Waouuhhh… ça, c’est de la belle daube ! De la daube digne. De la daube noble. De la daube qui s’assume et tient son rang. J’avais de très sérieux doutes à la base sur la qualité d’un soft basé sur Last Action Hero, prétendant malchanceux au titre de blockbuster de l’année 93. Non pas que cette Schwarzeneguerrerie était un pur nanard ciné : dans le genre série B parodique, il était même plutôt intéressant. Mais parfois, j’ai du nez pour certaines choses. Prenez les jeux basés sur la licence Jurassic Park par exemple : malgré quelques défauts, on savait à l’avance que les développeurs allaient essayer de faire quelque chose de réussi. Même remarque pour les jeux estampillés Star Wars. Mais Last Action Hero… j’ignore pourquoi mais ça sentait le sapin dès le départ.
On contrôle Jack Slater, le personnage de fiction joué par Arnold Schwarzenegger dans ce film-dans-le-film, et on tabasse des voyous tout au long des niveaux. Enfin… du niveau. J’avoue à ma grande honte que le début du deuxième stage représente le point extrême de ma progression dans Last Action Hero. Non en raison d’une difficulté insurmontable mais parce que quelque chose dans la déclaration des droits de l’homme m’interdit de progresser plus avant dans cette hérésie ludique. Quelque chose dans le paragraphe « Dignité du joueur » ou alors dans l’alinéa « Respect des convictions philosophiques », je ne suis pas certain. Et mes convictions philosophiques m’interdisent de m’adonner à une… chose qui propose trois coups, deux ennemis et aucune arme dans son premier stage (stage qui, d’après ce qu’on dit en ville, devrait au contraire donner l’envie au joueur de continuer à jouer…).
Rien que pour vous, parce que je suis un humaniste qui n’aime pas voir souffrir mes frères humains, voici une brève description du premier stage pour que vous n’ayez pas à le subir vous-même. Jack avance dans une rue mal famée. Un type avec un couteau arrive par la droite. Il faut lui coller un pain quatre fois de suite (au bon moment, sinon c’est lui qui vous en colle un). Puis un voyou armé d’une batte déboule par la gauche. Même tactique. Puis ça devient très complexe : un homme au couteau à droite, un homme à la batte à gauche. Deux fois de suite. Le bon timing à maîtriser est : coup de poing à gauche, déplacement à droite, coup de poing à droite, déplacement à gauche. Quatre fois de suite pour chacun d’eux. Tout simplement fascinant. A ce moment, je sens l’excitation s’emparer de mon corps : on va pouvoir avancer de 15 mètres. Mêmes décors, mais on commence sans transitions par « couteau à droite » et « batte à gauche ». Plusieurs fois de suite. Et on termine par… (roulements de tambour) « deux couteaux à droite » et « deux batte à gauche ». Je retiens mon souffle : le boss va arriver. C’est un « homme à la dynamite » (accompagné de ses plus proches collaborateurs, « Batte » (4 x) et « Couteau » (3x). Mais « Dynamite » est très doux. Un vrai mec flower-power. Si on reste très près de lui, il ne sait plus utiliser ses bombes et ne songe même pas à frapper. Le début du niveau suivant est une école désaffectée et on retrouve, en étouffant un cri de surprise émerveillée, « Couteau », « Batte » et « Dynamite », devenu un simple adversaire…
Vous êtes toujours certain de vouloir y jouer ?
Réalisation technique :
Par où je commence ? Par ces graphismes fades et mornes, par ces décors insipides quand ils ne sont pas tout simplement inexistants ? Par les sprites mal fagotés malgré des mouvements assez réalistes ? Par ces sauts en apesanteur qui ne ressemblent à rien ? Par ces commandes qui répondent quand bon leur semble alors qu’il n’y a que trois malheureux coups différents ou par cette jouabilité binaire et nullarde qui ferait passer Dragon’s Lair pour le summum de l’interactivité ? Peut-être par cette scie musicale funky-bontempi à s’arracher les oreilles d’énervement ? Non, pas le peine de commencer, vous en savez suffisamment…
En bref : 01/20
Tout ce que mérite cette abomination, qui ferait presque passer l’antique Kung-Fu pour la dernière version de King of Fighters, c’est une misérable cote de présence.