et enfin, le bouton X permet d’afficher votre état de santé lors des combats, mais également de ressortir immédiatement d’une ville lorsque vous êtes en pleine exploration. Malheureusement, cela ne fonctionne pas dans les donjons.
ROMANTIQUE TACTIQUE
Côté scénario, il est clair que Romancing Sa.Ga 3 n’apporte rien de neuf. Les développeurs de la série n’ont jamais misé sur les grandes histoires et les cinématiques à foison, mais plus sur le plaisir de jeu immédiat.
Visuellement, on est dans le haut du panier. En arrondissant grossièrement, on pourra dire que Romancing Sa.Ga 3 est équivalent, pour ce qui est de la richesse visuelle, aux sixièmes volets des séries leaders du marché, Dragon Quest et Final Fantasy. RS3 est peut-être un peu moins fin, un peu moins coloré, mais on sent bien que l’on est sur un jeu de fin de vie de la console. En témoignent les combats dantesques contre les Seigneurs des Abysses.
Les combats, justement, sont joliment animés, les villes paraissent vivantes et les effets visuels sont de toute beauté, notamment lorsqu’il s’agit d’utiliser les sorts de plus haut niveau (équivalents des invocations dans les FF). Quant à la bande-son, elle est signée Kenji Ito, et pour les connaisseurs ceci est un gage de réussite.
Pour ce qui est de la jouabilité, par contre, le débat est plus vaste. En principe on adore ou on déteste, mais il n’y a pas de juste milieu. Vous comprendrez, au vu de ma note, que j’ai adoré ! Mais quand bien même ce système vous plaît, il n’est pas dit que vous trouviez le courage d’aller jusqu’au bout : la difficulté est comme toujours très élevée (Sa.Ga est reconnue comme une série bien chaude) et le système d’évolution, s’il est moins chiant que celui de FF II, reste assez lourd.
De fait, la cartouche vous promet quelques dizaines d’heures bien remplies. Remplies de pleurs à chaudes larmes, de grosses colères, de joies limite orgasmiques lorsque vous parvenez à vaincre certains boss… Notez au passage que la rom a été traduite en anglais, ce qui permet de profiter du jeu dans les meilleures conditions.