Drôle de petit personnage, surgi de nulle part en 1994, Plok est une sorte de lutin aux contours indéfinissables, avec des petits bras et des petites jambes détachables, qui vit sur l’île d’Akrilik, dans le pays de Polyesta ( !). Plok coule donc des jours heureux sur son île paradisiaque, où sa principale activité consiste à admirer le beau drapeau à son effigie qui flotte au dessus de sa maison. Or, un beau matin, voilà que l’univers bien rangé de Plok s’effondre: on a volé son beau drapeau. Très mécontent, limite brisé et dépressif, Plok se rend compte que son drapeau se trouve sur l’île voisine. Il prend donc son petit bateau et se rend sur place, bien décidé à faire payer le vol à ses voisins peu scrupuleux. L’affaire rondement menée, Plok revient chez lui pour constater que tous les drapeaux de l’île ont été dérobés par d’affreuses puces. C’en est trop pour Plok : dut-il y passer le restant de ses jours, il retrouvera tous les chers disparus. Enfin ! Voilà un héros bien égoïste, qui ne s’occupe que de ses petites affaires et n’a pas l’idée saugrenue d’aller sauver le monde en permanence ! Sa micro quête se révélera cependant beaucoup plus compliquée que prévu, le monde étant vaste et ses habitants pas toujours bien disposés vis-à-vis de lutins qui égarent leurs drapeaux.
Les très nombreux niveaux de Plok sont assez longs mais dans chacun d’entre eux, l’objectif sera de parvenir jusqu’au mat du drapeau pour y hisser le blason aux couleurs de Plok. Pour obtenir le drapeau, il faudra cependant accomplir certaines actions, comme tuer un certain nombre de puces à travers tout le niveau. On trouve aussi de très nombreux bonus en forme de coquillages qui n’ont pour seule utilité que de rapporter des points et, au bout d’un certain nombre de points, des vies supplémentaires. Plus intéressant, les cadeaux surprise permettront à Plok de récupérer un déguisement aux effets variés, comme le costume de chasseur avec lequel Plok pourra tirer une volée de grenailles sur ses adversaires, ce qui remplace avantageusement son mode d’attaque de base.
Ce mode d’attaque de base est d’ailleurs l’un des plus originaux qu’il m’ait été donné de rencontrer dans un jeu. Comme indiqué plus haut, les bras et les jambes de Plok sont détachables, et ils lui servent donc de projectile contre les hordes de puces qui infestent l’île d’Akrilik. Une sorte de Rayman avant l’heure en quelque sorte. Plok peut donc tirer jusqu’à quatre projectiles simultanément. Ces membres de Plok peuvent parcourir un bon tiers de l’écran avant de revenir s’accrocher à son corps comme un boomerang. L’originalité provient du fait que, si Plok tire ses quatre membres en une fois il n’a plus de membres ! C’est logique. Donc, pendant le laps de temps où ses membres sont séparés de son corps, le pauvre Plok se casse la figure. S’il se trouve alors dans une pente, il dévalera la pente sans qu’on puisse rien y faire, puisqu’il n’est plus possible de le manoeuvrer correctement. Il est donc important de faire très attention à l’usage que l’on fait de l’unique moyen de déplacement de Plok, surtout si on se trouve près d’un gouffre.. ! Plok peut également sauter plus haut en se roulant en boule comme Sonic mais, contrairement au célèbre hérisson, il ne peut pas éliminer ses ennemis de cette façon.
Réalisation technique :
Plok est l’un des rares jeux Super NES à posséder une identité graphique résolument originale, qui ne soit pas issue d’un film ou d’un dessin animé ni ne verse dans un classicisme ennuyeux. Le petit personnage est très sympathique, les décors aux couleurs pastels sont originaux et l’univers de Plok, plutôt bien imaginé, est attachant. Certains joueurs seront peut être réfractaires à l’esprit très enfantin des décors. En ce qui me concerne, la touche graphique de Plok est tellement unique qu’elle me séduit instinctivement. L’animation est nickel, même si on ne dénote ni effets spéciaux renversants, ni prouesses techniques particulièrement mémorables. La jouabilité est tout aussi efficace, et le principe de se retrouver avec un Plok paraplégique lorsqu’on compte un peu trop sur le tir en rafales apporte un peu de piment à l’aventure. Pour terminer, les thèmes musicaux de Tim Follin sont du grand art, avec des mélodies poétiques et au contraire, très funky et rythmées.
En bref : 17/20
Original, mignon et plein de surprises, Plok est un outsider du jeu de plates-formes Super NES auprès duquel nombre de jeu auto-proclamés « hits » pourraient prendre des leçons. Ne comptant que sur ses capacités propres et non sur une quelconque réputation ou licence à succès, Plok propose un challenge très intéressant, une longue durée de vie, de l’humour, des réflexes et des paysages enchanteurs. La maniabilité est parfois un peu rageante, mais il ne tient qu’au joueur de faire preuve d’un minimum de retenue dans ses attaques. Un excellent jeu de plates-formes, d’une originalité qui n’était pas vraiment la norme à l’époque.