Dans la veine des Parodius et autres Pop’n Twin Bee, Cotton 100% est un shoot them up qui se déroule dans un univers enchanté, et l’objet à piloter est une petite sorcière aux cheveux roses, juchée sur son balai magique. Cotton 100% ressemble en fait beaucoup à Magical Chase, sorti en 1991 sur PC Engine, mais s’avère encore supérieur à cet excellent petit shmup nippon.
On ne s’attardera pas sur le scénario, qui fait l’objet de nombreuses séquences intermédiaires en langue japonaise entre les stages, et qui doit probablement faire référence aux forces du mal, à une contrée autrefois paisible, et à un héroïne qui ne demandait pas vraiment à l’être. Pour résumer Cotton 100% de manière simple, imaginez que vous êtes en face d’un excellent shoot them up classique, à la Gradius ou Salamander, et essayez alors de transposer tous les bonus, ennemis, boss et autres joyeusetés galactiques au pays des fées ! La petite sorcière possède donc un tir de base, plus la faculté de lancer des bombes au sol. On choisit dès le départ les super pouvoirs de la sorcière parmi plusieurs combinaisons de trois pouvoirs. Parmi ceux-ci, on trouve par exemple une grosse giclée de flammes, des faisceaux basés sur la foudre, ou encore une bulle protectrice qui permet d’encaisser quelques impacts sans dommages. Bien entendu ces attaques, toutes ravageuses qu’elles soient, sont à utiliser avec parcimonie car on n’en bénéficie pas très souvent. Les petits modules de soutien, incontournables alliés dans tout shoot them up digne de ce nom, sont ici incarnés par de minuscules fées, au nombre de trois maximum. Il est possible de modifier la position de ces modules-fées quand on le souhaite, de manière à pouvoir réagir au mieux à toute configuration adverse qui se présente.
Reste le grand point fort de Cotton 100% : son univers. Tout au long du jeu, on traversera des mondes aquatiques, des volcans, de paisibles cimetières, ou des forêts marécageuses. Ces lieux champêtres sont peuplés de hordes de petits lutins lanceurs de haches, de dragonnets lanceurs de tridents, de pleines escadrilles d’étranges yeux volants, de petites crevettes transparentes, d’hippocampes grincheux, de têtes de citrouille, de petites goules, d’archers miniatures, de statues de crapaud qui tirent des faisceaux lumineux, et de plein d’autres petites bestioles amusantes que je vous laisse la joie de découvrir. Les boss, eux aussi, font véritablement plaisir à voir, tant ils sont originaux, imaginatifs et magnifiquement designés. Qu’il s’agisse du phénix, de la femme morte dont la tête se sépare du corps, ou du vieux chêne peuplé d’une famille d’écureuils très vindicatifs, on attend avec impatience chaque moitié de niveau pour voir quelle tronche aura le monstre suivant. Cet univers et ses habitants ne sont pas typiquement japonais comme on aurait pu s’y attendre (même si l’influence est indéniable), mais consistent plutôt en un vaste melting-pot de tout et n’importe quoi.
Réalisation technique :
Cotton 100% propose des graphismes parmi les plus fouillés et réussis de la Super NES. On est impressionné par la finesse et la recherche artistique des différents stages, et on tombe totalement sous le charme des adorables petites bestioles qu’on doit dessouder, ainsi que de l’atmosphère surréaliste que dégage cet univers magique. Pour ne rien gâcher, l’aventure est servie par une bande-son de toute beauté, avec des thèmes musicaux tout aussi farfelus et poétiques que les graphismes. Au niveau de sa difficulté, Cotton 100% tient la route. On avance dans le jeu avec régularité, même si certains passages nécessitent pas mal de réflexes pour s’en tirer vivant. Enfin – et c’est toujours un plaisir de le signaler, tant la Super NES nous avait habitués à un désastre dans ses premières années d’existence – Cotton 100% ne souffre aucunement du moindre ralentissement intempestif. Les projectiles fusent de partout par dizaines, les effets spéciaux et les explosions sont légion et pourtant, jamais la moindre saccade, jamais le moindre couac visuel ne se fait sentir. Du grand art !
En bref : 17/20
Parmi les shoot them up kawaï de la Super NES, Cotton 100% s’impose comme une référence du genre. Moins farfelu que Parodius mais beaucoup mieux réalisé, Cotton est un shmup passionnant, original, et qui confine à une certaine perfection technique. Les experts en la matière regretteront peut être sa relative facilité, mais les joueurs moins portés sur le challenge et ouverts à la fantaisie nippone vivront une expérience parmi les plus intéressantes que la console ait à proposer.