Spielberg, en adaptant au cinéma le livre Jurassic Park de Michael Crichton, a connu un formidable succès. Les effets spéciaux montrant d’imposants dinosaures et de voraces monstres avaient ébahi les spectateurs. Le film a ensuite été décliné en de multiples produits dérivés, notamment des jeux vidéo. Jurassic Park II, sur Super Nintendo, ne reprend pas l’histoire du film éponyme, puisque le jeu est sorti avant que la suite au cinéma ne soit envisagée. Dans cet épisode sur la 16 bits, des corporations s’affrontent pour prendre le contrôle de l’île aux dinosaures. En aucun cas des acteurs ou des cinématiques provenant des films ne feront leur apparition. Les scenarii s’avèrent en fait dissociés. Les développeurs ont pris inspiration sur l’ambiance du film pour créer une histoire parallèle.
L’introduction très classe et soignée campe immédiatement l’ambiance. Des troupes de soldats ou de mercenaires descendent en hélicoptère dans une forêt luxuriante. Arme au poing, ils ne demandent qu’à liquider du reptile géant. Cette mise en scène sent le bon jeu d’action, bien bourrin, qui ne nécessite pas un brin de réflexion. Hum ! Un bon massacre en perspective.
Avant de débuter une mission, le chef de l’opération consulte son ordinateur portable et choisit l’objectif à remplir, qui correspond à un niveau. Les stages sont donc sélectionnables dans n’importe quel ordre. Il en résulte qu’il n’y a pas vraiment de stages plus durs que d’autres. Ils présentent tous une difficulté élevée. Pourtant, le héros commence la partie avec 6 armes en poche, dont 2 avec des munitions infinies. Les autres, plus puissantes, voient leurs cartouches diminuer en fonction de leur utilisation. Des chargeurs éparpillés sur le parcours permettent de gagner des munitions. Les flingues sont classiques : il y a des modèles de mitraillettes, de fusils à pompe et de lance-roquettes. Les armes ont une efficacité différente ; certaines tuent plus facilement les bêtes que les hommes protégés par un gilet pare-balles.
L’île contient évidemment nombre de dinosaures. Les vélociraptors présentent le gros du bestiaire et, par leur agilité, sont des adversaires redoutables. D’autres sauriens plus petits peuplent également les lieux et montrent une férocité exacerbée envers les humains. Les gros reptiles tels que le tyrannosaure ou le tricératops font également une apparition, mais en faisant office de boss. Normal en regard de leur taille imposante.
L’île abonde également en hommes armés, obéissant aux ordres de factions diverses qui veulent prendre le contrôle du parc. À la différence des dinos, ils attaquent à distance avec des flingues, des lance-flammes, des grenades et autres armes à feu. Ces ennemis sont forcément moins charismatiques que les monstres venant de la préhistoire. Les éliminer procure donc moins de satisfaction. Néanmoins, comme ils présentent un grand danger, il faut alors obligatoirement se focaliser sur ces personnes et les dégommer rapidement.
Jurassic Park II mêle habilement l’ère de la Préhistoire avec notre époque actuelle. Des dinosaures superbement animés et dessinés se déplacent dans une sombre forêt où les enclos électrifiés ont cédé sous les assauts des bêtes féroces. Ils explorent les souterrains autrefois fréquentés par les scientifiques du parc. Plus loin, un énorme T-Rex poursuit les occupants d’une jeep qui file à toute allure. Ensuite, au milieu d’une plaine, un troupeau de gallimimus gambade au loin, les scrollings différentiels produisant un effet saisissant de profondeur. Les graphismes très fins fournissent une ambiance convaincante dans laquelle des monstres du passé s’opposent à des escouades surarmées. L’animation des sprites, développée et fluide, renforce cette atmosphère et la rend plus crédible. Enfin les musiques, parfaitement en accord avec l’action, nous plongent des millions d’années en arrière. Les cris des bestiaux, très réalistes si l’on peut dire, donneraient presque des frissons dans le dos.
Après avoir détaillé l’environnement, il va falloir remplir sa mission. La difficulté élevée du titre oblige le joueur à avancer petit pas après petit pas, en tâtonnant. Généralement, il se fait vite lacérer quand il tombe dans un piège ou une embuscade. Ensuite, il recommence la mission et, s’il a bien retenu la leçon, il continue jusqu’au prochain piège. La progression est donc saccadée et risque de rebuter les pauvres âmes qui ne raffolent pas de jeux aussi bourrins que difficiles. En effet, mourir tous les 2 mètres n’apporte pas vraiment du plaisir, mais la vengeance ne sera que plus grande !
La maniabilité des personnages permet une prise en main rapide et est presque aussi complète que dans Super Probotector. Les hommes bien musclés peuvent courir, sauter, s’allonger, tirer en biais, grimper aux échelles, se suspendre d’une main et même esquiver une attaque. Malgré toutes ces facultés, l’action reste répétitive. Les protagonistes avancent, tirent, esquivent, puis avancent de nouveau, tirent, esquivent, ainsi de suite. Les stages ne sont pas aussi variés que dans Super Probotector. De plus, l’action est beaucoup moins nerveuse, à cause d’une progression saccadée. Cependant, Jurassic Park II a de quoi séduire. D’abord la réalisation technique est au service d’une ambiance préhistorique remarquable. Ensuite, il est possible de jouer à 2 simultanément. Comme l’aventure est particulièrement difficile, une coopération et une parfaite entente s’imposent.