Si Enix est surtout connu pour ses Dragon Quest, il ne faut pas oublier que c’est avant tout un éditeur. Un éditeur de jeux vidéo bien entendu (d’ailleurs les DraQue n’ont jamais été développés en interne, mais par des studios tels que Level 5, ArtePiazza ou Chunsoft), mais également de mangas. Et quoi de plus naturel, dès lors, que de porter ses licences sur consoles ? Nankoku Shounen Papuwa-kun a donc d’abord été un manga en sept volumes avant de devenir un jeu.
Et quel jeu !
L’ESPOIR FAIT VIVRE DANS L’IGNORANCE
On incarne Shintaro, une vague incessante d’ennemis lancée à ses trousses, persuadés que le gars détient un formidable trésor, la Statue des Désirs. Bien entendu ce n’est pas le cas, mais cette hargne commune intrigue le héros, qui part donc enquêter à propos de ce mystère sur une île étrange apparue subitement à côté de Papuwa.
LE FILS SPIRITUEL DE SAN GOKU
Nankoku Shounen Papuwa-kun est un jeu de plates-formes inspiré du manga, qui lui-même puisait son ambiance et son humour dans d’autres shonen, et notamment dans les premiers Dragon Ball. L’aventure se décompose en huit niveaux qui représentent les huit secteurs de l’île, et qui comprennent chacun un à trois niveaux, sans oublier une séquence dédiée aux boss.
Des cavernes les plus profondes aux plus hautes montagnes, en passant par la ville, la plage ou encore les falaises, votre périple vous fera prendre conscience de la grande diversité géographique que recèlent ces quelques kilomètres carrés. Et de la grande diversité biologique également, puisque vous devrez faire face aussi bien à des parapluies volants qu’à des aubergines sur pattes, ou encore à des taupes bien agressives… Un casting délirant qui ferait facilement passer Nankoku Shounen Papuwa-kun pour un Parodius à pied. Le dernier boss, d’ailleurs, sonne presque comme un hommage.
Comme tout bon émule de San Goku, Shintaro est capable de bondir sur ses adversaires (bouton B), de leur asséner des coups de poing et de pied (selon que vous vous trouvez au sol ou dans les airs) si vous appuyez sur Y, et même de réaliser une sorte de Kaméha, puissant rayon d’énergie que vous faites jaillir de vos petites mimines en appuyant sur la touche A. Cependant, cette attaque dévastatrice se doit d’être utilisée avec parcimonie - c’est qui celle-là ? - puisqu’elle n’est disponible qu’en quantité limitée.
Bien évidemment, vous pourrez de temps à autre refaire le plein en découvrant des orbes bleus, généralement planqués sous des rochers qu’il faudra au préalable briser. Vous trouverez également des vies supplémentaires, ainsi que de la nourriture pour vous soigner.
Enfin, ne reniant pas complètement ses amours erpégesques, Enix propose un système de points d’expérience qui fait que plus vous tuerez d’ennemis, plus vos coups (normaux) deviendront puissants. N’oubliez pas non plus de récupérer les quelques clefs qui se planquent dans les niveaux, et qui permettent de déverrouiller l’accès à toutes sortes de bonus, mais également de délivrer vos amis animaux.
Ces derniers, enfermés par les méchants, récompenseront votre sollicitude en vous offrant leur aide : le ver de terre et la grenouille vous permettent d’atteindre des hauteurs insoupçonnées, alors que le poisson, l’escargot et l’anguille vous aident à traverser les longues distances couvertes de piques, tout en dégommant les adversaires.
DES RATÉS DANS LE MOTEUR
Si le jeu ne permet pas de découvrir complètement l’histoire du manga, le fait que la rom ait été traduite en anglais permet au moins de savourer comme il se doit les dialogues, bourrés d’humour débile et donc jubilatoires.
Un délire que l’on retrouve bien évidemment en ce qui concerne l’aspect visuel du jeu, et si les décors sont finalement assez sages, voire tristounets pour certains, la belle brochette d’ennemis loufoques et la palette d’animations humoristiques propre à chacun se révèlent franchement amusantes. Ajoutons des bruitages là encore bien poilants et une bande-son entraînante, et nous avons sous les yeux un jeu qui respire une bonne humeur contagieuse.
Bonne humeur qui se transforme malheureusement en déception, voire en rage, lorsqu’il s’agit d’aborder le chapitre de la jouabilité. Car sur ce point en particulier, certaines erreurs sont impardonnables. Ainsi en est-il des problèmes de détection des collisions : il n’est pas rare de manquer un coup alors que, de toute évidence, le sprite adverse avait été touché, et cela se révèle particulièrement emmerdant, n’ayons pas peur du mot, face au dernier boss où la « fenêtre de tir » est minimale.
De fait la difficulté, qui jusque là oscillait entre le minimum syndical et le gentiment ardu, grimpe en flèche en toute fin de jeu, et même pas pour les bonnes raisons. Un constat vraiment regrettable tant ce jeu aurait pu avoir tout pour lui.