S’il est bien une véritable légende du jeu vidéo à avoir été adaptée sur presque tous les formats existants, c’est bien Prince of Persia. Publié à l’origine en 1989, Prince of Persia est à mon sens, un des dix jeux les plus capitaux de toute l’histoire du jeu vidéo. Pas vraiment pour son scénario : cette histoire de princesse séquestrée par un grand vizir et qu’un jeune homme au cœur pur doit secourir est désespérément classique, mais bien pour son animation extraordinaire pour l’époque, qui faisait entrer la notion de « réalisme » par la grande porte au sein du monde vidéo-ludique. Le concepteur du jeu original, Jordan Mechner, avait passé de nombreuses heures à filmer des mouvements très réalistes et à les inclure dans son logiciel, avec pour résultat qu’on n’avait jamais vu jusqu’alors un personnage de jeu dont les mouvements étaient aussi fidèles que la réalité.
Le jeu en lui même se présentait comme un jeu de plates-formes d’un genre nouveau, où la précision la plus absolue était de rigueur. Le héros devrait franchir une succession de donjons tortueux pour libérer sa promise. Ces donjons proposaient un nombre impressionnant de dalles branlantes dont certaines permettaient d’actionner l’ouverture de portes ou de grilles, tandis que les autres n’étaient qu’un aller simple pour une chute mortelle de plusieurs dizaines de mètres. On trouvait également tout au long des niveaux des pièges vicieux (trous garnis de pointes qui surgissent subitement, rangées de scies avides de trancher le prince en deux parties égales…) en nombre incalculable et quelques gardes plus ou moins redoutables. L’accent était donc mis, non pas sur les ennemis, mais bien sur les réflexes et l’adresse du joueur dans les sauts et les mouvements à effectuer.
Les sauts de Prince of Persia ! A leur seule évocation, ce sont des souvenirs de nuits entières à s’arracher les cheveux sur un passage en apparence infranchissable qui refont surface ! Qui n’a jamais sombré dans le désespoir face à ces acrobaties à réaliser au millimètre près et à ces séquences nécessitant un timing à s’arracher les cheveux (du genre : aller à droite actionner l’ouverture de la grille, puis revenir à toute vitesse en réalisant trois sauts très précis et en se raccrochant in-extremis au rebord pour le dernier d’entre eux). Dernier élément innovant dans Prince of Persia : le temps limité. On disposait en tout et pour tout d’une heure pour terminer tous les niveaux. Ce système était parfois frustrant puisqu’il était possible d’échouer au tout dernier niveau si on avait trop traîné dans les niveaux précédents !
Ce portage Super NES, probablement la plus réussie de toutes les adaptations, propose non seulement une grande quantité de nouveaux niveaux qui n’étaient pas repris dans le jeu original (le temps limité est de 2 heures dans cette version) mais également des décors revus et corrigés par Konami.
Réalisation technique :
L’animation du jeune héros reste identique à ce qu’elle était à l’origine, à savoir souple et réaliste. On a évidemment vu beaucoup mieux depuis lors mais elle n’en reste pas moins très plaisante à admirer. Les graphismes sont relativement fins et détaillés et, par rapport aux autres versions, font l’objet de nombreuses améliorations. Oh, pas grand chose en soi : de hautes salles persanes aux colonnades joliment décorées, des ponts de pierre perdus dans la nuit orientale pour passer d’une section du palais à l’autre ou encore, des cavernes volcaniques. Même les niveaux « classiques » font l’objet de petits changements (frises différentes sur les murs, décoration des portes, etc…). Ce n’est pas grand chose mais cela résout le problème de la monotonie originelle des décors de Prince of Persia. La jouabilité reste délicate à prendre en main pour ceux qui n’auraient jamais expérimenté Prince of Persia, mais cette version Super NES me semble plus maniable et moins vexatoire que certains portages sur d’autres consoles. Enfin, quelques thèmes arabisants de bonne facture rythment la progression et les bruitages, peu nombreux, restent néanmoins de qualité.
En bref : 18/20
Sauf si on est définitivement réfractaire aux principes de jeu de Prince of Persia, cette version Super NES est sans nul doute la meilleure adaptation existante de ce jeu mythique, la seule qui s’écarte, sur la forme comme sur le fond, de la version originale, et lui apporte une réellr plus-value. Incontournable !