A cette époque héroïque, tout le monde ne jurait que par le basket-ball et la NBA. Bien conscients de cet engouement, des éditeurs comme Electronics Arts sortaient année après année de laborieuses simulations dont pratiquement seuls le nom et la sélection du moment évoluaient (Lakers vs Celtics, Bulls vs Lakers, etc.). En 1994, NBA Jam déboula sur le ring et flanqua une monumentale raclée à tous ses concurrents. Pourtant, bien que le jeu présente plus d’une cinquantaine de joueurs réels répartis sur 26 équipes officielles, le célébrissime Michael Jordan – alors considéré comme un demi-dieu – ne figure même pas dans la sélection. Ce qui n’empêcha aucunement NBA Jam de renvoyer promptement tous les simulations rivales à leurs chères études. La supériorité de NBA Jam tenait à deux éléments : le fun et l’absence totale de réalisme, tout simplement. Les programmeurs d’Electronics Arts tentaient péniblement d’insuffler un soupçon de réalisme au basket sur console… et n’arrivaient qu’à accoucher de softs lents et ennuyeux. Au contraire, Midway avait parfaitement pris la mesure de la mythologie et du véritable culte de la personnalité qui entouraient des athlètes tels que Jordan, Pippen ou Johnson. Aux yeux d’une part non négligeable de leur fan-base, les champions de basket cessaient d’être de simples sportifs pour devenir des espèces de surhommes qui n’auraient pas dépareillé dans un épisode de Dragon Ball Z… !
C’est sans doute la raison pour laquelle, dans NBA Jam, les grands noms de la NBA n’obéissent à aucune règle, poussent violemment leurs adversaires pour s’emparer du ballon, réussissent des tirs à trois points depuis l’autre bout du terrain et bondissent à quatre ou cinq mètres de hauteur pour réaliser un slam dunk qui fera exploser le panneau en mille morceaux ! Encore plus fort, lorsqu’un joueur parvient à marquer trois paniers de suite, la balle s’enflamme et le joueur dispose alors d’une augmentation perpétuelle de sa vitesse et d’une précision accrue dans les tirs et ce, jusqu’à ce que l’équipe adverse ait réussi à marquer à son tour un panier. Sans être gratuitement violent comme un Hit the Ice (célèbre jeu de hockey sur glace gore), NBA Jam se rapproche – en dépit de son contexte officiel – de l’idée qu’on se fait du basket de rue pratiqué par les gangs de South Central.
Que ce soit en mode solo ou en mode « Head to Head », chaque joueur contrôlera alternativement chacun des deux basketteurs de son équipe. NBA Jam passe la main automatiquement au joueur ayant la balle en main et, même s’il faut un petit temps d’adaptation pour s’y retrouver, on apprend très vite à effectuer des passes vicieuses au dernier moment histoire de faire perdre les pédales à ses adversaires. Le choix de l’équipe a toute son importance puisque chaque basketteur dispose de capacités différentes, réparties en plusieurs catégories comme la vitesse, le tir à trois points, le dunk classique, etc. Selon le style de jeu qui aura vos faveurs, vous trouverez donc rapidement chaussure à votre pied.
Le jeu inclut également une fonction de sauvegarde qui vous permet de ne pas perdre votre progression lors du jeu solo.
Réalisation technique :
Sans atteindre l’excellente qualité de la version arcade, ce portage Super Nes reste celui qui s’en approche le plus. Malgré la présence d’un seul malheureux terrain de jeu, les joueurs sont correctement digitalisés, les parties sont rapides et les mouvements réalistes. Les bruitages sont réalistes (je n’avais jamais entendu des bruits de ballon aussi crédibles à l’époque) et les nombreux commentaires audio (dont certains, comme le « Boom-shakalaka » en cas de slam dunk extraordinaire, sont passés à la postérité) apportent un réalisme bienvenu aux matchs. NBA Jam ne souffre d’aucune faiblesse dans la jouabilité, bien que la très grande vitesse des échanges rende parfois les déplacements des basketteurs un peu imprécis.
En bref : 17/20
Sans être aussi fun qu’en arcade, NBA Jam fait partie des simulations sportives les plus délirantes de ces années-là. Si le mode solo, à moins d’être totalement fan de la NBA, se montre un peu ennuyeux, les parties à deux joueurs n’ont rien perdu de leur saveur et enterrent sans difficulté tout autre jeu de basket de la même époque. Violent, drôle et défoulant au possible, cette première version s’impose comme la plus réussie et innovante de toutes. Les suivantes ne feront que réutiliser la même recette sans grande conviction.